mardi 22 juillet 2025

AFFAIRE DE LA Semivim

SYNTHESE DES ARTICLES DES JOURNAUX

 la Provence et blast




LA PROVENCE DU 20/07/2025

Le maire de Martigues Gaby Charroux mis en examen pour favoritisme dans l'affaire de la Semivim, les élus réagissent

Par Stéphane ROSSI srossi@laprovence.com

Publié le 20/07/25 à 18:35 - Mis à jour le 20/07/25 à 18:44


 

Gaby Charroux est mis en examen pour favoritisme dans l'affaire de la Semivim, le bailleur social de la Ville de Martigues.

Photo Pascal Stella

Le parquet de Marseille a bien mis en examen pour "favoritisme" le maire Gaby Charroux le 29 avril dernier dans l'affaire de la Semivim. Dans ce dossier, l'ancienne directrice du patrimoine et son conjoint sont accusés de "corruption", ainsi qu'une ex-élue.

Le 30 juin dernier, dans l'euphorie de l'annonce du plan de financement définitif du contournement autoroutier de Martigues, nous avions interrogé Gaby Charroux, sur une rumeur insistante qui revenait à nos oreilles : sa mise en examen dans l'affaire dite "de la Semivim".

Le maire de Martigues n'avait pas l'air plus surpris que cela. "Oh, les rumeurs, si on les écoutait toutes…", lançait-il alors, avant d'enchaîner : "Et quand bien même, si ça devait arriver, qu'est-ce que cela changerait ? Être mis en examen ne veut pas dire être coupable ?" La discussion, un brin énigmatique, s'était poursuivie mais en l'absence de confirmation judiciaire, que nous avions sollicitée, nous avions préféré attendre, les rumeurs conduisant parfois sur de mauvaises routes.

Et voilà donc que l'on apprend, par une enquête du magazine Blast, que Gaby Charroux a, effectivement, été mis en examen et ce pour "favoritisme" le… 29 avril. Certes, cette qualification ne change rien à la présomption d'innocence qui, bien entendu, s'impose. Nous regrettons, toutefois, que le maire n'ait pas fait preuve de plus de franchise.

"Absence de précautions"

Dans les faits, être mis en examen, lorsque l'on est président d'un bailleur social, la Semivim, et que des personnes ont fauté, est même la conséquence logique d'une enquête judiciaire. Alors, pourquoi, ne pas avoir parlé ?

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"Il y a un temps judiciaire à respecter et nous attendions que les magistrats nous donnent l'autorisation de communiquer", se défend un conseiller de Gaby Charroux qui ajoute que "le maire n'est pas inquiet". Soit. Il devra, néanmoins, s'expliquer sur - et c'est un des chefs de mise en examen - "ne pas avoir pris assez de précautions" lors de sa présidence.

Corruption, harcèlements

L'affaire de la Semivim, c'est quoi ? Un tissu de pratiques douteuses, illégales, où se mêlent corruption et harcèlements au sein du grand bailleur social martégal créé en 1961, dévoilé depuis 2021.

Le nom du maire de Martigues n'apparaît pas, précisons-le, à ce stade de l'enquête, sur les motifs de corruption mis sur pied par l'une de ses élues, décriée depuis longtemps, Patricia Baptiste, directrice du Patrimoine de la Semivim, "figure" du Parti communiste local, et son conjoint Adel Baha, recruté par… Patricia Baptiste. Blast précise qu'en dépit d'un "salaire de 1 800  mensuels, Baha a retiré quelque 300 000  de liquidités entre 2019 et 2020, bénéficié de 100 000  de virements et de voyages dans les DOM-TOM". Lui, est bien accusé de "corruption" mais aussi de "prise illégale d'intérêt et favoritisme".

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Les mêmes qualificatifs que sa compagne. Ils ne sont pas les seuls à intéresser les policiers de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) : deux élus et plusieurs employés sont dans le collimateur de la justice. Sept personnes ont été placées en garde à vue. D'où provient cet argent ?

D'un système de corruption visant à faire payer les entreprises qui collaboraient avec la Semivim. Trois d'entre elles ont déjà plaidé "coupable" en 2023. En janvier 2024, le parquet de Marseille dévoilait qu'elles allaient payer "une Gaby Charroux, ici en 2011, aux côté de Patricia Baptiste, lors d'une signature de convention entre la Ville et la Semivim.amende d'un total de 1,7 million d'euros pour mettre fin aux poursuites". Mais il y en aurait d'autres que les magistrats entendent écouter lors d'un procès, lorsqu'il aura lieu.


