Recensement :
L’heure des comptes
L’Insee vient de livrer ses statistiques annuelles. Martigues
tutoie les 50000 habitants, Salon devance Istres...
C'est toujours un moment attendu. Parce que le
recensement de l'Insee, au-delà du simple chiffre de la population, c'est toute
la base sur laquelle l'institut national de la statistique fonde ensuite tous
ses calculs. Lorsque certaines barrières sont franchies, elles ont aussi
quelques conséquences, comme le nombre d'élus au conseil municipal, la dotation
globale de fonctionnement versée par l'Etat... Pour les maires, et les services
municipaux, c'est aussi l'occasion de vérifier si les tendances observées les
années précédentes se confirment, ou de mettre en place des politiques
publiques aptes à renforcer l'attractivité de leurs communes.
Cette année, comme en 2020, pas de grand
chamboulement à noter dans ce tableau, qui reprend la "population
municipale". Martigues tutoie toujours les 50 000 habitants mais ne
franchit pas ce cap symbolique, Salon, longtemps au coude-à-coude avec Istres
semble avoir fait le trou, Vitrolles baisse, tout comme Port de Bouc où
l'arrivée de nouveaux logements et un grand programme de réhabilitation sont
promis à inverser la tendance. Enfin, Châteauneuf-les-Martigues reste le leader
incontesté de la hausse de sa population, ce qui n'a d'ailleurs pas été sans
poser de problèmes en termes d'équipements, écoles ou collège notamment.
Commune par commune, tous les chiffres sont consultables sur le site de
l'Insee.
Martigues, un podium à portée de main
Arles tremble... Martigues arrive ! Cela pourrait être
la morale de ce début d'année à décrypter la dernière fournée des chiffres du
recensement. Avec 48 574 habitants, la Venise provençale confirme son
statut de "ville attractive", portée par sa politique de logements
sociaux notamment, et se rapproche lentement mais sûrement de la barre symbolique
des 50 000 âmes. Une croissance continue - même si elle reste sur un rythme
modeste avec + 1,4 % en 6 ans - qui permet de lorgner sur la
troisième place des villes bucco-rhodaniennes les plus peuplées, menaçant Arles
qui fait grise mine. La petite Rome des Gaules a perdu en route 2 112
Arlésiens, soit un recul de 4,19 % de sa population entre 2013
et 2019. "On ne fait la course contre personne, mais si dans
deux ou trois ans, on est la troisième ville du département, je ne vais pas
m'en plaindre", souriait Gaby Charroux l'an dernier déjà.
Au hit-parade, c'est une autre terre communiste qui
monte : Le Rove, champion de la Côte bleue, qui a passé le cap des 5 000
habitants (5 145 cette année), avec une progression de 12,73 %
entre 2013 et 2019. Une attractivité indéniable, suivant cette
tendance d'habitants qui préfèrent le cadre de vie plus paisible des petites
villes de la périphérie du grand Marseille. Mais un titre de
"champion", avec beaucoup de parcelles privées vendues sur la dernière
décennie, qui ne fait guère grimper au rideau le maire Georges Rosso,
clamant "vouloir rester un village" et qui assure
que cette hausse est programmée pour ne pas être durable. «Notre politique
est axée sur l'environnement et la progression, c'est fini," annonce
l'édile PCF ayant verrouillé les réglementations définies par le plan local
d'urbanisme (PLU) de sa commune, avec un coefficient d'occupation des sols plus
drastique. "Sur les 2 300 hectares de la commune, 2 000 sont
bloqués avec des collines à préserver", prévient le maire d'une
bourgade qui compte à peine 332 logements sociaux.
Suivant une trajectoire similaire, Ensuès est aussi en
pleine croissance (+7,79 % entre 2013 et 2019) pour atteindre
5 783 habitants. "Une évolution maîtrisée, commente Michel
Illac, expliquant une attractivité avec notamment deux programmes
immobiliers livrés sur cette période entre Les Coulins et Val Ricard, (340
logements)", rappelle le maire assurant, qu'au bout de cette
"photographie décalée", "Ensuès a fini de
grandir". Sur la Côte bleue toujours, Sausset reste (presque)
dans les mêmes eaux (-0,97 % soit 7 581 habitants) et Carry-le-Rouet
connaît un certain déclin démographique (-6 % et 5 690 hab.), faisant partie
des communes dites carencées avec un manque de foncier, entre autres exposition
importante aux feux de forêt. Sur la même pente, Port-de-Bouc (-3,24 %) et, à
degré moindre, Fos-sur-Mer (-0,8 %, 15 687 habitants) connaissent un trou
d'air depuis 2013, même si la dernière année de référence amorce un petit
rebond à Port-de-Bouc (+0,5 % pour 16 651 âmes sur 2019), en pleine rénovation
urbaine, pour redonner une nouvelle vigueur à l'urbanisme local.
A Istres : l'augmentation se poursuit
Lentement mais sûrement. La hausse de la population se
poursuit à Istres avec 215 habitants de plus que l'an dernier, soit une hausse
de 0,49 %, pour un total de 43 626. Un chiffre à nuancer car il correspond au
recensement de 2019 et plusieurs livraisons d'immeubles ont eu lieu
depuis, avec forcément une hausse de la population, notamment du côté du
quartier de Trigance. Toujours est-il qu'après avoir passé le cap des 40 000
habitants au début des années 2000, pour atteindre 42 603 au
recensement 2008, la ville d'Istres poursuit son ascension. Une augmentation de
la population qui se fait depuis, de façon plus modérée avec une augmentation
annuelle moyenne de 0,2 % depuis le recensement de 2013 et une
augmentation totale de 689 habitants en six ans, entre les recensements
de 2013 et de 2019. Un chiffre qui place toujours la commune comme la
septième ville du département.
