ArcelorMittal Fos
Investit 1,45 million d’euros
Dans un système de torchage à la cokerie
Le 4 Juin 2021
1 L’industriel ArcelorMittal, basé à Fos-sur-Mer, vient d’annoncer qu’il
s’apprêtait à investir 1,45 millions d’euros pour réduire ses impacts
environnementaux.
Plus précisément, il compte équiper d’un système de torchage les cheminées
des 126 fours de sa cokerie, installation maîtresse de l’usine mais aussi la
plus polluante. Ce système doit permettre la combustion des gaz potentiellement
dangereux en cas d’incident et ainsi, réduire les émissions dans l’atmosphère.
Cet investissement doit être effectué courant 2022et devrait avoir un
impact positif pour la qualité de l’air tout en augmentant la protection de la
santé et de la sécurité des équipes, des riverains et de l’installation.
ArcelorMittal est considéré comme l’un des plus gros
pollueurs du département. Les conditions de travail de ses salariés ont été à
de nombreuses reprises décriées. En 2019 par exemple, Marsactu dévoilait
un nouveau rapport de l’Inspection du travail rappelant à l’ordre l’industriel
qui continuait d’exposer ses travailleurs à des risques chimiques.
Selon un
nouveau rapport,
ArcelorMittal
continue d’exposer
les
ouvriers à un risque chimique
Par Violette Artaud
le 26 Fév. 2019
Sous le coup d'une mise en demeure concernant les risques
chimiques auxquels il expose ses salariés et sous-traitants de la cokerie,
ArcelorMittal écope d'un nouveau rappel à l'ordre de l'inspection du travail :
des manquements persistent et l'État rappelle qu'il peut faire cesser
l'activité de cette unité maîtresse de l'usine.
C’est un
nouveau coup de semonce pour ArcelorMittal. Daté du 14 février dernier, le
nouveau rapport de l’inspection du travail que Marsactu s’est procuré
se montre de plus en plus menaçant pour le fabricant d’acier. Comme les
précédents (lire notre dernier
article), il porte toujours sur le sujet de l’exposition des
travailleurs de la cokerie à des polluants. Mais cette fois-ci, il pointe en grande
partie le traitement réservé aux sous-traitants.
Les
sous-traitants, “ça a toujours été le problème ici”,
commente-t-on parmi les employés. Salariés d’entreprises extérieures ne
portant pas de masques dans des zones où les émissions de gaz toxiques dépassent
les normes, présence de travailleurs de sociétés n’étant pas au fait des plans
de prévention des risques, voire, de sociétés n’ayant pas l’autorisation de se
rendre sur le site… ArcelorMittal est toujours hors les clous, et l’État
continue de brandir la sanction ultime : l’arrêt de l’activité concernée,
autrement dit de la cokerie, unité qui permet de “faire tourner” l’usine
sidérurgique de Fos.
PRÉSENCE D’ENTREPRISE NON HOMOLOGUÉE
SUR LE SITE
“J’ai constaté qu’un seul des deux salariés de l’entreprise
Toscana Impianti présents [dans la cokerie, ndlr] était
doté d’un détecteur de gaz permettant de mesurer la concentration en monoxyde
de carbone”, note l’inspectrice du travail qui s’est à nouveau
rendue sur place le 16 janvier dernier. Lors de cette nouvelle inspection,
l’inspectrice constate à nouveau des dépassements d’émission de polluants. Elle
relève ainsi un “niveau anormalement élevé en monoxyde de carbone”,
gaz inodore, invisible et non irritant, mais mortel. “Le salarié continuait de travailler
dans la zone […] sans prendre les mesures nécessaires”, conclut-elle
sur ce point.
Après
avoir remarqué un second salarié sous-traitant dénué de détecteur de gaz
individuel dans la zone, la fonctionnaire d’État rappelle à l’industriel ses
responsabilités, y compris vis-à-vis des salariés des entreprises
sous-traitantes : “vous veillerez à l’avenir à ce que
soient strictement respectées les mesures de prévention”, ordonne-t-elle.
