Au jardin partagé,
on cultive les
bonnes pratiques
Alice Magar
. PHOTOS AM
L’été, la Maison de
quartier organise des apéritifs ouverts aux habitants au sein du jardin toutes
partagés les deux semaines
Le jardin partagé de
Saint-Julien-les-Martigues est devenu refuge de la Ligue de protection des
oiseaux (LPO), un label qui récompense les actions en faveur de la
biodiversité. Mais le lieu a bien d'autres vertus.
Pour
vivre heureux, vivez cachés. » Voilà une phrase qui pourrait être le mantra des
adhérents du jardin partagé de Saint-Julien-les-Martigues. Pour accéder à la
parcelle de 3 000 m2, il faut emprunter un chemin en terre qui fait partie du
parking de la maison de quartier. Un portail se dresse après une cinquantaine
de mètres, puis le sentier bifurque à gauche, le long d'une
parcelle de vignes.
Au fond, des voitures stationnées indiquant que la destination finale n'est
plus bien loin. Derrière une haie de chênes, le jardineux couleurs éclatantes
se dévoile.
Une vingtaine de personnes s'y affaire. L'une rafistole la clôture électrique, récemment cassée par un sanglier. L'autre réalise un paillage. Plus loin, un retraité construit des tuteurs pour aider ses plants de tomates à grimper pendant l'été. Chacun vaque à ses occupations sous le soleil encore clément du printemps. « C'est le plus vieux jardin partagé de Martigues, se targue Fabienne Moine, la directrice de la Maison de quartier de Saint-Julien qui chapeaute ce projet. On a commencé il ya douze ans avec quelques familles sur un autre lieu où on s'est fait les dents. On est arrivé à cette formule il y quelques années, sur un terrain mis à disposition par son propriétaire, un marquis, où nous avions à disposition l'eau du canal de Provence et qu'il nous laissait gérer comme on l'entendait. »
Un outil multi-usage
Désormais,
23 familles cultivent une partie du jardin par équipe de deux en fonction des
techniques utilisées. « La production de fruits et de légumes est un prétexte
pour créer du lien, développe Joël Giraud, ancien directeur de l’association
pour l'animation des centres sociaux et utilisateur de la parcelle. Le jardin
est un outil de sociabilisation. Pour certains, c'est une vraie bouffée
d’oxygène. On a un camarade qui a 75 ans et qui s'occupe encore de sa mère.
Venir ici c'est son moment de détente. »
Outil
de sociabilisation, mais aussi outil pédagogique : la Maison de quartier fait
la part belle aux enfants, en dédiant une parcelle aux élèves de l'école
primaire de Saint-Julien. Au fond du jardin, un bout de terrain sert à produire
des fruits et des légumes à destination du Secours populaire. « La première
année, il y a trois ans, sur un produit 700kg », précise Fabienne Moine.
Petit à
petit, l'oiseau fait son nid
À
11h, la vingtaine de travailleurs se retrouve à l'ombre des chênes pour
partager un petit-déjeuner. Chacun y va de son petit conseil pour aider son
voisin. « Ce qu'il y a de génial, c'est qu'il y a un véritable échange de
compétences, confie Joël Giraud. Chacun est expert dans un domaine et partage
son savoir. Par exemple, Jacques, le doyen, et Marc cultivent l'ail comme
personne. Thierry, lui, une vision globale. »
Thierry
Marsat est l'agent du service espaces verts de la Ville de Martigues détaché
sur le jardin partagé. Son rôle : administrer les bonnes pratiques en termes
d'exploitation agricole. « On essaie d'avoir une empreinte carbone proche de
zéro en revenant à des techniques respectueuses de l’environnement,
développer-t-il. On fait confiance à la nature pour s ‘autogérer, on l'aide
seulement à créer les bonnes conditions. On débroussaille peu, car les fleurs
attirent les abeilles qui pollinisent et les coccinelles qui tuent les
pucerons, on refait des haies pour avoir des oiseaux…»
Résultat
: le jardin partagé est devenu refuge de la Ligue de protection des oiseaux. «
Ce label stimule les adhérents, se réjouit Marie-Pierre, la référente de
l'association. Ils revoient complètement leur manière de percevoir la nature.
Avant, ils râlaient quand les légumes étaient grignotés. Maintenant ils sont
enchantés d'apercevoir les animaux. » « Comme disaient les Indiens, il faut
laisser une part à la nature », résume Thierry Marsat.
Alice Magar
« Il faut laisser une part à la nature »
Thierry Marsat,
jardinier de la Ville de Martigues
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