Martigues Santé
La mise au point
du directeur de l'hôpital de Martigues
Sur le rapport
de la Chambre régionale des comptes
Après la publication du rapport de la Chambre régionale des comptes
sur le Centre Hospitalier de Martigues, pointant des difficultés financières et
des irrégularités de rémunération, le directeur, Loïc Mondoloni, souhaite
répondre publiquement et rassurer le personnel comme les patients.
Le dernier rapport de la Chambre
régionale des comptes se base-t-il sur un projet qui n'est plus d'actualité ?
Loïc Mondoloni
Un rapport de la Chambre régionale des
comptes ne porte pas sur un projet. Un rapport de chambre régionale des comptes
porte sur une période de gestion qui, en l'occurrence, était la période
2019-2023, c'est à dire cinq années durant lesquelles beaucoup de choses se
sont passées. Il y a eu le COVID, des directeurs se sont succédé, des équipes
médicales aussi ont changé au sein de l'établissement. Donc, beaucoup
d'événements qui se sont réalisés et qui ont été remis en perspective par les
magistrats.
Et donc, à présent, le projet est différent, il a évolué
?
L.M.
S'il s'agit d'évoquer la question du
projet immobilier, il y en a eu un qui a été effectivement déposé auprès des
services de l'Agence régionale de santé par l'établissement en 2019, qui
portait sur la modernisation hôtelière, les chambres à un lit, la réhabilitation
du bloc opératoire et le transfert des secteurs logistiques et du stationnement
sur le terrain du collège Marcel Pagnol.
Depuis lors, beaucoup de choses ont
changé. Le terrain du collège Marcel Pagnol, à priori, on ne devrait pas en
avoir la disponibilité avant 2029 - 2030. Le bloc opératoire ne peut pas être
réhabilité tel qu'il est aujourd'hui. Et surtout, nous avons des urgences qui
sont aussi sous dimensionnées, qu'il faut pouvoir reconstruire intégralement.
Il a fallu donc rediscuter les contours d'un premier projet, ce qui a nécessité
une grosse mobilisation des équipes médicales pour s'accorder sur la façon dont
l'hôpital doit évoluer
Et puis, l'environnement de l'hôpital évolue et les perspectives
d'avenir ne sont plus les mêmes qu'il y a quelques années.
L.M.
L’Environnement évolue beaucoup. Trois
éléments que je pourrais citer à ce niveau-là. Le premier, ce sont les
problématiques d'accès aux soins que nous pouvons connaître aujourd'hui comme :
de moins en moins de médecins traitants, de médecins généralistes... C'est ce
qui fait que l'hôpital bénéficie d'une forme d'attractivité qui est heureuse
par certains côtés et de l'autre qui le conduit aussi à répondre à des besoins
de santé qui sont croissants pour des populations qui cherchent à être
soignées. Il faut donc que l'hôpital de Martigues soit au rendez-vous.
Le deuxième élément qui a dû être pris
en compte, c'est la fermeture de l'activité de chirurgie de la clinique de
l'Olivier à Istres, en 2023, et qui a fait que nous avons davantage d'urgences
chirurgicales à prendre en charge la nuit et les week-ends en particulier.
Donc, l'impact sur le nombre de lits et le nombre d'interventions que nous
réalisons.
Et puis le troisième point qui n'est pas
des moindres, c'est le développement industriel du golfe de Fos-sur-Mer,
puisque l'arrivée potentielle de dix mille salariés et de leurs familles est un
facteur extrêmement important à prendre en compte pour savoir jusqu'à quel
point l'hôpital doit évoluer.
(Interview, images et montage
: Rémy Reponty pour Maritima Médias.)
Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui à la Chambre
régionale des comptes ?
L.M.
Je dis à la Chambre régionale des
comptes, tout d'abord, bien sûr, il y a un rapport qui est produit, que je dois
prendre en considération, puisque c'est une période de gestion, et les comptes
ne mentent pas. Donc, ça, c'est un élément qui est à prendre en considération
de façon significative. Quand il y a une remarque qui porte sur les hésitations
qui ont été celles de l'établissement pour savoir quel était le projet
immobilier adapté qu'il fallait proposer aux services de l'ARS, ce travail a
été fait. Pour savoir si, effectivement, le projet est viable économiquement, s’il
permettait d’améliorer la situation financière de l’hôpital, nous y avons
travaillé au cours de l’année 2025 et le rapport serait déjà produit. Et enfin,
bien entendu que chacun est très attentif à la bonne utilisation des deniers
publics. Si un projet immobilier a plusieurs dizaines de millions d'euros est
validé, il s'agira bien entendu d'améliorer la situation budgétaire et financière
de l'hôpital.
Sur l'immobilier, vous allez devoir faire des choix ?
L.M.
Nous avons fait des choix puisqu'en fait
plusieurs projets pouvaient s'envisager. Nous pouvions envisager un projet
permettant d'avoir un bâtiment comprenant un ensemble de secteurs de
consultation. Nous pouvions rester sur le projet initial qui était d'avoir des
chambres à un lit, ce qui aurait posé une question de dimensionnement, par
ailleurs, du plateau technique. Ou avoir un projet permettant de reconstruire
nos urgences, notre bloc opératoire et nos soins critiques.
Nous avons associé toute la communauté
médicale de l'hôpital pour savoir quelle était la meilleure option à court
terme pour avoir un projet qui permette à notre hôpital d'évoluer. C'est
l'option permettant d'avoir un bâtiment médico-technique, des nouvelles
urgences, un nouveau bloc opératoire et une réanimation et des soins intensifs
qui soient dans des secteurs aux normes et adaptées. Ce projet-là a été
privilégié parce qu'il répond aux besoins de la population, au développement
industriel et aux possibilités, ensuite, de maintenir le nombre de lits et
places au sein de l'établissement.
