mardi 4 janvier 2022

L’heure des comptes

 

Recensement :

L’heure des comptes

L’Insee vient de livrer ses statistiques annuelles. Martigues tutoie les 50000 habitants, Salon devance Istres...

C'est toujours un moment attendu. Parce que le recensement de l'Insee, au-delà du simple chiffre de la population, c'est toute la base sur laquelle l'institut national de la statistique fonde ensuite tous ses calculs. Lorsque certaines barrières sont franchies, elles ont aussi quelques conséquences, comme le nombre d'élus au conseil municipal, la dotation globale de fonctionnement versée par l'Etat... Pour les maires, et les services municipaux, c'est aussi l'occasion de vérifier si les tendances observées les années précédentes se confirment, ou de mettre en place des politiques publiques aptes à renforcer l'attractivité de leurs communes.

Cette année, comme en 2020, pas de grand chamboulement à noter dans ce tableau, qui reprend la "population municipale". Martigues tutoie toujours les 50 000 habitants mais ne franchit pas ce cap symbolique, Salon, longtemps au coude-à-coude avec Istres semble avoir fait le trou, Vitrolles baisse, tout comme Port de Bouc où l'arrivée de nouveaux logements et un grand programme de réhabilitation sont promis à inverser la tendance. Enfin, Châteauneuf-les-Martigues reste le leader incontesté de la hausse de sa population, ce qui n'a d'ailleurs pas été sans poser de problèmes en termes d'équipements, écoles ou collège notamment. Commune par commune, tous les chiffres sont consultables sur le site de l'Insee.




Martigues, un podium à portée de main

Arles tremble... Martigues arrive ! Cela pourrait être la morale de ce début d'année à décrypter la dernière fournée des chiffres du recensement. Avec 48 574 habitants, la Venise provençale confirme son statut de "ville attractive", portée par sa politique de logements sociaux notamment, et se rapproche lentement mais sûrement de la barre symbolique des 50 000 âmes. Une croissance continue - même si elle reste sur un rythme modeste avec + 1,4 % en 6 ans - qui permet de lorgner sur la troisième place des villes bucco-rhodaniennes les plus peuplées, menaçant Arles qui fait grise mine. La petite Rome des Gaules a perdu en route 2 112 Arlésiens, soit un recul de 4,19 % de sa population entre 2013 et 2019. "On ne fait la course contre personne, mais si dans deux ou trois ans, on est la troisième ville du département, je ne vais pas m'en plaindre", souriait Gaby Charroux l'an dernier déjà.

Au hit-parade, c'est une autre terre communiste qui monte : Le Rove, champion de la Côte bleue, qui a passé le cap des 5 000 habitants (5 145 cette année), avec une progression de 12,73 % entre 2013 et 2019. Une attractivité indéniable, suivant cette tendance d'habitants qui préfèrent le cadre de vie plus paisible des petites villes de la périphérie du grand Marseille. Mais un titre de "champion", avec beaucoup de parcelles privées vendues sur la dernière décennie, qui ne fait guère grimper au rideau le maire Georges Rosso, clamant "vouloir rester un village" et qui assure que cette hausse est programmée pour ne pas être durable. «Notre politique est axée sur l'environnement et la progression, c'est fini," annonce l'édile PCF ayant verrouillé les réglementations définies par le plan local d'urbanisme (PLU) de sa commune, avec un coefficient d'occupation des sols plus drastique. "Sur les 2 300 hectares de la commune, 2 000 sont bloqués avec des collines à préserver", prévient le maire d'une bourgade qui compte à peine 332 logements sociaux.

Suivant une trajectoire similaire, Ensuès est aussi en pleine croissance (+7,79 % entre 2013 et 2019) pour atteindre 5 783 habitants. "Une évolution maîtrisée, commente Michel Illac, expliquant une attractivité avec notamment deux programmes immobiliers livrés sur cette période entre Les Coulins et Val Ricard, (340 logements)", rappelle le maire assurant, qu'au bout de cette "photographie décalée", "Ensuès a fini de grandir". Sur la Côte bleue toujours, Sausset reste (presque) dans les mêmes eaux (-0,97 % soit 7 581 habitants) et Carry-le-Rouet connaît un certain déclin démographique (-6 % et 5 690 hab.), faisant partie des communes dites carencées avec un manque de foncier, entre autres exposition importante aux feux de forêt. Sur la même pente, Port-de-Bouc (-3,24 %) et, à degré moindre, Fos-sur-Mer (-0,8 %, 15 687 habitants) connaissent un trou d'air depuis 2013, même si la dernière année de référence amorce un petit rebond à Port-de-Bouc (+0,5 % pour 16 651 âmes sur 2019), en pleine rénovation urbaine, pour redonner une nouvelle vigueur à l'urbanisme local.

A Istres : l'augmentation se poursuit

Lentement mais sûrement. La hausse de la population se poursuit à Istres avec 215 habitants de plus que l'an dernier, soit une hausse de 0,49 %, pour un total de 43 626. Un chiffre à nuancer car il correspond au recensement de 2019 et plusieurs livraisons d'immeubles ont eu lieu depuis, avec forcément une hausse de la population, notamment du côté du quartier de Trigance. Toujours est-il qu'après avoir passé le cap des 40 000 habitants au début des années 2000, pour atteindre 42 603 au recensement 2008, la ville d'Istres poursuit son ascension. Une augmentation de la population qui se fait depuis, de façon plus modérée avec une augmentation annuelle moyenne de 0,2 % depuis le recensement de 2013 et une augmentation totale de 689 habitants en six ans, entre les recensements de 2013 et de 2019. Un chiffre qui place toujours la commune comme la septième ville du département.

