Le Monde avec AFP Publié le 10 novembre 2018 à 21h13, mis à jour hier à 06h33
Pollution et cancers :
des habitants de
Fos-sur-Mer
portent plainte contre X
En 2017, une étude concluait que
les femmes interrogées dans la zone de l’Etang de Berre avaient trois fois plus
de cancers que la moyenne nationale.
Les cheminées du site de Kem One, à Fos-sur-Mer
(Bouches-du-Rhône). BORIS HORVAT / AFP
Des habitants de la zone industrielle de Fos-sur-Mer
(Bouches-du-Rhône) ont porté plainte contre X vendredi 9 novembre auprès
du tribunal d’Aix-en-Provence pour « mise en danger de la vie d’autrui »
en raison de la pollution qu’ils subissent, a annoncé leur avocate Julie
Andreu. En tout, 134 habitants, six associations et un syndicat, la CFDT des
Métaux Fos, ont déposé une plainte.
« Après la publication
de nombreuses études qui ont révélé une augmentation des maladies des habitants
de la région, une angoisse légitime et compréhensible a poussé un nombre
important de personnes à se joindre à cette plainte », écrivent les plaignants
dans un communiqué.
A de nombreuses reprises, estiment ces habitants d’une des plus
grandes zones industrielles d’Europe, l’Etat a été sollicité et « n’a
pas mis en œuvre les outils indispensables à une véritable évaluation des
risques ». « Las de l’immobilisme des pouvoirs
publics, les associations se sont regroupées pour que la justice se saisisse de
ce problème de santé majeur », concluent-ils.
Trois fois
plus de cancers
Plusieurs entreprises sont directement visées par la plainte
pour ne pas respecter les normes ou les recommandations préfectorales en
matière d’émissions de polluants, comme Esso ou Kem One.
L’Union pour les Entreprises (UPE) des Bouches-du-Rhône a
dénoncé cette action en justice : « les industriels ne sont pas des
assassins ! », a écrit l’UPE dans un communiqué,
demandant à la justice de rejeter la plainte. « Les industriels de l’Etang de Berre
investissent régulièrement depuis de longues années en faveur d’une réduction
de la pollution de l’air », a défendu l’organisation
interprofessionnelle.
En mars 2018, pour la première fois, l’Etat, par le biais
de l’Agence régionale de santé (ARS) avait reconnu que l’état de santé des
habitants de la zone de Fos était « fragilisé » par
la pollution. Un an plus tôt, une étude indépendante baptisée « Fos-Epseal » concluait
que les femmes interrogées dans la zone avaient trois fois plus de cancers que
la moyenne nationale, ou encore que 63 % de l’échantillon interrogé
déclarait une maladie chronique, contre 36 % en France.
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