SYNTHESE
DES ARTICLES DES JOURNAUX
la Provence et blast
LA
PROVENCE DU 20/07/2025
Le
maire de Martigues Gaby Charroux mis en examen pour favoritisme dans l'affaire
de la Semivim, les élus réagissent
Par Stéphane ROSSI
srossi@laprovence.com
Publié
le 20/07/25 à 18:35 - Mis à
jour le 20/07/25 à 18:44
Gaby Charroux est mis
en examen pour favoritisme dans l'affaire de la Semivim, le bailleur social de
la Ville de Martigues.
Photo
Pascal Stella
Le
parquet de Marseille a bien mis en examen pour "favoritisme" le maire
Gaby Charroux le 29 avril dernier dans l'affaire de la Semivim. Dans ce
dossier, l'ancienne directrice du patrimoine et son conjoint sont accusés
de "corruption", ainsi qu'une ex-élue.
Le
30 juin dernier, dans l'euphorie de l'annonce du plan de financement définitif
du contournement autoroutier de Martigues, nous avions
interrogé
Gaby Charroux, sur une rumeur insistante qui revenait à
nos oreilles : sa mise en examen dans l'affaire dite "de la Semivim".
Le maire de Martigues n'avait pas
l'air plus surpris que cela. "Oh, les rumeurs, si on les écoutait
toutes…", lançait-il
alors, avant d'enchaîner : "Et quand bien même,
si ça
devait arriver, qu'est-ce que cela changerait ? Être
mis en examen ne veut pas dire être
coupable ?" La discussion, un
brin énigmatique,
s'était
poursuivie mais en l'absence de confirmation judiciaire, que nous avions
sollicitée, nous avions préféré
attendre, les rumeurs conduisant parfois sur de mauvaises routes.
Et
voilà
donc que l'on apprend, par une enquête du magazine Blast, que Gaby Charroux a, effectivement, été
mis en examen et ce pour "favoritisme" le… 29 avril. Certes, cette
qualification ne change rien à la présomption
d'innocence qui, bien entendu, s'impose. Nous regrettons, toutefois, que le
maire n'ait pas fait preuve de plus de franchise.
"Absence
de précautions"
Dans les
faits, être
mis en examen, lorsque l'on est président d'un bailleur
social, la Semivim, et que des personnes ont fauté, est même
la conséquence
logique d'une enquête judiciaire. Alors, pourquoi, ne pas
avoir parlé
?
À lire
aussi : Martigues : nouveau coup de tonnerre dans l'affaire de la Semivim
"Il
y a un temps judiciaire à respecter et nous
attendions que les magistrats nous donnent l'autorisation de communiquer",
se défend
un conseiller de Gaby Charroux qui ajoute que "le maire n'est pas
inquiet". Soit. Il devra, néanmoins, s'expliquer
sur - et c'est un des chefs de mise en examen - "ne pas avoir pris
assez de précautions"
lors de sa présidence.
Corruption, harcèlements…
L'affaire
de la Semivim, c'est quoi ? Un tissu de pratiques douteuses, illégales,
où
se mêlent
corruption et harcèlements au sein du grand bailleur social martégal créé
en 1961, dévoilé depuis 2021.
Le nom du
maire de Martigues n'apparaît pas, précisons-le,
à
ce stade de l'enquête, sur les motifs de corruption mis
sur pied par l'une de ses élues, décriée
depuis longtemps, Patricia Baptiste, directrice du Patrimoine de la Semivim,
"figure" du Parti communiste local, et son conjoint Adel Baha, recruté
par… Patricia Baptiste. Blast précise
qu'en dépit
d'un "salaire de 1 800 €
mensuels, Baha a retiré quelque 300 000 €
de liquidités entre 2019 et 2020,
bénéficié
de 100 000 €
de virements et de voyages dans les DOM-TOM".
Lui, est bien accusé de "corruption" mais aussi
de "prise illégale d'intérêt
et favoritisme".
Les mêmes
qualificatifs que sa compagne. Ils ne sont pas les seuls à
intéresser
les policiers de l'office central de lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales (OCLCIFF) : deux élus
et plusieurs employés sont dans le collimateur de la
justice. Sept personnes ont été placées
en garde à
vue. D'où
provient cet argent ?
D'un système de corruption visant à faire payer les entreprises qui collaboraient avec la Semivim. Trois d'entre elles ont déjà plaidé "coupable" en 2023. En janvier 2024, le parquet de Marseille dévoilait qu'elles allaient payer "une Gaby Charroux, ici en 2011, aux côté de Patricia Baptiste, lors d'une signature de convention entre la Ville et la Semivim.amende d'un total de 1,7 million d'euros pour mettre fin aux poursuites". Mais il y en aurait d'autres que les magistrats entendent écouter lors d'un procès, lorsqu'il aura lieu.
Gaby Charroux, ici en 2011, aux côtés
de Patricia Baptiste, lors d'une signature de convention entre la Ville et la
Semivim. Photo S.Guéroult
Le maire
de Martigues, lui, devra dire s'il était au courant de
ces pratiques, ce qu'il dément fermement malgré
les accusations, réitérées
devant les enquêteurs, de certains employés,
d'ailleurs mis au ban de la Semivim (des procédures
prud'homales sont en cours). Tous indiquent indiquent "l'avoir alerté"
à
plusieurs reprises.
À chaque fois que nous
l'avons interrogé, par le passé,
le maire se retranchait derrière "la présomption
d'innocence" face aux
accusations visant les mis en cause (notamment Patricia Baptiste et Adel Baha).
Mais pour les accusés (en dehors du maire) les faisceaux
d'indices sont accablants.
Gaby
Charroux indique encore aujourd'hui que tout au long des mois passés,
il y a eu "beaucoup de contre-vérités".
Il aura donc l'occasion de s'exprimer: "J'ai toujours agi avec honnêteté
et intégrité, assure-t-il, dans
l'intérêt
général
et pas particulier". Aucune charge
d'ailleurs, ne pèse sur lui à
ce sujet. Quant à la notion de "favoritisme"
dont on l'accuse, il se veut serein. "Je démontrerai
mon innocence".
Deux questions au maire
Êtes-vous serein face à
votre mise en examen ?
Cette
mise en examen à propos d'un supposé
favoritisme était
attendu au regard de la procédure et de mon statut de PDG d'alors.
La question qui se pose est de savoir si des entreprises locales ont été
favorisées
ou pas. Le favoritisme tranche définitivement les
contres vérités
énoncées
: Il n'y a jamais eu aucun enrichissement personnel, aucun trafic d'influence,
ni corruption, ni contrepartie quelconque.
Elle
n'enlève
rien à
mon innocence. J'ai toujours agi avec honnêteté
et intégrité,
pour les Martégales
et les Martégaux
et jamais pour un intérêt particulier.
J'exerce ma fonction depuis toujours avec sobriété,
sans jamais me faire rémunérer pour diriger une
SEM ou obtenir des frais de représentation pourtant
autorisés.
Quand la procédure
me le permettra, je ferai la démonstration de mon innocence à
propos du supposé favoritisme.
Quelles sont les actions
correctives prises à la Semivim depuis ?
La
Semivim a été
victime d'une poignée de gens mal intentionnés
et ce en dépit
des organes de contrôles existants et renforcés
depuis, un peu à la manière de
pyromanes qui, malgré les patrouilles permanentes dans nos
massifs, arrivent à mettre le feu à
nos collines, prenant en otage tous les habitants.
Appel à
la démission
et demande d'explications de la part de l'opposition
Jean-Luc Di Maria "L'heure des comptes a sonné"
"M.
Charroux mis en examen : l'heure des comptes a sonné.
Nous apprenons par la presse, via un article de Blast que M. Charroux, maire de
Martigues, est mis en examen pour favoritisme et prise illégale
d'intérêts
dans l'affaire de la Semivim. Ce que les Martégaux découvrent
aujourd'hui, la justice l'a acté depuis le 29 avril dernier. Trois
mois de silence. Trois mois de dissimulation. Trois mois de mensonge. Depuis
cette date, un conseil municipal s'est tenu, des rencontres avec les habitants
ont eu lieu, des événements publics ont été
organisés.
Jamais, à
aucun moment, M. Charroux n'a jugé utile d'informer la
population. Il a sciemment caché la vérité.
Aujourd'hui,
la vérité
éclate
: M. Charroux mentait depuis le début. Martigues mérite
mieux. Comment un homme mis en examen pour favoritisme peut-il encore présider
aux destinées
d'une ville de plus de 50 000 habitants ? Comment peut-il continuer à
donner des ordres aux fonctionnaires, à représenter
Martigues, à
parler au nom de l'intérêt général,
alors qu'il cache la vérité depuis des années
et manipule l'opinion depuis 2021 ? Je demande solennellement la démission
immédiate
de M. Charroux de ses fonctions de maire. Et je demande à
tous les élus
du conseil municipal, quelle que soit leur sensibilité,
mais pour qui la probité, la vérité
et la transparence sont des principes inaliénables, de se
positionner publiquement et de demander à leur tour la démission
de M. Charroux."