Châteauneuf plébiscité, Vitrolles toujours en tête
Les années passent et le constat reste le même à l'Est
de l'étang de Berre. Malgré un territoire moins vaste et un tiers de population
en moins que sa presque voisine Vitrolles, la commune de
Châteauneuf-les-Martigues reste la plus attractive d'après l'institut de
statistiques. Avec une hausse de plus d'un quart de sa population
entre 2013 et 2019, soit +26,3 % selon l'étude passant ainsi de
13 792 habitants à 17 425, cette année encore, la tendance est à la
hausse. La commune continue de séduire avec + 3,6 % de sa population pour
atteindre 17 606 âmes.
Un nombre qui reste néanmoins loin des deux
mastodontes de l'est de l'étang. Vitrolles, après une baisse annuelle de -1,2 %
sur 6 ans, limite cette fois les migrations avec "seulement"
-0,6 % et atteint 33 333 habitants selon la dernière enquête. Marignane,
après avoir stagné à 33 986 habitants, continue de talonner sa voisine de
Vitrolles avec 32 384 habitants recensés selon les derniers statistiques
de l'Insee avec une légère baisse de -0,8 % en évolution annuelle.
Saint-Victoret reste de son côté la commune la moins
peuplée du territoire Est-étang avec 6 631 âmes. Suivent dans l'ordre
Gignac-la-Nerthe avec 9 887 habitants (contre 9 606 en 2019),
Rognac avec 12 086 résidents contre 12 080 lors de la dernière
enquête. Berre l'étang compte à son tour 13 660 habitants contre
13 520 en 2019.
Salon-de-Provence et Miramas, moteurs de
l'attractivité du territoire
Avec ses 45 386 habitants, Salon-de-Provence est
la cinquième ville la plus peuplée du territoire. Elle est, aussi, au niveau
national, la 140e plus grande commune de France et symbolise, a elle seule,
l'attractivité de ce territoire. Certes, le soleil n'y brille pas plus
qu'ailleurs (dans le Sud) mais la qualité de vie, dans cette ville que l'on
qualifie souvent de "petite Aix", le prix exorbitant du mètre carré
en moins, y est indéniable. Mais les chiffres ont leur revers. "La
ville a grimpé trop vite alors que les infrastructures de services publics
n'étaient pas dimensionnées pour, déplore Nicolas Isnard, le
maire. Nous avons rattrapé le retard mais, surtout, nous avons, avec
mon équipe municipale, souhaité que le nombre d'habitants se stabilise".
Et c'est ce qui est arrivé. Après une hausse marquée (près de 4 000
habitants gagnés entre 2008 et 2019), la population s'est stabilisée
à 45 386 habitants. Pendant longtemps, la "course" à la
population a opposé Salon à Aubagne et si cette dernière a davantage progressé
jusqu'en 2018, elle perd des habitants, ce qui n'est pas le cas de Salon.
"On essaie de privilégier la qualité de vie à la quantité de
population, ajoute le maire. Nous sommes une des plus grandes
villes de France et, à ce titre, nous devons le meilleur à notre population".
L'autre ville du secteur à voir ses effectifs
progresser, c'est Miramas. Naguère décriée, Miramas est devenue la commune en
vogue. Après un léger recul en 2013, la ville a vu sa population augmenter
pour atteindre aujourd'hui 26 428 habitats. "Nous avons eu une
politique d'accession à la propriété forte qui a permis à beaucoup d'anciens
Miramasséens de revenir habiter dans leur ville, se réjouit Frédéric
Vigouroux. Nous avons développé notre offre de logement urbaine avec la
création de beaucoup de logements nouveaux mais, surtout, il ne faut pas
oublier que Miramas est située à seulement trente minutes des grands
centres-villes de la région." Ajoutons à cela un réseau ferroviaire
dense, un prix du mètre carré encore abordable et le développement de l'activité
économique dans le secteur, et l'on aura là les raisons d'un succès tout à fait
légitime pour l'ancienne cité ouvrière.
Statistiques mode d'emploi
La référence statistique porte ici sur "la
population municipale" qui comprend les personnes ayant leur résidence
habituelle sur la commune, hors "la population comptée à part", qui
prend en compte les résidences secondaires, les étudiants ou autres personnes
dans des services de moyen ou de long séjour des établissements de santé,
maisons de retraite, foyers et résidences sociales.
Pourquoi ce délai ?
Les chiffres publiés représentent le nombre
d'habitants au 1er janvier 2019, et une comparaison avec 2013. Selon la méthode
habituelle (avant Covid), chaque commune de moins de 10 000 habitants est
recensée exhaustivement tous les 5 ans (toutes ces communes sont ainsi
réparties dans 5 groupes de rotation). Une enquête tournante sur seulement 1/5e
des communes de moins de 10 000 habitants et qui recompte aussi les chiffres
des villes de plus de 10 000 âmes.
Les chiffres sont arrêtés chaque année à une
"date médiane", ici le 1er janvier 2019.
Effet Covid et méthode adaptée
Du fait de la crise du Covid-19, l'enquête annuelle de
recensement qui devait se tenir en 2021 a été reportée en 2022. L'Insee a
adapté ses méthodes de calcul des populations légales pour pallier ce report et
continuer à produire des populations légales de qualité chaque année.
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