samedi 8 juin 2024

Pourquoi la Ventoline est en rupture de stock

 

Pourquoi la Ventoline est en rupture de stock

Marion BIOSSE DUPLAN


       Ce médicament indispensable aux asthmatiques est en tension dans toute la France. De quoi inquiéter les patients mais aussi les pharmaciens.

Elle est pourtant indispensable, encore plus en pleine période d’alerte aux pollens. La Ventoline, médicament utilisé pour traiter les crises d’asthme, connaît actuellement de grosses tensions sur ses stocks et toutes les pharmacies de France sont concernées. Une rupture de plus dans les officines, inquiètes de voir de très nombreux médicaments manquer à l’appel.

 "On s’affole tous. On a une quantité infime de boîtes", résume Stéphane Pichon, président du conseil de l’ordre des pharmaciens Paca-Corse. Hier, sa pharmacie installée à Marseille ne compte pas plus de dix boîtes en stock. Un chiffre dérisoire pour un produit "d’urgence". Et un facteur "extrêmement stressant pour les patients qui ont absolument besoin", déplore le pharmacien, alors que la Ventoline, produit du laboratoire GSK, est exclusivement produite celui-ci.

 Le professionnel confirme que toutes les pharmacies en Paca sont concernées même s’il est toujours possible de trouver des stocks résiduels dans certaines officines.

 Pour Patrick Raymond, porte-parole de l’Union des Syndicats de pharmaciens d’officine des Bouches-du-Rhône, des problèmes de production, mais aussi le prix de vente final des boîtes de Ventoline peuvent expliquer les ruptures sur le produit.

 La molécule utilisée pour fabriquer la Ventoline n’est pas produite en France. "S’il y a un problème dans les usines en Inde ou en Chine par exemple - une matière première qui manque à l’appel, un problème sur un lot de produit nécessitant une nouvelle validation des autorités de Santé avant distribution - ça ralentit la production et créée de fait un embouteillage", relate le pharmacien.

La production n’étant pas instantanée, les distributeurs jouent sur leurs stocks et mettent le médicament "en tension" pour pouvoir gérer la pénurie sur la durée. En résumé, ils livrent au compte-gouttes.

"Naturellement, s’il y a moins de produits, les distributeurs vont vendre la Ventoline aux plus offrants", résume le porte-parole. Et la France n’en fait pas partie. Aujourd’hui, le prix d’une boîte de Ventoline ne coûte en France que 4,60 euros, contre 9,65 livres au Royaume-Uni et un prix avoisinant les 8 euros la boîte en Allemagne

C’est tous les jours que les médicaments manquent. Les tensions sur la Ventoline entrent dans un contexte général de ruptures permanentes de médicaments. „ STÉPHANE PICHON, PRÉSIDENT DU CONSEIL DE L’ORDRE DES PHARMACIENS PACA-CORSE

 Que faire pour les patients concernés ?

D’après l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) contactée par La Provence, le laboratoire GSK informe "que les stocks disponibles à ce jour en Ventoline et pour la majorité des dosages en Seretide devraient permettre de couvrir les besoins des patients". L’ANSM confirme que des pharmacies font bien face à des difficultés d’approvisionnement, "des tensions qui pourraient s’expliquer par une augmentation de la demande". Le laboratoire GSK a annoncé la mobilisation d’un autre site de production en Espagne, en plus de son site de production français.

Si la Ventoline connaît des équivalents comme le Salbutamol, ou l’Airomir, ces produits sont, eux aussi, en ce moment en très forte tension. Pour les patients concernés, "il y a toujours moyen de trouver des stocks résiduels en pharmacie", et par prévention, "la chose à faire est d’appeler son médecin traitant pour anticiper des solutions en cas d’indisponibilité totale du produit", recommande Patrick Raymond.

 "C’est tous les jours que les médicaments manquent. Les tensions sur la Ventoline entrent dans un contexte général de ruptures permanentes de médicaments", rappelle Stéphane Pichon. Le 30 mai dernier, près de 800 pharmaciens se sont mobilisés à Marseille et partout en France pour dénoncer les ruptures permanentes sur de plus en plus de références de médicaments. Selon les professionnels, chaque pharmacie passe environ 12 heures par semaine à chercher des médicaments, ce qui correspond "à 350 millions d’euros de masses salariales gaspillées pour ces ruptures", insiste le porte-parole de l’USPO 13. Une difficulté de plus pour ces professionnels d

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