Frédéric
Grimaud, conseiller municipal LFI : "le feu couve à
Martigues"
C'est
donc par "la petite presse", par un "torchon" comme se plaît
le maire à
le dire, que les citoyens de cette ville apprennent que leur maire est mis en
examen pour favoritisme depuis 3 mois. Un secret bien gardé
par la trentaine de conseillers municipaux et que la presse révèle,
de manière
presque confidentielle, un soir d'incendie. Mais un autre feu couve à
Martigues et ses braises pourraient bien enflammer la prochaine campagne des
municipales. J'attends donc avec impatience un communiqué
de la majorité
municipale sur cette mise en examen et pourquoi pas la tenue d'un conseil
municipal extraordinaire afin que tous les élus de cette ville
soient au même
niveau d'information concernant les affaires judiciaires en cours. Et que les
citoyens puissent également savoir".
"Une affaire
politique" pour Emmanuel Fouquart (RN)
"En
2021, lors d'un conseil municipal, j'avais déclaré
que cette affaire était éminemment
politique. La mise en examen de Gaby Charroux, Maire et ex-PDG de la Semivim
est logique car il ne pouvait pas ignorer les faits. Je rappelle que sa
directrice était
également
membre du bureau du PCF de Martigues. Concernant la proximité
du maire et d'Adel Baha, il faut se rappeler des municipales 2020 où
Adel Baha, au motif de la création d'une association Martigues Équilibre,
financée
par des fonds douteux, a fait le tour des quartiers avec Gaby Charroux comme
"invité
d'honneur". Maintenant, comme tous les Martégaux,
j'attends la date de l'audience."
Pour Thierry Boissin
(Modem): "Le château rouge vacille"
"À
force de trôner
trop longtemps, même les statues finissent par se
fissurer. Le 29 avril 2025, Gaby Charroux, 83 ans, maire communiste à
vie (ou presque), a été mis en examen pour
favoritisme. Celui qui aime tant parler de justice sociale est aujourd'hui
rattrapé…
par la justice tout simplement. En cause ? Sa gestion très
personnelle de la Semivim, l'office HLM de Martigues, qu'il préside
avec autant de discrétion qu'un camion-benne dans un cloître.
Mais ce n'est pas tout. Corruption, prise illégale
d'intérêt,
embauches de copains/copines, petits arrangements entre amis : voilà
ce qui anime les couloirs de la SEM, selon les juges. Une société
d'économie
mixte ? À
Martigues, c'est surtout l'économie de la transparence et le mélange
des genres. Retour vers le futur (communiste) : Déjà
en 2021-2022, la Semivim avait connu un épisode digne de
Netflix : sa directrice de patrimoine et son compagnon mis en examen pour
corruption. Virés ? Oui. Mais les pratiques, elles,
sont restées.
2026 approche, Et maintenant ? Cette mise en examen tombe comme un pavé
dans l'étang
de Berre. À
quelques mois des élections municipales, les Martégaux
découvrent
que la ville est gérée comme un club privé
sauf qu'on paye tous la cotisation sans avoir les mêmes
droits."
"Le Parti Socialiste
de Martigues apporte tout son soutien à
Gaby Charroux"
Sophie
Degioanni, adjointe au maire s'exprime au nom du PS: "Gaby Charroux est un
élu
respecté,
engagé
depuis toujours au service de l'intérêt
général.
Les habitants de Martigues lui ont accordé leur confiance à
de nombreuses reprises, en reconnaissance de cette fidélité
et de cette constance dans l'action. Nous condamnons avec fermeté
les appels à
sa démission
émanant
de l'opposition. Ces prises de position sont iniques : elles bafouent le
principe fondamental de la présomption d'innocence qui fonde notre État
de droit. Au lieu de respecter le temps judiciaire et de se confronter
loyalement aux idées dans le cadre démocratique,
certains voient dans cette situation une aubaine électorale,
une manœuvre
politicienne en vue des prochaines municipales. C'est une attitude indigne, qui
abaisse le débat
public et révèle
une forme de fébrilité
face à
une majorité
municipale solide, unie et soutenue.
Le Parti
Socialiste de Martigues renouvelle sa confiance pleine et entière
à
Gaby Charroux et à son engagement pour notre commune.
Depuis près
de 30 années,
nous travaillons à ses côtés,
nous connaissons, au-delà du maire de notre ville dans sa
fonction, nous connaissons l'homme, son intégrité
et son honnêteté.
Nous continuerons à travailler à
ses côtés,
dans l'intérêt
des Martégales
et des Martégaux
pour faire vivre une gauche unie, responsable et fidèle
à
ses valeurs."
