Le
maire de Martigues
demande
au préfet de suspendre
le Plan de prévention des risques
incendie feux de forêt
Le zonage du Plan de prévention des risques incendie pour Martigues. En rouge, les zones inconstructibles.
Plan préfecture des Bouches-du-RhôneLe zonage du Plan de prévention des risques
incendie pour Martigues. En rouge, les zones inconstructibles. Plan préfecture
des Bouches-du-Rhône
Les élus ont émis un avis
défavorable au plan qui leur a été soumis par les services de l’État. Gaby
Charroux plaide pour une loi d’exception au regard des enjeux territoriaux liés
aux projets de décarbonation dans le Golfe de Fos, qui nécessiteront des milliers
de logements pour les salariés.
Souvenez-vous, dans la nuit du
4 au 5 août 2020, près de 1 000 hectares de pinèdes et deux campings ont été
dévorés par les flammes. Pas étonnant que Martigues ait été identifiée comme
prioritaire, par les services de l’État, pour l’élaboration d’un Plan de
prévention des risques d’incendie de forêt (PPRIF) pour la période 2020-2025.
Seulement voilà, la cartographie établie, essentiellement,
par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ne convient pas à la municipalité qui a donc,
logiquement, émis un avis défavorable, suivie en cela, par tous les élus
d’opposition, lors du dernier conseil municipal.
Pourquoi ? Parce que le zonage
délimitant les secteurs soumis à un risque fort (dont le principe général
relève de l’impossibilité de construire) et un secteur (bleu de divers niveaux)
conditionné à des prescriptions de constructions, révèle que 75% du territoire
martégal est concerné. 4 140 hectares sont classés en zone rouge et 1 000
autres en zones bleues. En zone rouge, on recense 900 logements tandis que 8
800 sont situés en zones bleues.
"D'importantes incohérences" selon la
municipalité
Pour bien comprendre,
rappelons qu’un travail de terrain a été mené conjointement par la DDTM, le
Sdis, la Métropole et les services urbanisme, environnement et espaces verts de
la Ville. Trois réunions thématiques (campings, agriculture et biodiversité)
ainsi que trois réunions publiques se sont déroulées
entre 2021 et 2024.
Réunions pour lesquelles le
maire avait déploré la faible mobilisation des Martégaux, au regard des enjeux
qui se dessinaient. Le plan est aujourd’hui, et jusqu’en juin 2025, soumis
à l’approbation des organismes associés. En émettant un avis défavorable, la
Ville relève "d’importantes incohérences" et les
énumère : la colline Notre-Dame-des-Marins et l’intégralité du quartier
de Canto-Perdrix ont été identifiées comme un massif
boisé, donc avec des zones rouges et bleues.
La municipalité estime, à
l’inverse, que ces secteurs sont "déconnectés" de tout massif
boisé et, qui plus est, ceinturés de zones non concernées par le PPRIF.
Également intégrés dans ces zonages, le site pétrochimique de Lavéra "qui est très peu boisé et dispose
d’importants moyens de défendabilité", selon la municipalité.
La défendabilité fait
référence à la capacité des services de secours à lutter directement contre un
incendie, sous réserve que les points d’eau incendie et les voiries soient dans
un état satisfaisant et opérationnel. La Ville estime également incohérente la
décision de classe la plaine agricole de Saint-Pierre et Saint-Julien dans ces
zonages : "Elle joue un rôle de ralentisseur au passage des
incendies, d’autant que les parcelles communales font l’objet d’un appel à
projets pour être remises en culture."
Des avancées "notables mais insuffisantes"
Le travail technique a donc
été affiné pour intégrer les projets de développement du territoire les plus
avancés. "Des avancées notables mais insuffisantes en ce qu’elles
contreviennent gravement au développement de la commune et obèrent lourdement
les projets d’urbanisation du territoire du Pays de
Martigues, à la lumière de l’ambitieux projet de réindustrialisation porté par
l’État."
La municipalité voit ici "des injonctions
contradictoires émanant de l’État et de ses services".
Les élus émettent également
des réserves quant au règlement de ce plan, considérant qu’il y a lieu de
clarifier, pour les particuliers, ce qui relève des recommandations, ou des
prescriptions. Ainsi, la nécessité de reconstruire à l’identique pourrait s’avérer
longue, coûteuse, voire impossible. La Ville pointe également le renforcement
des obligations légales de débroussaillage "qui ne doit pas se faire au
détriment de la préservation des habitats faunistiques et floristiques".
Une inquiétude qui, soulignons-le, n’a jamais empêché les projets majeurs de
construction, ces derniers parvenant à s’exonérer de cette préservation par le
biais du système des "compensations".
Le maire demande une stratégie globale et
cohérente
La Ville, tout en relevant
"le risque incendie indéniable", ne souhaite donc pas voir
l’évolution du territoire limitée par ce plan de prévention. Gaby Charroux demande donc au préfet de région d’y
surseoir, ainsi qu’à l’ensemble des PPRIF des communes concernées.
Et, pour obtenir un
assouplissement des contraintes, le maire plaide pour l’élaboration d’une loi
d’exception prévoyant la création d’un Établissement public qui serait chargé
de la mise en œuvre d’une stratégie globale et cohérente qui associerait le
Grand Port de Marseille, les villes, les industriels, RTE…
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