Gaby Charroux, ici en 2011, aux côtés de Patricia Baptiste, lors d'une signature de convention entre la Ville et la Semivim. Photo S.Guéroult

 

 

 

Le maire de Martigues, lui, devra dire s'il était au courant de ces pratiques, ce qu'il dément fermement malgré les accusations, réitérées devant les enquêteurs, de certains employés, d'ailleurs mis au ban de la Semivim (des procédures prud'homales sont en cours). Tous indiquent indiquent "l'avoir alerté" à plusieurs reprises.

À chaque fois que nous l'avons interrogé, par le passé, le maire se retranchait derrière "la présomption d'innocence" face aux accusations visant les mis en cause (notamment Patricia Baptiste et Adel Baha). Mais pour les accusés (en dehors du maire) les faisceaux d'indices sont accablants.

Gaby Charroux indique encore aujourd'hui que tout au long des mois passés, il y a eu "beaucoup de contre-vérités". Il aura donc l'occasion de s'exprimer: "J'ai toujours agi avec honnêteté et intégrité, assure-t-il, dans l'intérêt général et pas particulier". Aucune charge d'ailleurs, ne pèse sur lui à ce sujet. Quant à la notion de "favoritisme" dont on l'accuse, il se veut serein. "Je démontrerai mon innocence".

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Deux questions au maire

Êtes-vous serein face à votre mise en examen ?

Cette mise en examen à propos d'un supposé favoritisme était attendu au regard de la procédure et de mon statut de PDG d'alors. La question qui se pose est de savoir si des entreprises locales ont été favorisées ou pas. Le favoritisme tranche définitivement les contres vérités énoncées : Il n'y a jamais eu aucun enrichissement personnel, aucun trafic d'influence, ni corruption, ni contrepartie quelconque.

Elle n'enlève rien à mon innocence. J'ai toujours agi avec honnêteté et intégrité, pour les Martégales et les Martégaux et jamais pour un intérêt particulier. J'exerce ma fonction depuis toujours avec sobriété, sans jamais me faire rémunérer pour diriger une SEM ou obtenir des frais de représentation pourtant autorisés. Quand la procédure me le permettra, je ferai la démonstration de mon innocence à propos du supposé favoritisme.

Quelles sont les actions correctives prises à la Semivim depuis ?

La Semivim a été victime d'une poignée de gens mal intentionnés et ce en dépit des organes de contrôles existants et renforcés depuis, un peu à la manière de pyromanes qui, malgré les patrouilles permanentes dans nos massifs, arrivent à mettre le feu à nos collines, prenant en otage tous les habitants.

Appel à la démission et demande d'explications de la part de l'opposition

Jean-Luc Di Maria "L'heure des comptes a sonné"

"M. Charroux mis en examen : l'heure des comptes a sonné. Nous apprenons par la presse, via un article de Blast que M. Charroux, maire de Martigues, est mis en examen pour favoritisme et prise illégale d'intérêts dans l'affaire de la Semivim. Ce que les Martégaux découvrent aujourd'hui, la justice l'a acté depuis le 29 avril dernier. Trois mois de silence. Trois mois de dissimulation. Trois mois de mensonge. Depuis cette date, un conseil municipal s'est tenu, des rencontres avec les habitants ont eu lieu, des événements publics ont été organisés. Jamais, à aucun moment, M. Charroux n'a jugé utile d'informer la population. Il a sciemment caché la vérité.

Aujourd'hui, la vérité éclate : M. Charroux mentait depuis le début. Martigues mérite mieux. Comment un homme mis en examen pour favoritisme peut-il encore présider aux destinées d'une ville de plus de 50 000 habitants ? Comment peut-il continuer à donner des ordres aux fonctionnaires, à représenter Martigues, à parler au nom de l'intérêt général, alors qu'il cache la vérité depuis des années et manipule l'opinion depuis 2021 ? Je demande solennellement la démission immédiate de M. Charroux de ses fonctions de maire. Et je demande à tous les élus du conseil municipal, quelle que soit leur sensibilité, mais pour qui la probité, la vérité et la transparence sont des principes inaliénables, de se positionner publiquement et de demander à leur tour la démission de M. Charroux."