INFO
BLAST
Le
maire de Martigues mis en examen
pour
favoritisme
L’enquête pour
corruption au sein de la Semivim, bailleur social de la puissante municipalité
communiste de Martigues (Bouches-du-Rhône), a fini par
atteindre l’édile
de 83 ans. Gaby Charroux est poursuivi depuis le 29 avril pour ne pas avoir
pris assez de précautions quand il présidait
l’Office HLM. Une mise en cause qui se limite à du
favoritisme. Un moindre mal alors que s’annoncent les municipales ?
Le secret a été jalousement
gardé. Depuis de longues semaines, Gaby Charroux, 83 ans, maire de Martigues,
l’un des derniers et historiques bastions du Parti communiste (PC) français
dans le sud, a rejoint la longue cohorte des mis en examen dans le dossier de
la Semivim, pour favoritisme.
Au cœur de l’enquête se trouve
un couple, soupçonné d’avoir mis en coupe réglée le puissant bailleur social de
la municipalité. Lui, Adel Baha, recruté par son épouse malgré un casier
judiciaire, a avoué renseigner les entreprises du bâtiment désireuses de
remporter des marchés publics auprès de l’office HLM. Des services rémunérés de
façon sonnante et trébuchante par des virements sur son compte, ceux de ses
associations ou tout bonnement en l’invitant à des séminaires presque tous
frais payés en terres exotiques.
Selon les documents
judiciaires consultés par Blast, le simple employé, à 1800 euros mensuel, a
ainsi retiré près de 300 000 euros en liquide de sa banque entre 2019 et 2020,
bénéficié de plus de 100 000 euros de virements sur la même période, ainsi que de
voyages dans les DOM-TOM. Il a été mis en examen pour corruption, prise
illégale d’intérêt et favoritisme, comme sa compagne.
Cette dernière, Patricia
Baptiste, figure du PC martégal, directrice du patrimoine de la Semivim, a
profité de la mise en place de ce système, éclaboussant également la directrice
générale et deux adjoints au maire, membres du conseil d’administration de la
Semivim, tous mis en examen. Même la commission d’appels d’offres a été
touchée. L’assistant à la maîtrise d’ouvrage chargé de rédiger les cahiers des
charges et de noter les entreprises soumissionnaires a été mis en examen pour
favoritisme. Et pour maintenir l’emprise, les employés qui avaient le malheur
de s’interroger sur les anomalies détectées étaient brimés.
Corruption de basse intensité
Confiées à l’Office central de
lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales
(OCLCIFF), ravi de s’attaquer à ce que ses patrons considéraient comme une
« affaire emblématique de corruption de basse intensité », les
investigations ont révélé des preuves si accablantes que trois entreprises ont
décidé de plaider coupable en 2023. « En fait, le dossier révèle deux
étages de corruption, souffle à Blast une source proche de l’enquête. Le
premier concerne les grosses boîtes qui ont eu les fonds pour payer les amendes
et l’ont fait. Les plus petites n’avaient pas la trésorerie et beaucoup ont
depuis de toute façon été liquidées, mais seront quand même renvoyées en
procès. C’est une belle affaire et en plus c’est la première
convention judiciaire d’intérêt public conclue à Marseille ! »
Le maire Gaby Charroux (en
chemise bleue) avec Adel Baha (maillot noir) et Patricia Baptiste (chemise
verte), lors de la campagne municipale 2020.
Image compte Facebook d’Adel Baha
Demeurait la question du degré
d’information du maire Gaby Charroux, président de la Semivim jusqu’en 2023, à
propos des errements de sa directrice du patrimoine et de son compagnon, qui
n’ont jamais hésité à jouer de leur proximité avec l’édile communiste. D’autant
que de nombreux salariés ont témoigné l’avoir alerté à de nombreuses reprises.
La juge d’instruction en
charge du dossier a en partie tranché la question en mettant l’élu en examen le
29 avril dernier pour le seul motif de favoritisme. Sans corruption, prise
illégale d’intérêt ou enrichissement personnel. « En fait elle a estimé
qu’en raison de son rôle de président de la Semivim, il n’a pas tout mis en œuvre
pour faire respecter les règles, à l’occasion d’une commission d’appel d’offres
à laquelle il n’a pas participé », détaille une source proche de
l’enquête. « Pour ce qui est de la proximité avec Baha, la magistrate a
estimé que c’était bien plus une réputation que le couple faisait jouer, plutôt
qu’une réalité. » Une appréciation qui fera sans doute encore l’objet
de débat lors du procès à venir (1).
Entre-temps, voilà le M. le
maire lesté d’un bien encombrant fil à la patte judiciaire, dans une ville où
la menace Rassemblement national n’a jamais été aussi
pressante et alors que se profilent en mars 2026, de
nouvelles élections municipales.
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