jeudi 10 novembre 2022

Commémoration de la catastrophe Total

 

·    09/11/2022 À 18H50

Commémoration de la catastrophe Total :

Des témoignages bouleversants

A l'occasion des 30 ans de l'explosion de la raffinerie Total la Mède, le 9 novembre 1992, qui avait coûté la vie à six salariés de l'entreprise - Gérard Bonzom, Fernando Carrillo, Emile Mansenares, Max Pedduzza, Daniel Seymand et Robert Soro - et causé de graves blessures à deux autres, un double hommage était rendu ce matin à leur mémoire devant l'entrée du site, face à la plaque qui commémore le drame.

En présence des proches et de quelques anciens collègues des victimes, ce sont d'abord les élus du territoire, et en premier lieu le maire de Châteauneuf, Roland Mouren, qui ont respecté une minute de silence puis, deux heures plus tard, en fin de matinée, ce sont les membres du syndicat CGT qui sont venus déposer une gerbe au même endroit.

En vidéo, les propos de Jean RUGGIU, à l'époque âgé de 50 ans, cet aide-opérateur au cracking 3 travaillait dans la même salle de contrôle que ses collègues disparus, il était en famille au moment de l'explosion. Et le témoignage bouleversant de  Janine Soro, la sœur de Robert, dont l'émotion était trop forte pour faire face à l'objectif de notre caméra.

  • 01:10

Trente ans après l'explosion de Total La Mède,

les six salariés jamais oubliés

Hier, un hommage a été rendu aux employés de Total La Mède qui ont perdu la vie en 1992

Par Raphaele Mincone





PHOTO SERGE GUÉROULT

Le souvenir du 9 novembre 1992 reste encore bien vif dans les mémoires. "J'étais chez moi à l'Escaillon et on a cru qu'une bombe était tombée, ou bien qu'un avion s'était crashé, se souvient le maire de Martigues, Gaby Charroux. Il y a eu une onde de choc sur tout l'étang de Berre, les vitres ont explosé. Le souvenir reste très fort !" Hier, soit trente ans plus tard, jour pour jour, (https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6960944/il-y-a-30-ans-total-la-mede-explosait-retour-sur-un-chaos.htmll'élu était sur les lieux du drame, aux portes de la raffinerie Total, à La Mède. Avec son premier adjoint Henri Cambessedes, Jean-Baptiste Saglietti, élu à Châteauneuf et Sylvie Ladegaillerie, déléguée aux relations avec le quartier de La Mède, ils ont répondu présent à l'appel du syndicat CGT de la plateforme pour rendre hommage aux six salariés disparus dans cette explosion.

En fin de matinée, comme chaque année depuis 1992, des gerbes ont été déposées devant la stèle pour continuer de faire vivre la mémoire de Fernando, Max, Émile, Daniel, Gérard et Robert, suivi d'une minute de silence. "Il est de notre devoir de faire une prise de parole en leur honneur", assure Fabien Cros, secrétaire CGT du CSE à Total Energies, en essayant d'être bref, et pas trop passionné". Mais quand il s'agit pour lui de parler des conditions de travail des employés, dur de ne pas le faire avec le cœur.

"Travailler pour gagner sa vie et non pas pour la perdre"

"De l'autre côté de la rue, il y a une stèle aussi de salariés qui se sont sacrifiés pendant la guerre pour un idéal, celui de la destruction de la barbarie fasciste. Mais ces salariés-là, poursuit-il en regardant la stèle avec les six noms, ils se sont levés un matin, ont embrassé leur femme et enfants, ils sont venus travailler et ils sont morts. Par pour un idéal. Ils sont morts parce qu'ils ont été sacrifiés par Total et ça, il faut le garder en tête." Le syndicaliste a rappelé à l'assemblée, composée de salariés, familles, et de Philippe Billant, directeur du site, que "les causes de ces décès sont connues".

Organisation défaillante, manque de salariés, manque de reconnaissance, travail précaire, manque de maintenance préventive et "le fléau de la sous-traitance", énumère-t-il. "Total estime qu'il faut se recentrer sur son cœur de métier, mais ce que Total oublie, c'est qu'on peut avoir le plus beau cœur du monde, si on n'a pas des poumons et des reins on meurt quand même."

Une commémoration et l'occasion pour les employés de rappeler "que nous travaillons pour gagner notre vie et non pas pour la perdre." "Toutes ces conditions étaient valables il y a trente ans, elles le sont toujours maintenant. Ils ne sont pas morts parce qu'ils étaient imprudents, ou parce qu'ils ont fait une faute professionnelle. Ils sont morts parce que toutes les conditions étaient réunies chez Total pour qu'on en arrive à ça, et c'est ça qu'il va falloir changer le plus rapidement possible".

"On est là, mais on préférerait ne pas y être", souligne quant à lui Gaby Charroux avant de pointer du doigt ce qu'a précédemment évoqué Fabien Cros. "Ce n'est pas Total qui a la responsabilité, c'est en effet notre gouvernement. La suppression des CHSCT (Comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail) en 2018, pour affaiblir les organisations syndicales dans le monde de l'industrie, c'est juste pas possible. On peut le dire avec force. Je demande au député de ma circonscription, Pierre Dharréville, de s'élever contre ça, de demander qu'on y revienne."

En attendant, le délégué CGT de la raffinerie évoque "la force du collectif pour gagner ce combat abyssal afin de sauver l'industrie et les emplois, sauver des vies, et sauver la planète." Un combat à mener pour "ne plus jamais avoir à commémorer les décès de salariés qui n'ont rien demandé."

 

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