Frédéric Grimaud, conseiller municipal LFI : "le feu couve à Martigues"

C'est donc par "la petite presse", par un "torchon" comme se plaît le maire à le dire, que les citoyens de cette ville apprennent que leur maire est mis en examen pour favoritisme depuis 3 mois. Un secret bien gardé par la trentaine de conseillers municipaux et que la presse révèle, de manière presque confidentielle, un soir d'incendie. Mais un autre feu couve à Martigues et ses braises pourraient bien enflammer la prochaine campagne des municipales. J'attends donc avec impatience un communiqué de la majorité municipale sur cette mise en examen et pourquoi pas la tenue d'un conseil municipal extraordinaire afin que tous les élus de cette ville soient au même niveau d'information concernant les affaires judiciaires en cours. Et que les citoyens puissent également savoir".

"Une affaire politique" pour Emmanuel Fouquart (RN)

"En 2021, lors d'un conseil municipal, j'avais déclaré que cette affaire était éminemment politique. La mise en examen de Gaby Charroux, Maire et ex-PDG de la Semivim est logique car il ne pouvait pas ignorer les faits. Je rappelle que sa directrice était également membre du bureau du PCF de Martigues. Concernant la proximité du maire et d'Adel Baha, il faut se rappeler des municipales 2020 où Adel Baha, au motif de la création d'une association Martigues Équilibre, financée par des fonds douteux, a fait le tour des quartiers avec Gaby Charroux comme "invité d'honneur". Maintenant, comme tous les Martégaux, j'attends la date de l'audience."

Pour Thierry Boissin (Modem): "Le château rouge vacille"

"À force de trôner trop longtemps, même les statues finissent par se fissurer. Le 29 avril 2025, Gaby Charroux, 83 ans, maire communiste à vie (ou presque), a été mis en examen pour favoritisme. Celui qui aime tant parler de justice sociale est aujourd'hui rattrapé… par la justice tout simplement. En cause ? Sa gestion très personnelle de la Semivim, l'office HLM de Martigues, qu'il préside avec autant de discrétion qu'un camion-benne dans un cloître. Mais ce n'est pas tout. Corruption, prise illégale d'intérêt, embauches de copains/copines, petits arrangements entre amis : voilà ce qui anime les couloirs de la SEM, selon les juges. Une société d'économie mixte ? À Martigues, c'est surtout l'économie de la transparence et le mélange des genres. Retour vers le futur (communiste) : Déjà en 2021-2022, la Semivim avait connu un épisode digne de Netflix : sa directrice de patrimoine et son compagnon mis en examen pour corruption. Virés ? Oui. Mais les pratiques, elles, sont restées. 2026 approche, Et maintenant ? Cette mise en examen tombe comme un pavé dans l'étang de Berre. À quelques mois des élections municipales, les Martégaux découvrent que la ville est gérée comme un club privé sauf qu'on paye tous la cotisation sans avoir les mêmes droits."

"Le Parti Socialiste de Martigues apporte tout son soutien à Gaby Charroux"

Sophie Degioanni, adjointe au maire s'exprime au nom du PS: "Gaby Charroux est un élu respecté, engagé depuis toujours au service de l'intérêt général. Les habitants de Martigues lui ont accordé leur confiance à de nombreuses reprises, en reconnaissance de cette fidélité et de cette constance dans l'action. Nous condamnons avec fermeté les appels à sa démission émanant de l'opposition. Ces prises de position sont iniques : elles bafouent le principe fondamental de la présomption d'innocence qui fonde notre État de droit. Au lieu de respecter le temps judiciaire et de se confronter loyalement aux idées dans le cadre démocratique, certains voient dans cette situation une aubaine électorale, une manœuvre politicienne en vue des prochaines municipales. C'est une attitude indigne, qui abaisse le débat public et révèle une forme de fébrilité face à une majorité municipale solide, unie et soutenue.

Le Parti Socialiste de Martigues renouvelle sa confiance pleine et entière à Gaby Charroux et à son engagement pour notre commune. Depuis près de 30 années, nous travaillons à ses côtés, nous connaissons, au-delà du maire de notre ville dans sa fonction, nous connaissons l'homme, son intégrité et son honnêteté. Nous continuerons à travailler à ses côtés, dans l'intérêt des Martégales et des Martégaux pour faire vivre une gauche unie, responsable et fidèle à ses valeurs."

 

 

INFO BLAST

Le maire de Martigues mis en examen

pour favoritisme

L’enquête pour corruption au sein de la Semivim, bailleur social de la puissante municipalité communiste de Martigues (Bouches-du-Rhône), a fini par atteindre l’édile de 83 ans. Gaby Charroux est poursuivi depuis le 29 avril pour ne pas avoir pris assez de précautions quand il présidait l’Office HLM. Une mise en cause qui se limite à du favoritisme. Un moindre mal alors que s’annoncent les municipales ?

