Sur la Côte bleue,
une
opération d’ampleur
contre
les braconniers d’oursins
Par Stéphane ROSSI
Publié le 17/12/24 à 21:00
Une fois repérés depuis la terre ferme, les pêcheurs d'oursins sont ensuite contrôlés par les gendarmes maritimes.
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PHOTO S.R.
Martigues - Sausset-les-Pins - Carry-le-Rouet -
Ensuès-la-Redonne - Le Rove
Une opération de prévention et
de répression se déroulait hier sur le littoral de la Côte bleue. De Martigues
à Niolon, les gendarmes ont contrôlé tous azimuts, à terre comme en mer.
S’il y a bien un produit roi
sur les tables provençales en cette fin d’année, c’est l’oursin.
Succulent dégusté tel quel à
la cuillère, voire préparé en sauce, ou en omelette, ce fruit de mer qui ne
manque pas de piquant n’a qu’un seul défaut : il est en voie de
raréfaction.
Si le changement climatique
est l’une des causes avancées dans la catastrophe annoncée de la disparition
des échinodermes, la surpêche, légale ou illégale, en est une autre.
Les derniers comptages
effectués par le parc marin de la Côte bleue annoncent la
couleur : avec moins d’un oursin par mètre carré, le réservoir de la Côte
Bleue se tarit. "Depuis dix ans, la ressource ne fait que chuter",
prévient Jean-Rémi Bravo, biologiste et gestionnaire du milieu marin au sein du
Parc marin de la Côte Bleue.
"Il y a des gens qui ne connaissent pas
la réglementation de bonne foi, et les autres"
On interroge, alors, le
chercheur, sur la croyance qui veut que l’oursin s’éloigne en eaux profondes
lorsque les eaux sont chaudes. Un on-dit battu en brèche par le
scientifique : "Un oursin se déplace peu", lance-t-il.
Hier matin, c’est devant une assemblée de gendarmes - ceux de la brigade territoriale de Carry, de la Brigade de
surveillance du littoral de la gendarmerie maritime et la brigade mixte et fluviale de Martigues, auxquels se sont
joints les polices municipales de Sausset-les-Pins et Carry-le-Rouet - que
Jean-Rémi Bravo exposé le problème. "On nous signale régulièrement des
braconniers. Il y a des gens qui pêchent et qui ne connaissent pas la
réglementation, de bonne foi. Et puis il y a les autres".
Les autres, ce sont ceux qui
n’hésitent pas à pêcher les oursins en sous-taille - un oursin doit mesurer,
hors piquants, 5 centimètres - et au-delà des deux douzaines réglementaires
imposées depuis l’an passé par un arrêté préfectoral.
Attention, on parle là de
pêche de loisir, pas des professionnels dont bon nombre ont tout fait,
notamment au sein du quartier dit de Marseille, pour militer pour qu’aucun
quota ne leur soit imposé. Ce qui a créé la zizanie au sein de la profession
dont une partie est consciente des dégâts causés par cette surpêche. Notamment
lors des oursinades et autres fêtes de la mer qui pullulent sur
le littoral et au-delà.
"Avant,
des oursins, il y en avait des milliards"
Au parc marin, on a, encore en tête, la prise
sur le fait d’un plaisancier il y a quelques années et qui avait pêché, en une
seule sortie… 1 000 oursins ! "Dans ce cas, c’est tolérance
zéro", martèle le lieutenant François Andries, commandant de la
brigade territoriale de gendarmerie de Carry.
Et pour prévenir des risques
encourus, tout en dissuadant les éventuels braconniers, rien de mieux que d’être visible sur le
terrain.
Hier, donc, les gendarmes ont
balayé le littoral, depuis la terre ferme et en mer, à la recherche de plongeurs afin de vérifier si leurs prises du jour
correspondaient bien à ce qu’il est demandé.
Malgré une mer maussade, quelques plaisanciers ont été contrôlés. Comme ces deux pêcheurs, fort surpris de voir un tel dispositif déployé alors qu’ils récupéraient leur véhicule sur le parking. Passé l’étonnement, la discussion a été cordiale. "C’est une bonne chose de contrôler. Nous, on fait ça pour le plaisir. On ne mange pas d’oursin et on n’aime pas le poisson. On les rejette quand on en attrape".
Un gendarme leur proposera un
fascicule rappelant les restrictions en la matière. Un peu plus loin, c’est un
autre pêcheur qui est contrôlé par des militaires en civil. Le septuagénaire
abonde dans le sens des gendarmes. "Avant, des oursins, il y en avait
des milliards, lance-t-il d’une faconde toute provençale. Maintenant,
c’est le désert. Il faut aller de plus en plus loin pour en trouver".
Les
braconniers risquent 22 500 euros d’amende
Cette fois-ci, le contrôle ne
donnera rien. "Mais le but c’est de se montrer, d’être présent et de
commencer par des actions préventives avant de passer à autre chose",
ajoute le lieutenant Andries.
Ainsi, alors que la saison des
oursins n’a débuté que le week-end dernier, les gendarmes ont prévu de
multiplier les contrôles. Grâce aux différentes unités et aux compétences
multiples de la gendarmerie, mareyeurs, poissonneries, restaurants et, bien sûr,
pêcheurs professionnels et amateurs, vont être régulièrement ciblés durant la
période.
Pour rappel, les manquements
ouvrent la porte à d’importantes sanctions. Toutes les infractions qui touchent
à la mer relèvent du tribunal correctionnel et les amendes sont
particulièrement salées : 1 500 à 22 500 €, avec
confiscation du matériel.
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