mardi 19 septembre 2023

le méga projet photovoltaïque

 


Fos-sur-Mer :

le méga projet photovoltaïque "présente autant de chances que de risques pour notre territoire"

 

 

 Fos-sur-Mer

La première réunion publique sur le projet de méga-usine de panneaux photovoltaïques s’est tenue à la Maison de la mer. Entre les promesses du chantier et les craintes sur son impact pour le territoire, les échanges ont fusé.

"C’est une nouvelle page de notre industrie phocéenne qui la rendra beaucoup plus vertueuse", veut croire le maire, René Raimondi, alors que se tenait mercredi dernier la 1ere réunion publique sur le projet Carbon devant une assemblée de quelque 200 participants. Sur le papier, le chantier prévoit d’installer une giga-usine sur 62 ha du port de Fos pour produire et commercialiser l’équivalent annuel de 25km² de panneaux solaires à l’horizon 2025.

Pilotée par la CNDP (Commission nationale du débat public) cette concertation publique doit s’étaler sur sept semaines. 

Si le président de Carbon, Pierre Emmanuel Martin, vante "une opportunité pour l’autonomie énergétique de la France dans un contexte de monopole de la Chine sur le solaire", force est de constater que le projet suscite encore beaucoup d’interrogations quant à son impact environnemental, son financement ou l’aménagement des infrastructures du bassin ouest pour accueillir un aussi colossal chantier.

Un projet méga aussi en énergies

Présenté par la chef de projet Emilie Chalas comme "un site industriel 100% électrique qui tendra vers 0 émissions de CO2", côté collectifs de citoyens, on s’inquiétait d’abord du surplus de camions dans une zone déjà fortement polluée et embouteillée. Pour atténuer les craintes, elle évoquait un parc de véhicules électriques mis à disposition des salariés, de navettes collectives ou même de vélos électriques...

Alors que l’équipe de Carbon insistait aussi sur un site très peu émetteur de polluants "essentiellement de la vapeur d’eau", les associations Cistude et FNE (France nature environnement) rappelaient qu’il s’agirait tout de même d’un nouveau site industriel classé à risque "Seveso seuil haut" sur la commune de Fos qui en compte déjà onze.

D’autres acteurs ciblaient encore la gourmandise du projet en termes de consommation d’eau -la giga-usine nécessitera 2,7M de m3 d’eau par an, avec une filière de recyclage prévue en interne- et électrique. De fait, Carbon réclame une puissance de raccordement de 240 Watt au réseau RTE avec le besoin de nouvelles liaisons électriques. Faisant forcément écho aux déclarations d’Emmanuel Macron lors de sa dernière visite à Marseille qui évoquait le projet d’un nouveau réacteur nucléaire sur le périmètre du GPMM.

Des aménagements routiers qui n’existent pas encore

Autre grand débat mercredi soir, alors que Carbon doit faire entrer et sortir annuellement quelques 490 000 tonnes de marchandises (notamment de matières premières de silicium et produits chimiques importés), Romuald Meunier, président de l’association MCTB Golfe de Fos Environnement soulevait "une ambiguïté sur les voies d’acheminement des produits traités par l’usine sur des structures qui n’existent pas encore et qui ne verront peut-être pas le jour, notamment la plate-forme multimodale Modalis".

Message repris par Christophe Claret, délégué CGT des dockers du GPMM qui, au delà d’une opposition première à l’installation du projet sur le GPMM, "où nous cherchons toujours des espaces pour développer de nouveaux trafics", rappelait que "les voies d’accès au port n’ont pas changé depuis 50 ans (…), on parle de la liaison Fos Salon, du contournement de Port-de-Bouc… Si ces infrastructures ne sont pas mises à jour, ces projets à terme ça va être très compliqué, voire un fiasco."

"Ça va être le Koweït de l’énergie européenne ici", Pierre-Emmanuel Martin, directeur de Carbon 

Sans parler du financement, très peu évoqué, "au moment où l'état demande au Département de reprendre la gestion des routes sans le chèque qui va avec", notait pour sa part le maire de Port-Saint-Louis et vice-président de la Métropole, Martial Alvarez. 

Ajoutons que pour accompagner la transition énergétique de la Région, le projet Carbon a été pensé comme un chantier pilote devant à terme être relié à deux autres mégaprojets dans le bassin ouest du GPMM : GravitHy et H2V. En résumé, le président du collectif Cistude Christian Marquis reprenait les mots du sous-préfet d’Istres Régis Passerieux pour qualifier Carbon : "Un projet qui présente autant de chances que de risques pour notre territoire.

Quelques chiffres clés du projet

  • 62 Ha d’installations industrielles
  • 5 GWc (Gigawatt-crète) de capacité annuelle de production de cellules photovoltaïques, soit l’équivalent de 25 km² de panneaux solaires produits chaque année sur le site.
  • Plus d’1,5 milliards d’euros d’investissement.
  • Environ 490 000 tonnes de marchandises en entrée et sortie chaque année, soit près de 20 000 containers.
  • 3 000 emplois directs, "dont 2 000 opérateurs chargés d’accompagner l’automatisation du site" selon la chef de projet, 500 ingénieurs et 500 cadres et administratifs.

 

Les prochaines rencontres publiques

Réunion thématique 1 : Environnement et biodiversité. Le 19 septembre à 18 h, à Martigues.

Réunion thématique 2 : Sécurité industrielle et énergétique. Le 26 septembre à 18 h, à Port-Saint-Louis.

Réunion thématique 3 : Emploi et formation. Le 3 octobre à 18 h, à Istres.

Réunion thématique 4 : Intégration territoriale du projet. Le 12 octobre à 18 h, à Port-de-Bouc.

Réunion publique de synthèse le 19 octobre à 18 h, à Fos-sur-Mer.

Clôture de la concertation publique : le 30 octobre.




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