- ÉCOPLANÈTE
- MARTIGUES
La qualité des aliments
Du Golfe de Fos
Sous surveillance
Une méthode vient d'être définie par
l'État pour en assurer le suivi
Presque
quatre ans après la diffusion
publique d'une étude explosive de l'association fosséenne "ADPLGF",
L'État a
défini une méthode pour mettre en œuvre "un plan de contrôle orienté sur les
denrées alimentaires d'origine animale et végétale produites sur le pourtour du
golfe de Fos-sur-Mer". Il s'agit en fait d'un avis de l'agence
nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du
travail, qui vient d'être présenté en sous-préfecture d'Istres, qui ne tire
aucune conclusion pour le moment mais définit une méthode scientifique pour
aller plus loin sur le sujet.
Comment
mesurer, quelles espèces prendre en compte, à qui les adresser, quels
échantillons seront représentatifs... C'est là tout l'enjeu de ce document de
81 pages, qui allie des tableaux exhaustifs des productions locales à des
formules mathématiques complexes. "C'est une approche méthodologique,
explique une représentante de l'Anses, qui ne donne pas encore de résultats
concrets, mais précise la marche à suivre, avec une rigueur scientifique. Après
une saisine de la direction générale de l'alimentation, c'est maintenant la
direction départementale de protection des populations (DPPP) qui est chargée
de prélever les échantillons définis, et de les transmettre à un laboratoire
agréé." C'est ce dernier qui devra ensuite déterminer la
quantité de produits contenus dans chaque aliment, et donc leur conformité, ou
pas, avec la consommation humaine.
Viande, abats, œufs, lait,
miel, poissons, coquillages, légumes vont être analysés.
Dans
son avis, l'Anses dresse l'inventaire exhaustif de toutes les productions de la
région, que ce soit les denrées végétales ou animales et révèle que "les
catégories de denrées végétales et d'origine animale terrestre ciblées par le
plan d'échantillonnage sont la viande (muscle), les abats (foie, reins), les œufs,
le lait (mais pas le fromage), et le miel." Parmi les produits
issus de la mer, des poissons (anguilles, dorades, muges, loups) et coquillages
(moules, huîtres, palourdes) seront aussi analysés.
Et pas
question de se contenter de quelques exemplaires : l'Anses indique qu'il faudra
"échantillonner
70 prélèvements par groupe de denrées". Soit 70 anguilles, 70
muges, 70 huîtres... Légumes, fruits, herbes aromatiques, olives, riz, feront
également partie des analyses programmées. Une liste détaillée des contaminants
recherchés est également précisée, incluant métaux lourds, hydrocarbures,
composés chimiques, etc.
Cette
étude, c'est un peu le dernier étage de la fusée qu'avait lancé le préfet
en 2018 pour contrer les résultats de l'étude publiée par l'ADPLGF.
Des
prélèvements supplémentaires avaient alors été notamment lancés. Depuis,
d'autres études bien connues avaient été lancées (Scenarii, Aigrette 2, celles
du Gipreb notamment), et pour l'État "Actuellement, aucune étude exhaustive
n'a permis de confirmer des faits marquants de contamination des denrées
alimentaires dans la zone d'intérêt". Cette zone désigne le Golfe de
Fos au sens élargi, de la Côte Bleue à Port-Saint-Louis en passant par Fos, Arles
et Salon.
Les grands procès environnementaux auront-ils raison de
l'État ?
La
méthode étant désormais définie, le résultat des premières études n'est pas
attendu avant plusieurs mois. Sans préjuger de leurs résultats, ceux-ci seront
en tout cas le résultat d'une rigueur scientifique qui leur donnera toute
légitimité.
L'étude qui avait tout lancé en février 2018
C'était
un soir de février 2018, dans une salle comble du centre culturel de Fos.
Daniel Moutet, président de l'association de défense et de protection du golfe
de Fos révélait les conclusions d'une étude dont il disposait depuis 2016.
Elle révélait "une présence généralisée des dioxines au sein des
produits d'origine locale. Sept produits titulaires d'une AOP avaient été
testés : le taureau de Camargue, le mouton de Crau, les fromages de chèvres,
les œufs ; les poissons du Golfe, les moules de Carteau, et encore l'huile
d'olive et le foin de Crau. Une bombe, qui avait provoqué l'ire des
producteurs, et provoqué une levée de boucliers des industriels."
En 2018,
cette information relayée dans la presse locale et nationale avait suscité une
forte émotion au sein de la population, commente aujourd'hui la préfecture.
L'expertise de la direction générale de l'alimentation avait constaté la
non-représentativité de ces résultats au regard de l'échantillonnage et des
méthodes d'analyse retenues. Un manque de rigueur scientifique qui avait permis
à l'État de "démonter" l'étude fosséenne. Alors Préfet, Pierre
Dartout avait évoqué "une étude au fondement méthodologique
insuffisante". Un haut fonctionnaire spécialiste de la
question avait ensuite enchaîné les arguments, évoquant des résultats "non
représentatifs", un "laboratoire d'analyse pas accrédité,
avec des prélèvements supérieurs aux seuils réglementaires ne présentant ni
date, ni lieu."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire