samedi 4 octobre 2025

Abattage d'arbres à Martigues

 

 

Abattage d'arbres à Martigues le long de l'A55 : "J'aurais préféré un incendie",

Des habitants vent debout

 

Depuis une dizaine de jours, les habitants de Martigues, qui n’ont reçu aucune explication, assistent à la destruction des espaces boisés qui les protégeaient des nuisances sonores engendrées par l’autoroute toute proche.

"Elle porte bien son nom maintenant, la Gueule d’Enfer !" Ça, c’est Charly Ottavi qui le dit. Il habite au Pati, à quelques encablures de cette impasse qui doit son drôle de nom, explique-t-il, à une ancienne léproserie, nichée autrefois dans le creux des collines. Depuis une dizaine de jours, les lieux sont confrontés à un nouveau fléau : l’autoroute. Ou plutôt, au déboisement radical des grands pins qui la bordaient et protégeaient les habitants du bruit.

Les pins bordant l’A55 à la sortie de Martigues, autour de la Gueule d’Enfer, ont été rasés sans qu’aucune explication ne soit fournie aux riverains ni à la Ville.

Jeudi 2 octobre au matin, devant l’impasse de la Gueule d’Enfer, un grand camion broyeur avalait les troncs fraîchement coupés. "Vous n’avez pas le droit d’être là !" crie au chauffeur Véronique Trinquigneaux, ulcérée. Elle vit ici avec son époux Philippe depuis 26 ans. "Il faut les empêcher de continuer !" s’exclame-t-elle dans la foulée. Pendant ce temps, des policiers municipaux constatent la situation et s’empressent de rentrer faire leur rapport. Ni les habitants, ni la municipalité n’ont été prévenus de ce déboisement, mené par les services de l’État en parallèle des travaux de la bretelle d’accès numéro 2 à l’A55, en direction de Marseille, visant à remplacer les murs de gabion (des murs grillagés remplis de blocs de pierre) par des murs de soutènement en béton. Seulement, le déboisement dépasse largement le secteur. De part et d’autre du pont autoroutier enjambant l’ancienne route de Marseille, tout a été rasé. Allée des Frères Honnorat Et Tarditi, la terre a été mise à nu, de même que sur le talus autrefois densément boisé entre l’autoroute et l’entrée de Martigues, juste en face, côté étang.

Les pins bordant l’A55 à la sortie de Martigues, autour de la Gueule d’Enfer, ont été rasés sans qu’aucune explication ne soit fournie aux riverains ni à la Ville.

"On est comme dans un sandwich ici, fulmine Jean-Marc Mauchauffée, habitant du Pati mais aussi responsable de Génération Ecologie pour l’Ouest de l’étang de Berre. Côté colline, on est soumis au PPRIF ; de l’autre, l’autoroute apparaît au grand jour. Ce qui était un quartier recherché, paisible, verdoyant, ça devient un merdier. Les gens ont l’autoroute dans leur maison !" Philippe Trinquigneaux confirme.

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"On a senti la différence de suite. Le bruit de l’autoroute est bien plus fort. Avant, c’était quand le mistral soufflait, maintenant, c’est tout le temps. En plus, le revêtement sur ce tronçon est l’un des plus bruyants, et les gens ne respectent pas les limitations de vitesse. Les voisins se demandent s’ils ne vont pas quitter le quartier. Moi, j’aurais dix ans de moins, je partirais…" Pendant ce temps, le broyeur continue de réduire en poussière les grands pins entassés au bord de la route, dans un boucan assourdissant. "On ne comprend pas ce qu’il se passe. J’aurais préféré un incendie, que ça brûle, au moins ça aurait été involontaire", surenchérit Charly Ottavi.

"Une catastrophe humaine et environnementale"

Et Jean-Marc Mauchauffée d’exposer : "Ces arbres étaient cinquantenaires, certains centenaires : il n’y a plus rien. Combien de centaines ont été coupées ? Un arbre, ça fait respirer quatre personnes. Ça atténue aussi les canicules : après ça, il faudra se bagarrer pour mettre deux arbres en ville contre les îlots de chaleur ? Et les racines, ça retient la terre : si on a un nouveau déluge comme il y a dix jours, ça va glisser et c’est encore les habitants qui vivent à côté qui en paieront le prix. C’est une catastrophe humaine, écologique, environnementale, et économique : les maisons ont perdu plus de 10% de leur valeur."

Aucune information n’ayant été fournie, personne ne sait jusqu’où s’étendra le carnage. Lors du conseil de quartier de Jonquières-Sud de mardi soir, les services municipaux ont confirmé que les abords de l’A55 étaient voués à être déboisés jusqu’à la sortie de Carry-le-Rouet… La justification évoquée jusqu’à présent (lire ci après) ? La sécurité incendie des bords de l’autoroute.

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La préfecture invoque les obligations de débroussaillement

La préfecture confirme que "ces travaux ont été réalisés dans le cadre des obligations légales de débroussaillement [...] Pour l'A55, comme pour l'ensemble des abords autoroutiers des Bouches-du-Rhône, les OLD imposent de maintenir une zone débroussaillée sur 20 mètres de part et d'autre de l'autoroute dans les secteurs identifiés comme "massifs boisés" ou zones à risque." Ce qui est le cas de ce secteur de l'A55. La préfecture ajoute par ailleurs que "ces coupes ont été réalisées dans le cadre de la mutualisation de travaux sur l'A55, la bretelle d'entrée vers Marseille qui a fait l'objet d'une information globale auprès de la mairie de Martigues". Expliquant que la responsabilité du débroussaillement incombe à la Dir-Méditerranée, elle affirme encore : "Aucun déboisement systématique n'a été entrepris sur cette zone."

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