Châteauneuf plébiscité, Vitrolles toujours en tête

Les années passent et le constat reste le même à l'Est de l'étang de Berre. Malgré un territoire moins vaste et un tiers de population en moins que sa presque voisine Vitrolles, la commune de Châteauneuf-les-Martigues reste la plus attractive d'après l'institut de statistiques. Avec une hausse de plus d'un quart de sa population entre 2013 et 2019, soit +26,3 % selon l'étude passant ainsi de 13 792 habitants à 17 425, cette année encore, la tendance est à la hausse. La commune continue de séduire avec + 3,6 % de sa population pour atteindre 17 606 âmes.

Un nombre qui reste néanmoins loin des deux mastodontes de l'est de l'étang. Vitrolles, après une baisse annuelle de -1,2 % sur 6 ans, limite cette fois les migrations avec "seulement" -0,6 % et atteint 33 333 habitants selon la dernière enquête. Marignane, après avoir stagné à 33 986 habitants, continue de talonner sa voisine de Vitrolles avec 32 384 habitants recensés selon les derniers statistiques de l'Insee avec une légère baisse de -0,8 % en évolution annuelle.

Saint-Victoret reste de son côté la commune la moins peuplée du territoire Est-étang avec 6 631 âmes. Suivent dans l'ordre Gignac-la-Nerthe avec 9 887 habitants (contre 9 606 en 2019), Rognac avec 12 086 résidents contre 12 080 lors de la dernière enquête. Berre l'étang compte à son tour 13 660 habitants contre 13 520 en 2019.

Salon-de-Provence et Miramas, moteurs de l'attractivité du territoire

Avec ses 45 386 habitants, Salon-de-Provence est la cinquième ville la plus peuplée du territoire. Elle est, aussi, au niveau national, la 140e plus grande commune de France et symbolise, a elle seule, l'attractivité de ce territoire. Certes, le soleil n'y brille pas plus qu'ailleurs (dans le Sud) mais la qualité de vie, dans cette ville que l'on qualifie souvent de "petite Aix", le prix exorbitant du mètre carré en moins, y est indéniable. Mais les chiffres ont leur revers. "La ville a grimpé trop vite alors que les infrastructures de services publics n'étaient pas dimensionnées pour, déplore Nicolas Isnard, le maire. Nous avons rattrapé le retard mais, surtout, nous avons, avec mon équipe municipale, souhaité que le nombre d'habitants se stabilise". Et c'est ce qui est arrivé. Après une hausse marquée (près de 4 000 habitants gagnés entre 2008 et 2019), la population s'est stabilisée à 45 386 habitants. Pendant longtemps, la "course" à la population a opposé Salon à Aubagne et si cette dernière a davantage progressé jusqu'en 2018, elle perd des habitants, ce qui n'est pas le cas de Salon. "On essaie de privilégier la qualité de vie à la quantité de population, ajoute le maire. Nous sommes une des plus grandes villes de France et, à ce titre, nous devons le meilleur à notre population".

L'autre ville du secteur à voir ses effectifs progresser, c'est Miramas. Naguère décriée, Miramas est devenue la commune en vogue. Après un léger recul en 2013, la ville a vu sa population augmenter pour atteindre aujourd'hui 26 428 habitats. "Nous avons eu une politique d'accession à la propriété forte qui a permis à beaucoup d'anciens Miramasséens de revenir habiter dans leur ville, se réjouit Frédéric Vigouroux. Nous avons développé notre offre de logement urbaine avec la création de beaucoup de logements nouveaux mais, surtout, il ne faut pas oublier que Miramas est située à seulement trente minutes des grands centres-villes de la région." Ajoutons à cela un réseau ferroviaire dense, un prix du mètre carré encore abordable et le développement de l'activité économique dans le secteur, et l'on aura là les raisons d'un succès tout à fait légitime pour l'ancienne cité ouvrière.

Statistiques mode d'emploi

La référence statistique porte ici sur "la population municipale" qui comprend les personnes ayant leur résidence habituelle sur la commune, hors "la population comptée à part", qui prend en compte les résidences secondaires, les étudiants ou autres personnes dans des services de moyen ou de long séjour des établissements de santé, maisons de retraite, foyers et résidences sociales.

Pourquoi ce délai ?

Les chiffres publiés représentent le nombre d'habitants au 1er janvier 2019, et une comparaison avec 2013. Selon la méthode habituelle (avant Covid), chaque commune de moins de 10 000 habitants est recensée exhaustivement tous les 5 ans (toutes ces communes sont ainsi réparties dans 5 groupes de rotation). Une enquête tournante sur seulement 1/5e des communes de moins de 10 000 habitants et qui recompte aussi les chiffres des villes de plus de 10 000 âmes.

Les chiffres sont arrêtés chaque année à une "date médiane", ici le 1er janvier 2019.

Effet Covid et méthode adaptée

Du fait de la crise du Covid-19, l'enquête annuelle de recensement qui devait se tenir en 2021 a été reportée en 2022. L'Insee a adapté ses méthodes de calcul des populations légales pour pallier ce report et continuer à produire des populations légales de qualité chaque année.

 

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