dimanche 26 octobre 2025

"C’est Total qui doit payer" :

 

"C’est Total qui doit payer" :

À La Mède, le Plan de prévention du risque technologique

Inquiète les riverains

Seul risque retenu par le PPRT : le risque de surpression, c’est-à-dire d’explosion. Les travaux se concentreront donc sur les vitres et les menuiseries des maisons concernées par le plan.

 PHOTO N.P.

Châteauneuf-les-Martigues - Martigues

La réunion d’information sur la mise en œuvre des travaux dans le cadre du plan de prévention du risque technologique de Total La Mède a été le théâtre d’une vive contestation : si les travaux seront financés à 100%, les habitants devront avancer 40% de la facture.

L’ambiance n’est pas restée sereine bien longtemps, mardi soir, dans la salle des fêtes de la Mède. La foule s’y était pressée pour assister à une réunion publique présentant le prestataire qui sera chargé d’accompagner les riverains dans les travaux qu’ils devront réaliser dans le cadre du plan de prévention du risque technologique de Total La Mède. Ce PPRT concerne 600 logements à cheval sur les communes de Châteauneuf-les-Martigues et de Martigues, et ne retient qu’un seul risque technologique : le risque de surpression, c’est-à-dire d’explosion.

Sur ce point, les habitants étaient déjà bien au courant : le PPRT actuel a été approuvé en 2023. Concernant les travaux de mise aux normes des logements, au cœur de la réunion publique, chaque cas sera un cas particulier, en fonction de l’orientation du bâtiment, de sa position par rapport à l’usine, de son environnement proche… Raison pour laquelle un prestataire d’accompagnement, le bureau d’études Urbanis, est mandaté par la Métropole. Il pourra réaliser, gratuitement, un diagnostic afin de déterminer les travaux à réaliser, estimer leur prix, vérifier des devis.

"Les maisons étaient là avant l’usine"

Le danger avec le souffle d’une explosion, c’est essentiellement le verre brisé et projeté. Le diagnostic se penchera donc surtout sur les parois vitrées, les vitres elles-mêmes, les menuiseries. Mathieu Duroux, chef de projet chez Urbanis, détaille : "Dans ce type de PPRT, les principaux travaux prescrits, c’est la mise en place de films anti explosion sur l’intérieur du vitrage, le remplacement des châssis ou du vitrage, et éventuellement la modification du système d’ouverture, selon les cas. Par exemple, certaines ouvertures coulissantes ne seront pas autorisées dans tous les secteurs. Potentiellement, sur certains logements, on pourra être amenés à réaliser un diagnostic plus complet sur les murs et la toiture, mais il y a très peu de logements concernés."

Jusqu’en 2034, les travaux -jusqu’à 20 000 €, Urbanis assurant que seuls quelques cas particuliers pourraient être susceptibles d’atteindre ou dépasser cette somme - seront pris en charge à 100% par la Région, le Département, la Métropole, Total Énergie… Mais 40% seront financés sous forme de crédit d’impôt par les particuliers eux-mêmes. La représentante de la DDTM, Zaliata Ahamada, a eu beau rappeler aux riverains que "cette somme vous sera remboursée", la colère gronde.

"Baisser la taxe foncière pour compenser"

"Il faut les avancer !" crie l’un ; "C’est Total qui doit payer ! lance un autre. Les maisons étaient là avant l’usine, il y a eu des explosions, et ils font du profit non ?" Beaucoup de participants regrettaient d’ailleurs qu’aucun représentant de l’exploitant ne soit présent à cette réunion publique.

Un homme s’enquiert de l’avenir de sa véranda. "C’est un cas spécifique, selon l’orientation on est sur les projets les plus onéreux, ça peut aller jusqu’au démontage de la véranda", annonce Mathieu Duroux. "Si y’a plus de véranda, c’est sûr, y’a plus de danger", reprend l’homme. "D’où l’importance du diagnostic, votre véranda est peut-être sur le côté le moins exposé", ajoute la représentante de la DDTM.

Les voix ne tardent pas à se tourner vers le maire, Roland Mouren, lui demandant de baisser la taxe foncière à la Mède en compensation, les autres Châteauneuvais ne vivant pas avec le même risque : "J’ai une commune, je dois avoir le même taux partout. Après, baisser je veux bien, mais déjà que je me bats pour ne pas l’augmenter…"

"Et pourquoi on ne se réunirait pas tous dans un comité contre le PPRT, avec le maire qui nous aide ?", propose un riverain véhément. "Les coups d’épée dans l’eau, ce n’est pas mon truc, rétorque Roland Mouren. Il y a une loi. Pour faire ce genre de choses, c’est un peu tard. Ceci dit, en 2014, on s’est battus pour arriver à un financement à 100%. Ça n’a pas été évident. Beaucoup d’endroits ne l’ont pas eu." Entre éclats de voix et mines dépitées, peu à peu, la salle se vide. Avec cette conclusion sur toutes les bouches, qu’une vieille Médéenne répète : "L’usine a fait du bénéfice ici. Ce qui manquait ce soir, c’était quelqu’un de Total."

 

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