Le secret a été jalousement gardé. Depuis de longues semaines, Gaby Charroux, 83 ans, maire de Martigues, l’un des derniers et historiques bastions du Parti communiste (PC) français dans le sud, a rejoint la longue cohorte des mis en examen dans le dossier de la Semivim, pour favoritisme.

Révélé par Blast en 2021, cette affaire à tiroirs a levé le voile non seulement sur un système de corruption en lien avec le milieu du BTP local, mais également sur des méthodes de management virant au harcèlement et à l’agression des salariés de l’entreprise qui dénoncent ces méthodes.

Au cœur de l’enquête se trouve un couple, soupçonné d’avoir mis en coupe réglée le puissant bailleur social de la municipalité. Lui, Adel Baha, recruté par son épouse malgré un casier judiciaire, a avoué renseigner les entreprises du bâtiment désireuses de remporter des marchés publics auprès de l’office HLM. Des services rémunérés de façon sonnante et trébuchante par des virements sur son compte, ceux de ses associations ou tout bonnement en l’invitant à des séminaires presque tous frais payés en terres exotiques.

Selon les documents judiciaires consultés par Blast, le simple employé, à 1800 euros mensuel, a ainsi retiré près de 300 000 euros en liquide de sa banque entre 2019 et 2020, bénéficié de plus de 100 000 euros de virements sur la même période, ainsi que de voyages dans les DOM-TOM. Il a été mis en examen pour corruption, prise illégale d’intérêt et favoritisme, comme sa compagne.

Cette dernière, Patricia Baptiste, figure du PC martégal, directrice du patrimoine de la Semivim, a profité de la mise en place de ce système, éclaboussant également la directrice générale et deux adjoints au maire, membres du conseil d’administration de la Semivim, tous mis en examen. Même la commission d’appels d’offres a été touchée. L’assistant à la maîtrise d’ouvrage chargé de rédiger les cahiers des charges et de noter les entreprises soumissionnaires a été mis en examen pour favoritisme. Et pour maintenir l’emprise, les employés qui avaient le malheur de s’interroger sur les anomalies détectées étaient brimés.

 Corruption de basse intensité 

Confiées à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), ravi de s’attaquer à ce que ses patrons considéraient comme une « affaire emblématique de corruption de basse intensité », les investigations ont révélé des preuves si accablantes que trois entreprises ont décidé de plaider coupable en 2023. « En fait, le dossier révèle deux étages de corruption, souffle à Blast une source proche de l’enquête. Le premier concerne les grosses boîtes qui ont eu les fonds pour payer les amendes et l’ont fait. Les plus petites n’avaient pas la trésorerie et beaucoup ont depuis de toute façon été liquidées, mais seront quand même renvoyées en procès. C’est une belle affaire et en plus c’est la première convention judiciaire d’intérêt public conclue à Marseille ! »




 

Le maire Gaby Charroux (en chemise bleue) avec Adel Baha (maillot noir) et Patricia Baptiste (chemise verte), lors de la campagne municipale 2020.
Image compte Facebook d’Adel Baha

 

 





Demeurait la question du degré d’information du maire Gaby Charroux, président de la Semivim jusqu’en 2023, à propos des errements de sa directrice du patrimoine et de son compagnon, qui n’ont jamais hésité à jouer de leur proximité avec l’édile communiste. D’autant que de nombreux salariés ont témoigné l’avoir alerté à de nombreuses reprises.

La juge d’instruction en charge du dossier a en partie tranché la question en mettant l’élu en examen le 29 avril dernier pour le seul motif de favoritisme. Sans corruption, prise illégale d’intérêt ou enrichissement personnel. « En fait elle a estimé qu’en raison de son rôle de président de la Semivim, il n’a pas tout mis en œuvre pour faire respecter les règles, à l’occasion d’une commission d’appel d’offres à laquelle il n’a pas participé », détaille une source proche de l’enquête. « Pour ce qui est de la proximité avec Baha, la magistrate a estimé que c’était bien plus une réputation que le couple faisait jouer, plutôt qu’une réalité. » Une appréciation qui fera sans doute encore l’objet de débat lors du procès à venir (1).

Entre-temps, voilà le M. le maire lesté d’un bien encombrant fil à la patte judiciaire, dans une ville où la menace Rassemblement national n’a jamais été aussi

pressante et alors que se profilent en mars 2026, de nouvelles élections municipales.






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