Fos-sur-Mer
:
le méga
projet photovoltaïque "présente autant de chances que de risques pour
notre territoire"
Fos-sur-Mer
La
première réunion publique sur le projet de méga-usine de panneaux
photovoltaïques s’est tenue à la Maison de la mer. Entre les promesses du
chantier et les craintes sur son impact pour le territoire, les échanges ont
fusé.
"C’est une nouvelle page de notre industrie
phocéenne qui la rendra beaucoup plus vertueuse", veut croire le maire, René Raimondi, alors que
se tenait mercredi dernier la 1ere réunion publique sur le projet Carbon devant
une assemblée de quelque 200 participants. Sur le papier, le chantier prévoit
d’installer une giga-usine sur 62 ha du port de Fos pour produire et
commercialiser l’équivalent annuel de 25km² de panneaux solaires à l’horizon
2025.
Pilotée par la CNDP (Commission nationale du débat
public) cette concertation publique doit s’étaler sur sept semaines.
Si le président de Carbon, Pierre
Emmanuel Martin, vante "une opportunité pour l’autonomie énergétique de
la France dans un contexte de monopole de la Chine sur le solaire",
force est de constater que le projet suscite encore beaucoup d’interrogations
quant à son impact environnemental, son financement ou l’aménagement des
infrastructures du bassin ouest pour accueillir un aussi colossal chantier.
Un projet méga aussi en énergies
Présenté par la chef de projet Emilie Chalas comme
"un site industriel 100% électrique qui tendra vers 0 émissions de CO2",
côté collectifs de citoyens, on s’inquiétait d’abord du surplus de camions dans
une zone déjà fortement polluée et embouteillée. Pour atténuer les craintes,
elle évoquait un parc de véhicules électriques mis à disposition des salariés,
de navettes collectives ou même de vélos électriques...
Alors que l’équipe de Carbon insistait aussi sur un
site très peu émetteur de polluants "essentiellement de la vapeur d’eau",
les associations Cistude et FNE (France nature environnement) rappelaient qu’il
s’agirait tout de même d’un nouveau site industriel classé à risque
"Seveso seuil haut" sur la commune de Fos qui en compte déjà onze.
D’autres acteurs ciblaient encore la gourmandise du
projet en termes de consommation d’eau -la giga-usine nécessitera 2,7M de m3
d’eau par an, avec une filière de recyclage prévue en interne- et électrique.
De fait, Carbon réclame une puissance de raccordement de 240 Watt au réseau RTE
avec le besoin de nouvelles liaisons électriques. Faisant forcément écho aux
déclarations d’Emmanuel Macron lors de sa dernière visite à Marseille qui
évoquait le projet d’un nouveau réacteur nucléaire sur le périmètre du GPMM.
Des aménagements routiers qui n’existent pas
encore
Autre grand débat mercredi soir, alors que Carbon doit
faire entrer et sortir annuellement quelques 490 000 tonnes de marchandises
(notamment de matières premières de silicium et produits chimiques importés),
Romuald Meunier, président de l’association MCTB Golfe de Fos Environnement
soulevait "une ambiguïté sur les voies d’acheminement des produits
traités par l’usine sur des structures qui n’existent pas encore et qui ne
verront peut-être pas le jour, notamment la plate-forme multimodale Modalis".
Message repris par Christophe Claret, délégué CGT des
dockers du GPMM qui, au delà d’une opposition première à l’installation du
projet sur le GPMM, "où nous cherchons toujours des espaces pour
développer de nouveaux trafics", rappelait que "les
voies d’accès au port n’ont pas changé depuis 50 ans (…), on parle de la
liaison Fos Salon, du contournement de Port-de-Bouc… Si ces infrastructures ne
sont pas mises à jour, ces projets à terme ça va être très compliqué, voire un
fiasco."
"Ça va être le Koweït de
l’énergie européenne ici", Pierre-Emmanuel Martin, directeur de
Carbon
Sans parler du financement, très peu évoqué, "au
moment où l'état demande au Département de reprendre la gestion des routes sans
le chèque qui va avec", notait pour sa part le maire de
Port-Saint-Louis et vice-président de la Métropole, Martial Alvarez.
Ajoutons que pour accompagner la
transition énergétique de la Région, le projet Carbon a été
pensé comme un chantier pilote devant à terme être relié à deux autres mégaprojets
dans le bassin ouest du GPMM : GravitHy et H2V. En résumé, le président du
collectif Cistude Christian Marquis reprenait les mots du sous-préfet d’Istres
Régis Passerieux pour qualifier Carbon : "Un projet qui présente autant
de chances que de risques pour notre territoire."
Quelques chiffres clés du projet
- 62 Ha d’installations industrielles
- 5 GWc (Gigawatt-crète) de capacité annuelle
de production de cellules photovoltaïques, soit l’équivalent de 25 km² de
panneaux solaires produits chaque année sur le site.
- Plus d’1,5 milliards d’euros
d’investissement.
- Environ 490 000 tonnes de marchandises en
entrée et sortie chaque année, soit près de 20 000 containers.
- 3 000 emplois directs, "dont 2 000
opérateurs chargés d’accompagner l’automatisation du site" selon
la chef de projet, 500 ingénieurs et 500 cadres et administratifs.
Les prochaines rencontres publiques
Réunion thématique 1 : Environnement et biodiversité.
Le 19 septembre à 18 h, à Martigues.
Réunion thématique 2 : Sécurité industrielle et
énergétique. Le 26 septembre à 18 h, à Port-Saint-Louis.
Réunion thématique 3 : Emploi et formation. Le 3
octobre à 18 h, à Istres.
Réunion thématique 4 : Intégration territoriale du
projet. Le 12 octobre à 18 h, à Port-de-Bouc.
Réunion publique de synthèse le 19 octobre à 18 h, à
Fos-sur-Mer.
Clôture de la concertation publique : le 30 octobre.
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