Black Friday :
Ne croyez pas (trop) au Père Noël
Ce vendredi est marqué par la grand-messe du
"Black Friday", jour de promotions qui déborde désormais sur tout le
mois de novembre
Par Olivier Lafont
-20, -30 et parfois -50% : les offres du "Black Friday" s’étalent
aujourd’hui partout dans les boutiques et sur internet. Avec parfois des remises
pas si intéressantes.
PHOTO ARCHIVES VALÉRIE VREL
Dans cette enseigne d'électroménager du
centre-ville de Marseille, ce jeudi après-midi, des pyramides de cartons empilés
trônent au milieu des rayons. Cafetières, téléviseurs, enceintes connectées ou
ordinateurs : sur de larges étiquettes aux prix barrés s'affichent des
réductions entre -5 et -40% pour les meilleures offres. Partout, en lettres
sang et noir, des affiches titrées Black Friday annoncent l'événement.
Julien, la quarantaine, parcourt les
allées en scrutant les meilleures offres. "Je viens chaque année à
la même période et j'en profite pour faire mes achats de Noël, témoigne ce
néo-Marseillais originaire du Nord. Là je repère et ce soir ou demain
j'achèterai. Je ne sais pas si c'est à chaque fois une bonne affaire mais j'ai
l'impression de m'y retrouver."
De bonnes affaires, vraiment ? Depuis une dizaine
d'années en tout cas, cette tradition américaine d'un grand déstockage organisé
juste après Thanksgiving a trouvé sa place en France, au point que les gros
distributeurs déclinent cette journée (presque) tout au long du mois de
novembre.
"C'est une opération commerciale qui a connu un
certain succès mais qui marque le pas depuis quelques années, détaille Grégory Caret, directeur de l'Observatoire
de la consommation à l'UFC-Que Choisir. C'était traditionnellement une
période commerciale un peu creuse après les vacances, la rentrée et avant les
achats de Noël ; Amazon a apporté cette journée en Europe et peu à peu les
distributeurs ont élargi la période."
Toujours selon l'association de consommateurs, les
commerçants attendent beaucoup cette année de cette opération car les ventes
ont été faibles en équipements de la maison en raison de l'explosion des prix
de l'énergie et de l'alimentation. Faut-il pour autant craquer sans hésiter ?
Pas sûr.
"Il y a un écart entre la réalité des bonnes
affaires que vous pouvez réaliser et les promesses des devantures et surtout des
sites internet, prévient Grégory Caret. Ce n'est
pas propre seulement au Black Friday mais à tous les achats sur le web : les
marqueteurs promettent une belle remise. La réduction doit s'afficher sur le
prix le plus bas proposé dans les 30 jours qui précèdent la promotion. Mais
rien n'empêche l'enseigne d'augmenter le prix 30 jours avant !" Autre
ambiguïté : le professionnel peut comparer le prix réduit avec celui affiché
par d'autres professionnels, la loi l'autorise à le faire depuis le printemps
dernier. "Ce n'est alors pas un prix de réduction mais de
comparaison et pour le consommateur, c'est compliqué à repérer puisque
l'apparence est la même. Il faut aller lire les alinéas", note le
spécialiste.
Gare enfin aux rabais sur des modèles en fin de série
: "Le prix des produits high-tech évolue très vite, observe
Grégory Caret. Si on prend l'exemple d'une machine à café à broyeur
sortie sur le marché il y a deux ans, son prix catalogue d'origine n'a plus
rien à voir avec les prix pratiqués aujourd'hui sur ce genre de produits."
Pour le consommateur, il faut donc prendre son temps,
ne pas se précipiter sur une prétendue "bonne affaire" et
réaliser sa petite étude de marché. En pratique, cela impose de repérer
quelques références de produits, noter les prix et observer leur
évolution. "En conclusion, il faut raison garder, tranche
l'observateur de l'UFC-Que choisir. On a comparé des centaines de
milliers d'offres du Black Friday par rapport au jour d'avant ou au jour
suivant et il n'y a pas de baisse significative sur le prix moyen. Les très
bonnes affaires sont rares, de l'ordre de -20% en moyenne. -50% et -70% ça
n'existe pas."
Lire également l'enquête et des exemples
de produits estampillés "Black Friday" sur le site www.quechoisir.org
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