C'est ce projet qui a été proposé à
l'ARS en décembre 2024, qui nous a donné un avis favorable. Ce qui veut dire
que derrière, nous pouvions envisager de le poursuivre pour l'approfondir et
avoir une trajectoire économique que nous pouvions travailler et à partir de
là, l'arrêter. Et le dernier projet a été présenté le mois dernier pour avoir,
nous l'espérons, une décision d'ici la fin de cette année 2025.
Donc, en fait, ce rapport de la Chambre régionale des
comptes, il a un train de retard. Est ce qu'il est nul et non avenu aujourd'hui
?
L.M.
Un rapport de la Chambre régionale des
comptes. c'est une photographie sur une période donnée d'une situation
économique et financière dans un hôpital. Il y a un certain nombre de mesures
ou d'éléments qui sont indiqués dans le rapport sur des problématiques de
réglementation, de gestion budgétaire et financière, de soutenabilité de
certains projets d'investissement qui sont encore d'actualité aujourd'hui et
qui continueront à l'être demain.
Cela nous permet aussi d'asseoir la
stratégie de l'établissement. Ensuite, ce n'est pas parce qu'il y a eu un
rapport de la Chambre régionale des comptes que, d'ores et déjà, des choses
n'étaient pas enclenchées au sein de l'établissement, notamment en termes de
retour à la réglementation sur les rémunérations et les statuts. Et, et
heureusement d'ailleurs, il y a une vie après les rapports de la Chambre
régionale des comptes qui, une fois encore, portait sur la période 2019-2023.
Nous sommes quasiment à la fin de l'année 2025.
Et puis, vous avez obtenu une certification. Vous pouvez
préciser, s'il vous plaît ?
L.M.
La certification de la Haute Autorité de santé. C'est une démarche qui a lieu au sein des établissements de santé tous les 4 à 5 ans. Et en fait, cette démarche, elle a vocation à évaluer la qualité des soins qui sont dispensés dans un hôpital. Notre établissement a été certifié en avril 2024 avec une qualité des soins qui est confirmée. Ce qui veut donc dire qu'au-delà de toutes les problématiques de locaux, d'organisation, de gestion du quotidien... un patient qui est pris en charge à l'hôpital de Martigues, est pris en charge par des professionnels de très grande qualité et qui pratiquent des soins de très grande qualité, avec un grand professionnalisme aussi. Et ça, c'est important de pouvoir le rappeler.
Loïc Mondoloni, le directeur du Centre Hospitalier de Martigues, dans
son bureau, ce vendredi 31 octobre 2025. - Photo : ©Fred Munos.
Quand l'hôpital va-t-il évoluer, changer ?
L.M.
L’Hôpital change déjà. En fait, on se
focalise beaucoup sur le site des Rayettes, mais je tiens préalablement à
rappeler que nous avons le site du Vallon, avec à l'intérieur des services de
gériatrie et de psychiatrie, qui est en pleine transformation puisqu'à la fin
de cette année 2025, tous les secteurs de gériatrie du Vallon seront
intégralement rénovés. Et, les services de psychiatrie ont leurs travaux qui
commencent en ce moment, pour que la totalité des unités soient intégralement
réhabilitées et ouvertes au début de l'année 2027.
Nous engageons quand même plus de 8
millions d'euros pour une rénovation complète du site du Vallon. C'est donc
dire qu'on est quand même dans un hôpital qui investit de la même façon qu'au
cours des années 2022 - 2023. Nous avons refait tout le plateau technique
d'imagerie, nous avons eu un deuxième scanner et tous ces projets-là ont pu
être réalisés avec la participation de l'Agence régionale de santé, du Conseil
régional et de la ville de Martigues.
Maintenant, pour le site des Rayettes,
si l'opération est validée, cela permettra d'engager les travaux de façon
concrète en 2029 pour une durée approximative de deux ans, pour la partie
construite, et un an de plus pour une petite partie qui serait encore
réhabilitée.
Validation par l'ARS. On a une date ?
L.M.
Nous avons déposé un dossier le 17
octobre exactement. Ensuite, il y a une instance de l'ARS qui doit se réunir
pour évaluer, savoir si effectivement les critères de soutenabilité financière
et économique sont remplis. Donc il y aura peut-être des allers et retours mais
l'objectif ce serait que, nous l'espérons, nous ayons une validation en fin
d'année 2025.
Qu'en est il de ces rémunérations qui sont pointées du
doigt par la Chambre régionale des comptes ?
L.M.
Dans le rapport de la Chambre régionale
des comptes des éléments de rémunération qui ont été versés, alors, jamais pour
contourner la bonne utilisation des deniers publics, mais essentiellement pour
pouvoir avoir des possibilités d'attractivité à des instants précis et dans
certaines spécialités médicales, lorsqu'on était en difficulté ou pendant la
période du COVID. La plupart de ces éléments de rémunération ont cessé en 2022
et 2023, à tel point que nous avons, en plus du rapport de la Chambre régionale
des comptes, reçu une lettre de la Cour des comptes, datée du 8 octobre 2025,
qui considère que le phénomène conjoncturel qui a conduit à ces irrégularités
potentielles et à la décision de la part de la direction actuelle d'avoir
arrêté ces irrégularités permettent de classer l'affaire définitivement et de
n'engager la responsabilité de personne, ni même de demander de remboursement à
qui que ce soit.
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