Mais le
manquement de l’industriel va plus loin. Il s’avère que la présence même de
certains de ces hommes sur le site n’est pas autorisée. “Par courriel du 4 février 2019
vous m’indiquiez que l’entreprise La Toscana Impianti n’est plus homologuée sur
le site depuis de nombreuses années.” Or, c’est bien deux
salariés de cette entreprise que l’inspectrice a rencontré sur site. Marsactu n’est
pas parvenu à joindre l’entreprise en question, basée en Italie. Quant à
ArcelorMittal, il préfère “réserver [ses] réponses en
priorité à l’autorité compétente”.
“LA PHILOSOPHIE ICI, C’EST SOUS-TRAITER
LE DANGER”
“Certains salariés de sous-traitants venaient nous demander des
équipements de protection, ou avaient des bleus sales parce que leur
responsable ne s’en occupaient pas”, se souvient un ancien
responsable de la cokerie. “Je l’avais dit que les sous-traitants
n’étaient pas traités à la même enseigne, réagit un
syndicaliste qui pointait déjà le problème en janvier dernier.
On nous dit qu’ils ont les mêmes informations, les mêmes masques ventilés, etc.
Mais on sait que ce n’est pas vrai et que ce sont eux qui souffrent le plus. De
toute façon, ils n’ont pas de suivi médical, donc ils viennent travailler ici
et disparaissent dans la nature.” Il poursuit : “l’entrée
sur le site n’est même pas contrôlée. Certaines entreprises peuvent donc entrer
avec le badge d’autres.”
“En fait, la philosophie, c’est de sous-traiter le danger !”, résume
un ancien salarié du site qui ne mâche plus ses mots. De fait, les deux
salariés de Toscana Implanti sont deux travailleurs détachés qui ne bénéficient
donc pas des mêmes protections que leurs collègues français. Si ArcelorMittal
est désormais enjoint par les autorités de justifier, via des documents s’il le
peut, cette présence, les réponses qu’il devra apporter à l’État ne s’arrêtent
pas là. Une fois de plus, la liste de ses manquements est bien fournie.
MENACE DE L’ARRÊT DE L’ACTIVITÉ
Les
salariés même d’ArcelorMittal ne sont toujours pas à l’abri. Ainsi, le 16
janvier dernier, la fonctionnaire d’État remarque un salarié équipé d’un masque
ventilé dont le signal d’alarme “débit faible” est
activé. “Sans
que celui-ci ne prenne de disposition face à ces avertissements”, écrit-elle.
Et l’inspectrice de rappeler que l’employeur est “juridiquement tenu responsable” de
l’utilisation des équipements de protection et qu’il est censé “assurer
la formation et l’information à chaque porteur sur les conditions
d’utilisation”.
Enfin,
si ce contrôle a permis de rassurer l’État sur “la mise en œuvre effective de mesures
à court et moyen termes du plan d’action” fourni après la dernière
mise en demeure, ce n’est pas le cas pour l’ensemble de ces
mesures. Comme par exemple l’installation “de panneaux de signalétique dans les
enfourneuses, relatives à l’obligation du port de protections respiratoires […]
qui devaient être mis en place avant le 31 décembre 2018.”
Face à
ces constats, l’État brandit toujours la menace de l’arrêt de la cokerie. “J’attire
votre attention sur le fait que, lorsque que la mise en demeure préalable de
l’arrêt temporaire de l’activité est infructueuse et lorsque la situation
dangereuse persiste, l’agent de contrôle de l’inspection du travail peut
ordonner l’arrêt temporaire de l’activité concernée.” Si la
préfecture explique ne pouvoir communiquer pour le moment sur “un
dossier en cours”, les services de l’État semblent resserrer l’étau
autour du celui qui est désigné comme le plus gros
pollueur du département.
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