PHOTO SERGE GUÉROULT
Le
souvenir du 9 novembre 1992 reste encore bien vif dans les mémoires. "J'étais chez moi à l'Escaillon
et on a cru qu'une bombe était tombée, ou bien qu'un avion s'était crashé,
se souvient le maire de Martigues, Gaby Charroux. Il y a eu une onde de choc sur tout
l'étang de Berre, les vitres ont explosé. Le souvenir reste très fort !" Hier, soit
trente ans plus tard, jour pour jour, (https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6960944/il-y-a-30-ans-total-la-mede-explosait-retour-sur-un-chaos.htmll'élu était sur les
lieux du drame, aux portes de la raffinerie Total, à La Mède. Avec son premier
adjoint Henri Cambessedes, Jean-Baptiste Saglietti, élu à Châteauneuf et Sylvie
Ladegaillerie, déléguée aux relations avec le quartier de La Mède, ils ont
répondu présent à l'appel du syndicat CGT de la plateforme pour rendre hommage
aux six salariés disparus dans cette explosion.
En fin de
matinée, comme chaque année depuis 1992, des gerbes ont été déposées
devant la stèle pour continuer de faire vivre la mémoire de Fernando, Max,
Émile, Daniel, Gérard et Robert, suivi d'une minute de silence. "Il
est de notre devoir de faire une prise de parole en leur honneur", assure
Fabien Cros, secrétaire CGT du CSE à Total Energies, en essayant d'être bref, et pas
trop passionné". Mais quand il s'agit pour lui de parler
des conditions de travail des employés, dur de ne pas le faire avec le cœur.
"Travailler pour gagner sa
vie et non pas pour la perdre"
"De
l'autre côté de la rue, il y a une stèle aussi de salariés qui se sont
sacrifiés pendant la guerre pour un idéal, celui de la destruction de la
barbarie fasciste. Mais ces salariés-là, poursuit-il en
regardant la stèle avec les six noms, ils se sont levés un matin, ont
embrassé leur femme et enfants, ils sont venus travailler et ils sont morts.
Par pour un idéal. Ils sont morts parce qu'ils ont été sacrifiés par Total et
ça, il faut le garder en tête." Le syndicaliste a rappelé à
l'assemblée, composée de salariés, familles, et de Philippe Billant, directeur
du site, que "les causes de ces décès sont connues".
Organisation
défaillante, manque de salariés, manque de reconnaissance, travail précaire,
manque de maintenance préventive et "le fléau de la sous-traitance",
énumère-t-il. "Total estime qu'il faut se recentrer sur son cœur de
métier, mais ce que Total oublie, c'est qu'on peut avoir le plus beau cœur du
monde, si on n'a pas des poumons et des reins on meurt quand même."
Une
commémoration et l'occasion pour les employés de rappeler "que
nous travaillons pour gagner notre vie et non pas pour la perdre."
"Toutes ces conditions étaient valables il y a trente ans, elles le
sont toujours maintenant. Ils ne sont pas morts parce qu'ils étaient
imprudents, ou parce qu'ils ont fait une faute professionnelle. Ils sont morts
parce que toutes les conditions étaient réunies chez Total pour qu'on en arrive
à ça, et c'est ça qu'il va falloir changer le plus rapidement possible".
"On est là, mais on préférerait ne pas y être", souligne
quant à lui Gaby Charroux avant de pointer du doigt ce qu'a précédemment évoqué
Fabien Cros. "Ce n'est pas Total qui a la responsabilité, c'est
en effet notre gouvernement. La suppression des CHSCT (Comité d'hygiène de
sécurité et des conditions de travail) en 2018, pour affaiblir les
organisations syndicales dans le monde de l'industrie, c'est juste pas
possible. On peut le dire avec force. Je demande au député de ma
circonscription, Pierre Dharréville, de s'élever contre ça, de demander qu'on y
revienne."
En
attendant, le délégué CGT de la raffinerie évoque "la force du collectif pour gagner ce
combat abyssal afin de sauver l'industrie et les emplois, sauver des vies, et
sauver la planète." Un combat à mener pour "ne
plus jamais avoir à commémorer les décès de salariés qui n'ont rien
demandé."
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