La pêche des oursins est très contrôlée : seules les espèces mesurant plus de 5 cm de diamètre (hors épines) peuvent être pêchées.
/ PHOTO CORSE MATIN
L’oursin, espèce fragile
Face au retour des oursinades
La Fête de la mer s’ouvre à Sausset et avec elle, L’inquiétude de ne pas voir d’oursins
Chaque début d’année, la Ville de Sausset ouvre le bal des oursinades avec sa traditionnelle Fête de la Mer, programmée trois dimanches d’affilée. En février, c’est la ville de Carry qui prend le relais,
tandis qu’à Martigues le C.I.Q et la S.N.L des Laurons organisent traditionnellement leur Fête des coquillages le 26 janvier 2020 PARTIR DE 11 H.
tandis qu’à Martigues le C.I.Q et la S.N.L des Laurons organisent traditionnellement leur Fête des coquillages le 26 janvier 2020 PARTIR DE 11 H.
A cette occasion, certains seraient prêts à parcourir des kilomètres pour déguster le corail d’oursin, mais ces derniers temps, l’échinoderme se fait rare sur les étals.
Des comptages deux fois par an
Préservé une bonne partie de l’année pour permettre sa reproduction, l’oursin n’en reste pas moins une espèce fragile. Deux fois par an, les scientifiques du Parc marin de la Côte bleue effectuent des comptages sur une dizaine de sites de zones de pêche.
Et malheureusement depuis plus d’une vingtaine d’années, la tendance est à la baisse. "Après une période très basse de 2009 à 2013, nous sommes actuellement dans une période de stabilité, confie Frédéric Bachet, chargé de mission au sein du syndicat mixte. Une période un peu moins basse mais pas brillante". Le dernier comptage effectué avant l’ouverture de la pêche en novembre dernier montre une densité faible avec sur la moitié des sites analysés, environ un oursin au m² et une densité moyenne de 1,33 au m² pour les dix sites examinés.
Les petits oursins (hors gabarit pour la pêche et donc non consommable) sont aussi regardés de près par les scientifiques afin d’estimer la capacité de renouvellement : "IL y moins d’un oursin au m², ce qui nous incite à rester prudent", prévient l’expert. Le stock reste fragile". Pour lui, il faut donc appeler à la modération et les événements festifs sont surveillés de près, même si tous les fruits de mer ne sont pas issus de la Côte bleue.
Les pêcheurs professionnels confirment que la saison n’a pas très bien débuté. "Depuis l’ouverture, nous avons eu de mauvaises conditions météos, l’oursin se disperse et descend plus en profondeur, confie William Tillet, l’un des neuf pêcheurs autorisés à dénicher l’échinoderme dans le quartier maritime de Martigues (de Sausset aux Saintes). Nous n’avons donc pas pu proposer grand-chose sur les étals".
Les multiples alertes sur les stocks limités commencent à provoquer une prise de confiance. A Sausset, les pêcheurs adapteront leur carte à la conjoncture et les amateurs pourront ainsi déguster tous les autres fruits de mer si l’oursin manque à l’appel.
Les pêcheurs professionnels demandent d’ailleurs l’arrêt de ces festivités depuis plusieurs années. "Le stock d’oursins ne suffit pas à alimenter tout le monde", justifie-le premier prud’homme de pêche. Mais "il ne faut pas être hypocrite, avoue-t-il. A cette période, nous vendons davantage en vente directe et on en profite aussi. Attention cependant aux braconniers qui essaient de proposer des oursins sous-taillés". Après les fêtes et à quelques jours de l’ouverture des oursinades, peut-être est-il temps d’être raisonnable et d’adopter une consommation raisonnée de l’échinoderme.
Alexandra THEZAN
Des contrôles multipliés
Et de nouveaux PV dressés en fin d’année
Plus que jamais, alors que la période des oursinades s’ouvre ce week-end, les pouvoirs publics se mobilisent pour préserver l’espèce. L’effet de l’activité de pêche sur les stocks sera évalué à la fin de la saison, soit à la mi-avril. "Si lors du dernier comptage en octobre nous étions au même niveau qu’en avril 2019, entre le comptage d’octobre 2018 et celui du printemps 2019, il y a eu une chute et le stock n’a pas récupéré", poursuit Frédéric Bachet. Mais les contrôles ont commencé dès l’ouverture de saison de la pêche à l’oursin. Le responsable du service Mer, Eau, Environnement de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) nous confiait en novembre dernier que la lutte contre le braconnage était l’une des priorités.
Les contrôles inopinés se multiplient et à Martigues, un commerce en a fait les frais. Tout son stock d’oursins avait été saisi (lire La Provence du 16 novembre) car de diamètre inférieur à la taille réglementaire de 5 cm hors épines. Le mareyeur qui avait fourni le restaurant avait également été sanctionné, après une visite menée sur son exploitation, au lendemain de ce contrôle qui a marqué les esprits.
Depuis, la DDTM a mené d’autres contrôles, en novembre et décembre 2019. "Sept dans des restaurants et poissonneries, qui ont donné lieu à un procès-verbal, et douze sur des étals et chez des mareyeurs, pour deux procès-verbaux", indique le responsable. Autant de contrôles suivis de mesures administratives et judiciaires en cours, qui peuvent avoir de lourdes conséquences, les amendes pouvant atteindre les 25000 €.
"Notre objectif essentiel, c’est de vérifier la traçabilité des produits. Plutôt que d’aller faire des contrôles en mer, ce que nous faisons quand même de temps en temps, nous nous attaquons à la filière. L’assainir, c’est le meilleur moyen de lutter contre le braconnage.
S’il y a moins d’acheteurs d’oursins braconnés,
Alors le stock ira mieux."
La DDTM a inscrit la lutte contre braconnage des oursins parmi ses priorités de l’année. Mais d’autres espèces vont faire l’objet de contrôles similaires, les palourdes, loups et daurades.
A.T. et E.G
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire