Pour la première fois, on a mis en évidence qu’une espèce animale
s’est adaptée génétiquement à la pollution
dans le golfe de Fos-sur-Mer.
Même s’ils ne sont pas considérés comme impropres à la consommation, la découverte d’oursins qui ont muté génétiquement dans la zone industrialo-portuaire de Fos démontre que la pollution a bien un impact sur la faune.
L’étude conduite par l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions (IECP), sur l’impact des rejets de chlore dans le golfe de Fos, peut nourrir quelques inquiétudes chez les amateurs de la chaire orangée fortement iodée de ce fruit de mer délicieux.
Avec l’aide du Laboratoire de chimie de l’environnement de l’Université d’Aix-Marseille, cette étude baptisée Fos-Sea démontre clairement que les oursins ont développé une résistance particulière à certains polluants, comme les sous-produits de chloration.
Il faut savoir que depuis les années 1970, les entreprises de l’un des plus importants sites industriels d’Europe sont autorisées à rejeter - à condition de respecter un certain seuil - le chlore qu’elles utilisent pour nettoyer les canalisations par lesquelles elles pompent l’eau de mer pour refroidir – ou réchauffer – leurs installations.
« On parle potentiellement de 6 millions de m³ d’eaux chlorées rejetées chaque année dans le golfe de Fos-sur-Mer », s’indigne Pierre Cazeel, le référent régional d’Europe Écologie-Les Verts. Le problème, c’est que ce chlore, au contact de la matière organique présente dans la mer, se transforme en sous-produits de chloration dont certains, à très hautes doses, peuvent être particulièrement toxiques.
Une étude comparative a été effectuée entre des oursins prélevés à proximité d’une zone de rejet de chlore dans le golfe et des oursins vivant sur l’archipel des Embiez, près de Toulon, classé zone Natura 2000. Le résultat est sans appel : les larves de Fos sont plus résistantes aux polluants que celles des Embiez.
Pour Jean-Luc Boudenne, professeur au laboratoire marseillais qui a coordonné l’étude, il ne s’agit pas de sélection naturelle comme on a pu le penser un moment mais bel et bien d’une mutation génétique.
« On a comparé les génomes des oursins de Fos avec ceux des Embiez, on voit que c’est différent. Pour la première fois, on a mis en évidence qu’une espèce animale s’est adaptée génétiquement à la pollution dans le golfe de Fos-sur-Mer. »...
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