lundi 16 octobre 2023

Oursins : Les plaisanciers pénalisés

 

 

Oursins :

Les plaisanciers pénalisés

La période de pêche aux oursins va être drastiquement réduite les trois prochaines années, la quantité d’oursins ramassée aussi.

Mais seul le plaisancier sera pénalisé. Les professionnels, eux, ne se voient pas imposer de quotas.

 

Sauver les oursins ? Voilà la bonne blague résumée dans un arrêté en date du 29 septembre dernier, pris par la Direction interrégionale de la mer Méditerranée.

Une blague parce que si tout le monde partage les inquiétudes liées à la raréfaction de l’échinoderme en Méditerranée, force est de constater que sous ses aspects louables, l’arrêté de la Direction interrégionale est très incomplet.

Pour comprendre cette mesure qui va jusqu’à diviser les professionnels de la mer, il faut partir de ce dramatique constat : toutes les études scientifiques alertent sur un risque de disparition de l’oursin et, principalement, de l’oursin comestible.

Ces études, réalisées au moyen de campagnes de comptage sous-marines, comparent, depuis 2017, année après année, la densité des oursins au mètre carré et la présence de juvéniles notamment au sein d’espaces protégés comme le parc marin de la Côte bleue et celui du parc national de Port-Cros.

Sollicitée hier, Marie Bravo-Monin, directrice du parc marin de la Côte bleue, fait état d’une densité

"inférieure à 1 oursin parm² contre 2 à 2,5/m² auparavant". Il n’y a d’ailleurs qu’à mettre un masque et plonger sur la côte littorale allant de Fos-sur-Mer à L’Es taque pour se rendre compte que, même hors saison de récolte, il devient de plus en plus difficile d’apercevoir des oursins.

Parmi les causes probables de cette raréfaction, "l’augmentation de la température de l’eau" ou "la modification du plancton, qui impacte les larves d’oursins" sont citées par les scientifiques. Tout comme le braconnage. "Sur la Côte bleue, le braconnage est devenu un sport national, s’emporte un professionnel qui tient à rester anonyme.

Surtout, les oursinades sont devenues un véritable fléau. Elles pullulent et font partie des vecteurs qui conduisent à amenuiser la ressource car elles sont alimentées aussi par des braconniers."

La pêche professionnelle, elle, n’est pas citée dans cet arrêté. Or, un pêcheur, autorisé à plonger en bouteilles « ils sont une dizaine sur les quartiers de Martigues et de Marseille » par le Comité régional des pêches, n’a aucune limite de quota imposé durant la saison. Alors que le plaisancier, lui, doit se contenter, en apnée, de quatre douzaines par jour et par plongeur. Selon nos informations, certains pêcheurs ont milité pour une introduction d’un contingent au sein même de la profession. Mais ils n’ont pas été écoutés. Conséquence, les pêcheurs amateurs devront se serrer la ceinture puisque les quantités désormais autorisées à la récolte sont divisées par deux. Alors qu’elles ne changent pas pour les professionnels.

Seule la période de pêchement dos à dos professionnels et plaisanciers : pour les trois prochaines saisons, elle ouvrira Mi-décembre pour se terminer mi-février pour les Bouches-du-Rhône et le Var (jusqu’au 15 avril pour les Alpes-Maritimes) alors que jusqu’à présent, la pêche était possible du 1er novembre jusqu’au 15 avril.

Là encore, on relèvera que la période de restriction évite avec beaucoup de diplomatie les mois de janvier et février, celle, justement choisie pour l’organisation des oursinades autour desquelles une importante économie s’est développée comme à Carry-le-Rouet (les oursinades "historiques"). Depuis par Sausset les Pins, Istres, Fos-sur-Mer, Manosque… ont embrayé le pas de leur voisine.

Or, ces oursinades sont alimentées notamment, par les pêcheurs du quartier de Marseille -que nous n’avons pas réussi à contacter hier - et qui seraient à l’origine de cet arrêté. "Supprimer les oursinades permettrait de régler une partie du problème, tranche un autre pêcheur. La limite des quotas pour les plaisanciers, c’est vraiment une broutille qui va pénaliser des gens respectueux. Le braconnier lui, continuera à ramasser des centaines d’oursins, quota ou pas quota".

Le professionnel également...

Stéphane ROSSI

 

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