mercredi 26 décembre 2018

TOTAL LA Mède ...Suite



Total La Mède: 
le projet de reconversion est-il en danger ?


L'Assemblée nationale vient de retirer l'huile de palme 
de la liste des biocarburants. 
Mettant ainsi fin à l'avantage fiscal 
lié à l'utilisation de cette matière première

Le Sénat se voulait plus modérer en sortant de la liste des biocarburants uniquement les huiles non certifiées durables. Mais l'Assemblée nationale a en décidé autrement.
D'ici 2020, l'huile de palme ne sera plus un biocarburant bénéficiant d'une réduction fiscale.
Un coup dur pour le projet de reconversion du site de Total La Mède qui, sans cet avantage fiscal, voit son budget augmenter d'environ 100 millions d'euros par an. D'autant que la raffinerie est déjà fin prête. Certaines unités ont commencé à fonctionner et les premières gouttes de biocarburant devraient sortir dans les six mois à venir.
Sans compter que l'industriel avait tout misé sur une huile de palme certifiée durable: "L'huile que nous utiliserons proviendra de producteurs adhérents RSPO (organisme de certification à l'origine d'un label environnemental sur l'huile de palme), expliquait, il y a peu, la direction de Total à ses salariés. 
Total a mis en place une équipe dédiée qui s'assurera du respect par l'ensemble de la chaîne logistique des critères de durabilité." Le pétrolier devra sans doute revoir sa copie, mais pour l'heure, la direction préfère faire la sourde oreille. "Dès que nous avons eu connaissance de la décision de l'Assemblée, nous avons demandé à la direction centrale du groupe une réaction. Nous n'avons eu aucune réponse, explique Fabien Cros, secrétaire général CGT de Total La Mède non sans colère. Après les fêtes nous nous ferons entendre s'il le faut." En attendant les réponses sur l'avenir du site, les syndicats ne se disent pas inquiets. "On sait que Total peut développer un projet alternatif en se basant sur des huiles différentes et même des graisses animales, poursuit le secrétaire. Notre seul point d'inquiétude c'est la rentabilité."
L'exploitation va-t-elle être arrêtée ?
À l'origine de ce projet de bioraffinerie, qui a tout de même coûté leurs postes à 200 salariés, Total devait importer 500 000 tonnes par an d'huile de palme.
Mais des investissements supplémentaires pour traiter des huiles végétales brutes, des graisses animales, des huiles alimentaires et résiduelles ont permis de faire baisser ce chiffre à 300 000.
Pas suffisant pour les associations et le député de la 13ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharreville :" ce projet doit être revu. Travailler en économie circulaire avec des huiles usagées collectées est une proposition porteuse, cohérente avec la transition écologique."
De son côté, le milieu associatif est aussi monté au créneau. "Le vrai problème avec cette raffinerie c'est que Total va considérablement augmenter la demande mondiale d'huile de palme", estime Cécile Marchand de l'association Les Amis de la Terre France. 
Cette dernière, avec d'autres associations (France nature environnement, La Ligue de protection des oiseaux...) viennent d'ailleurs de demander au tribunal administratif l'annulation de l'arrêté autorisant Total à poursuivre l'exploitation de la raffinerie de La Mède. "Nous estimons que c'est un mauvais projet en terme de transition énergétique, explique Nathalie Chaudon, directrice de France nature environnement Paca. Le coût environnemental est trop important. On travaille sur le projet de reconversion en essayant d'initier un contrat de transition écologique." Parmi les propositions, celle de fabrication d'hydrogène "vert", un carburant alternatif et moins polluant semble la plus avancée. 
(Reportage réalisé avec Caroline Lips)
Ecoutez les interviews de :
Fabien Cros, secrétaire général CGT La Mède 
Nathalie Chaudon, directrice France nature environnement Paca.

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