La Provence: Pourquoi avoir saisi la ministre?
Eric Diard: Parce que la situation est devenue très préoccupante. Avant, on avait un vilain petit canard qui s'appelait Total sur la zone. Aujourd'hui, malheureusement, les faits se sont déplacés sur le site de Lavéra. Ces dernières semaines, les incidents plus ou moins graves s'y sont succédé. Il me semble que la sécurité sur ce site, un des plus grands d'Europe, n'est plus correctement assurée.
Vous réclamez un audit. Est-ce indispensable?
E.D.: Ce site, à l'heure actuelle, ne remplit plus toutes les conditions de sécurité pour les gens qui y travaillent et pour ceux qui habitent aux alentours. Les syndicats, les employés et les élus sont inquiets et c'est légitime.
Selon vous, quelles sont les causes de ces incidents?
E.D.: Il y a quelques mois, Ineos a expliqué avoir des problèmes de trésorerie et a demandé au ministre de l'Environnement, qu'elle l'autorise à différer certains investissements destinés à réduire de 50% les émissions de dioxyde de soufre et 40% celles des oxydes d'azote. Ils n'ont pas eu cette autorisation. Les syndicats déplorent le manque de personnel sur ces sites, le manque d'entretien aussi. Il ne faudrait pas que les économies de bouts de chandelles aient des conséquences sur les populations et l'environnement.
Concernant les Plans de prévention des risques technologiques (PPRT), les riverains des usines à risques déplorent le fait de devoir payer pour protéger leurs maisons. Qu'en pensez-vous?
E.D.: Pour l'instant, rien n'est figé. Le rôle d'un parlementaire c'est, justement, de faire remonter les problèmes afin d'y remédier. Mais dans ce dossier, chacun doit prendre ses responsabilités car tout le monde en a une: l'Etat, les communes et les industriels. Peut-être que l'Etat aurait dû être plus exigeant, peut-être que telle ou telle municipalité aurait dû prévoir que telle ou telle maison était peut-être trop près d'un site à risque. Ce n'est pas une critique, on ne peut pas réécrire l'histoire. Mais on ne peut pas toujours se défausser sur l'Etat. Il faudra donc que l'on trouve des solutions équitables.
Vous pensez notamment à un effort financier des industriels et, plus particulièrement, de Total à La Mède?
E.D.: Total est une entreprise privée qui fait beaucoup de bénéfices. C'est elle qui les encaisse et pas l'Etat. Dès lors, je considérerais normal que Total participe davantage à ce plan d'aide aux riverains. On ne peut pas toujours se retourner vers l'Etat.
Et la taxe carbone?
E.D.: C'est devenu une nécessité pour sauver notre planète. Peut-être a-t-elle été mal comprise car sa création a peut-être été mal expliquée. Mais nous allons nous rendre sur le terrain pour l'expliquer à nos concitoyens. Et vous verrez, personne ne sera lésé.
Par Stéphane Rossi