Martigues : la voie verte de
Carro aurait détruit des espèces protégées
Lu dans la
Provence Lundi 14/08/2017 à 10H03
une association de botanistes dénonce
le tracé qui, par endroits, ne respecte pas 3 m de large
Depuis
l'incendie, beaucoup de petites fleurs protégées ont disparu...
En octobre
dernier, la Ville de Martigues a inauguré la voie verte qui chemine de Carro
aux Laurons. Depuis, malheureusement, le terrible incendie de Carro, cette voie
n'a plus rien de "verte".
Cette balade
avait néanmoins très largement trouvé son public puisque le "petit"
chemin se mue quasiment en boulevard le week-end. À pied, en marchant ou en
courant, à vélo, petits et grands l'ont adopté. Las, cette promenade ne fait
pas l'unanimité. La Société linnéenne de Provence, basée à Marseille, bien
avant l'épisode de l'incendie, s'était émue de la largeur du tracé qui ne
respecterait pas l'environnement.
Et de
s'interroger même sur sa légalité.
Trop large par endroits
Pour
mémoire, la voie verte a été tracée sur l'ancien sentier du littoral. Un
aménagement qui avait nécessité des travaux de terrassement sur 3 mètres.
"Sauf que, par endroits, s'agace Jean-Claude Mouraille, trésorier
de la Linnéenne de Provence, le chemin fait presque 5 mètres de large !"
Un crève-coeur pour les membres de cette association qui parcourent la région
pour effectuer des relevés botaniques. "Il n'a donc pas été tenu compte
des fleurs ni des plantes ! La Mairie aurait au moins pu en discuter avec des
personnes compétentes !" Pour autant, il reconnaît les avantages de
cette nouvelle promenade : "C'est vrai que c'est agréable pour les
promeneurs et nous ne sommes pas du tout contre cette voie verte mais elle
aurait pu être faite intelligemment."
C'est cette
même association qui s'était manifestée lorsqu'il était question d'un projet de
thalassothérapie à Sainte-Croix, qui menaçait certaines espèces de la flore.
"Ce chemin trop large n'est pas légal et il recouvre beaucoup de
plantes éminemment rares." Et d'assurer qu'"au-delà de 3
mètres il aurait fallu l'autorisation de la Dréal" (Direction
Régionale de l'Équipement, de l'Aménagement et du Logement).
Jean-Claude
Mouraille se veut lucide : "Maintenant c'est fait ! Casser pour refaire
ça abîmerait plus encore." Alors il "demande simplement que si
d'autres chemins se font, les choses soient faites différemment. Mais bon, une
plante en voie de disparition, ça émeut beaucoup moins qu'un animal."
Une enquête est en cours
D'ailleurs,
lorsque Roger Camoin, adjoint délégué aux déplacements et à la circulation,
avait été interpellé par un riverain concerné lors du conseil de quartier de
Carro, en novembre dernier, il avait répondu que "ce n'est pas si grave
si quelques petites fleurs ont été détruites."
Les
courriers adressés conjointement par l'association et le directeur du Muséum
d'Histoire Naturelle de Paris, à la Ville de Martigues ainsi qu'à la préfecture
sont restés lettre morte. Nous avons également sollicité la municipalité qui
assure avoir "obtenu toutes les autorisations légales par les services
de la Dreal. À ce jour elle n'a pas été contactée par les services de l'État
sur cette question."
Nous avons
donc joint les services de l'État qui font savoir que "durant le
chantier, les travaux ont parfois conduit à légèrement dépasser la largeur de 3
mètres, ce qui serait dû aux engins utilisés pour ce projet (niveleuse avec
lame de 2,5 m). Un rappel a été fait aux personnels sur site. La Dreal a
saisi le service départemental de l'Office National de la Chasse et de la Faune
Sauvage (ONCFS), pour aller constater l'infraction au titre de la destruction
de nombreux pieds de plusieurs espèces végétales protégées. Des agents de
l'ONCFS se sont rendus sur place afin de procéder aux premières constatations
en présence d'un botaniste du Conservatoire botanique de la Méditerranée. Une
enquête portant sur la destruction d'espèces de végétaux protégés ou de leur
habitat est en cours."
Affaire à
suivre donc.
Audrey
Letellier
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