"C’est
Total qui doit payer" : 
À La Mède, le
Plan de prévention du risque technologique 
Inquiète les
riverains
Seul risque retenu par le
PPRT : le risque de surpression, c’est-à-dire d’explosion. Les travaux se
concentreront donc sur les vitres et les menuiseries des maisons concernées par
le plan.
 PHOTO N.P.
Châteauneuf-les-Martigues - Martigues
La réunion d’information sur la mise en œuvre des travaux
dans le cadre du plan de prévention du risque technologique de Total La Mède a
été le théâtre d’une vive contestation : si les travaux seront financés à
100%, les habitants devront avancer 40% de la facture.
L’ambiance n’est pas restée sereine bien
longtemps, mardi soir, dans la salle des fêtes de la Mède. La foule s’y était
pressée pour assister à une réunion publique présentant le prestataire qui sera
chargé d’accompagner les riverains dans les travaux qu’ils devront réaliser
dans le cadre du plan de prévention du risque technologique de Total La Mède. Ce PPRT concerne 600 logements à cheval sur
les communes de Châteauneuf-les-Martigues et de Martigues, et ne retient qu’un seul risque
technologique : le risque de surpression, c’est-à-dire d’explosion.
Sur ce point, les habitants étaient déjà
bien au courant : le PPRT actuel a été approuvé en 2023. Concernant
les travaux de mise aux normes des logements, au cœur de la réunion publique,
chaque cas sera un cas particulier, en fonction de l’orientation du bâtiment,
de sa position par rapport à l’usine, de son environnement proche… Raison pour
laquelle un prestataire d’accompagnement, le bureau d’études Urbanis, est
mandaté par la Métropole. Il pourra réaliser, gratuitement, un diagnostic afin
de déterminer les travaux à réaliser, estimer leur prix, vérifier des devis.
"Les maisons étaient là avant l’usine"
Le danger avec le souffle d’une
explosion, c’est essentiellement le verre brisé et projeté. Le diagnostic se
penchera donc surtout sur les parois vitrées, les vitres elles-mêmes, les
menuiseries. Mathieu Duroux, chef de projet chez Urbanis, détaille :
"Dans ce type de PPRT, les principaux travaux prescrits, c’est la mise
en place de films anti explosion sur l’intérieur du vitrage, le remplacement
des châssis ou du vitrage, et éventuellement la modification du système
d’ouverture, selon les cas. Par exemple, certaines ouvertures coulissantes ne
seront pas autorisées dans tous les secteurs. Potentiellement, sur certains
logements, on pourra être amenés à réaliser un diagnostic plus complet sur les
murs et la toiture, mais il y a très peu de logements concernés."
Jusqu’en 2034, les travaux -jusqu’à
20 000 €, Urbanis assurant que seuls quelques cas particuliers
pourraient être susceptibles d’atteindre ou dépasser cette somme - seront pris en charge à 100% par la Région, le Département,
la Métropole, Total Énergie… Mais 40% seront financés sous forme de crédit
d’impôt par les particuliers eux-mêmes. La représentante de la DDTM, Zaliata
Ahamada, a eu beau rappeler aux riverains que "cette somme vous sera
remboursée", la colère gronde.
"Baisser la taxe foncière pour compenser"
"Il faut les avancer !"
crie l’un ; "C’est Total qui doit payer ! lance un
autre. Les maisons étaient là avant l’usine, il y a eu des explosions,
et ils font du profit non ?" Beaucoup de participants
regrettaient d’ailleurs qu’aucun représentant de l’exploitant ne soit présent à
cette réunion publique.
Un homme s’enquiert de l’avenir de sa
véranda. "C’est un cas spécifique, selon l’orientation on est sur les
projets les plus onéreux, ça peut aller jusqu’au démontage de la véranda",
annonce Mathieu Duroux. "Si y’a plus de véranda, c’est sûr, y’a plus de
danger", reprend l’homme. "D’où l’importance du diagnostic,
votre véranda est peut-être sur le côté le moins exposé", ajoute la
représentante de la DDTM.
Les voix ne tardent pas à se tourner vers le maire, Roland Mouren,
lui demandant de baisser la taxe foncière à la Mède en compensation, les autres
Châteauneuvais ne vivant pas avec le même risque : "J’ai une
commune, je dois avoir le même taux partout. Après, baisser je veux bien, mais
déjà que je me bats pour ne pas l’augmenter…"
"Et pourquoi on ne se réunirait
pas tous dans un comité contre le PPRT, avec le maire qui nous aide ?",
propose un riverain véhément. "Les coups d’épée dans l’eau, ce n’est
pas mon truc, rétorque Roland Mouren. Il y a une loi. Pour faire ce
genre de choses, c’est un peu tard. Ceci dit, en 2014, on s’est battus
pour arriver à un financement à 100%. Ça n’a pas été évident. Beaucoup
d’endroits ne l’ont pas eu." Entre éclats de voix et mines dépitées,
peu à peu, la salle se vide. Avec cette conclusion sur toutes les bouches,
qu’une vieille Médéenne répète : "L’usine a fait du bénéfice ici.
Ce qui manquait ce soir, c’était quelqu’un de Total."
 
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