vendredi 15 mars 2019

Patrimoine mondial, vraiment?



Les démarches pour obtenir le classement de l’étang de Berre aupatrimoine mondial de l’Unesco sont officiellement lancées. Aprèsl’étonnement des premières heures, une longue procédure s’annonce


    " Des moqueries ? Non, ce temps est fini, je n’en entends plus aucune." Président de l’association "Étang de Berre, patrimoine universel", Jean-Claude Cheinet, ancien adjoint à l’environnement à Martigues, croit dur comme fer à la démarche. Lancée il y a plus de trois ans par le maire de Martigues, Gaby Charroux, elle vient de vivre son premier temps fort : le dépôt officiel de la candidature pour aboutir, dans un délai estimé entre cinq à dix ans, au classement de l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’humanité, établi par l’Unesco. 
     L’étang de Berre, égal des monuments d’Arles, du palais des Papes ou du Mont Saint Michel ? Pas vraiment, puisque si ces lieux sont classés au titre des biens "culturels", l’étang candidate au titre des biens "mixtes". En France, il n’existe pour l’heure qu’un seul autre exemple du genre, le Mont Perdu dans les Pyrénées (dans la région du cirque de Gavarnie) mais dans le monde, les exemples sont frappants, et renommés. Parmi eux, les Météores en
Grèce, une cité maya au Mexique, ou, encore mieux, le sanctuaire historique de Machu Picchu au Pérou. 
     Que l’étang de Berre rejoigne la liste de ces lieux classés, c’est évidemment un challenge. Qui se nourrit cependant de réalités, et de critères demandés par l’Unesco. "Il faut en avoir au moins un sur les dix exigés.
     On en avait trouvé six, indique Jean-Claude Cheinet, et finalement, dans la lettre officialisant notre démarche, on a retenu les trois plus évidents : 
  1. témoigner d'un échange d'influences considérable, 
  2. être un exemple éminent de l'interaction humaine avec l'environnement,
  3. être un exemple éminemment représentatif de processus écologiques et biologiques en cours.                                                                                                             " Pour l’association, le "bien mixte" est justifié par plusieurs facteurs : "notre région allie des activités industrielles, de riches traces du passé et un côté nature d’une vivacité étonnante. Il ne s’agit pas de"muséifier" mais de valoriser les capacités de résilience de cette région."
      Bigre. Encore va-t-il falloir en convaincre deux ministères, ceux de la Transition écologique et de la Culture, qui porteront ensuite la démarche auprès de l’Unesco. 
      Mais la candidature, en deux ans, a eu le temps de se structurer. Un comité des ambassadeurs, présidé par le cinéaste Robert Guédiguian et comptant dans ses rangs quelques personnalités de renom, est à l’œuvre, de même qu’un comité scientifique présidé par la géographe Nicole Girard.
     "L’étang de Berre, prend Jean-Claude Cheinet, c’est un véritable laboratoire de la résilience écologique. À chaque fois qu’il meurt, il renaît ! Regardez la crise de l’été dernier, quelques mois plus tard, la situation va en s’améliorant, même tout doucement". Le classement au titre de bien mixte a aussi un mérite, celle de prendre en compte la globalité de l’étang de Berre, "son étendue d’eau comme ses rives". "Tout autour, on trouve des habitats historiques d’intérêt, comme l’abri-sous-roche de Châteauneuf les Martigues, le village gaulois de Martigues, le pont Flavien de Saint Chamas. Notre histoire locale rejoint la grande histoire avec le parc de la poudrerie de Miramas et Saint-Chamas !"
La nature, avec neuf sites gérés par le conservatoire du littoral, ou les bâtiments industriels font aussi partie de cette histoire.
"C’est cet équilibre entre histoire, activités industrielles et nature qui font de l’étang de Berre un endroit unique «, insiste Jean-Claude Cheinet.
     Reste, maintenant que la candidature est lancée, à fédérer toutes les énergies, autrement dit à unir, déjà, tous les politiques aux commandes des villes riveraines, pas tous du même bord, pas tous d’un même degré d’enthousiasme sur cette démarche. "Je suis persuadé qu’avec le temps, ils vont rejoindre ceux qui ont déjà choisi de s’impliquer. Valoriser l’étang et ses rives, sans opposer emploi et écologie, c’est une manière de changer le regard sur notre région". Et le label, au final, n’apportant pas d’argent, c’est surtout d’une reconnaissance internationale que les bienfaits sont attendus.

Éric GOUBERT
L’association "Etang de Berre, patrimoine universel", inaugurera son local demain à 11 h, place Félix Gras à Martigues, place Félix Gras à Martigues




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