mardi 14 novembre 2023

Le crabe bleu

 

Le crabe bleu va-t-il envahir

L’étang de Berre ?

Présent depuis les années 60 dans l’étang de Berre, cette espèce invasive, qui bouleverse les écosystèmes des lagunes du Languedoc, du Roussillon et de Corse, gagne peu à peu du terrain.



Le crabe bleu est aussi impressionnant qu’inquiétant. Et il fait de plus en plus parler de lui. Depuis quelques années, il colonise les étangs du Languedoc, du Roussillon, de Corse. Dans l’étang de Canet, Pyrénées Orientales, les pêcheurs en ont remonté 14 tonnes l’an dernier, en seulement cinq mois de pêche.

 Espèce invasive originaire des côtes atlantiques américaines, pouvant mesurer 20 centimètres et capable de nager sur de grandes distances, ce crabe est un redoutable prédateur, qui dévore les autres crabes, ainsi que poissons et coquillages. Ses pinces sont assez puissantes pour couper les mailles des filets des pêcheurs. Or, dans l’étang de Berre, il semble que ce beau crabe envahissant soit en train de gagner du terrain.

 "Il y en avait peu, mais depuis sept ou huit mois, la population monte doucement en puissance, donc on surveille, signale William Tillet, premier prud’homme de pêche du quartier de Martigues. C’est une inquiétude, on en parle entre nous mais personne n’a encore de stratégie. C’est une espèce invasive et très agressive, Il n’a pas beaucoup de prédateurs, donc il est en haut de la chaîne alimentaire dans l’étang de Berre."

 "Cette fin d’été, il a été beaucoup plus vu", confirme Raphaël Grisel, directeur du Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre (Gipreb), qui rappelle que l’espèce n’est pour autant pas une nouvelle venue dans le paysage local. "Il est là depuis les années 60. L’étang de Berre, c’est un des premiers endroits en France où il a été observé."

 Renfort de population ou évolution des températures

 Comment expliquer alors que le crabe bleu ait attendu cet été pour s’y multiplier ? Pour le Gipreb, les pistes sont multiples : il a pu bénéficier d’un renfort de population, puisque l’espèce est très présente en Languedoc et qu’elle se déplace quand elle n’a plus rien a manger ; peut-être que la hausse de la température de l’eau, ou les variations de salinité, font que les conditions de vie dans l’étang se rapprochent de leur optimum vital.

Toujours est-il que l’organisme ne reste pas les bras croisés : "On envisage un dépôt de demande d’aides auprès du fonds vert dédié au ramassage et à la destruction des espèces invasives, on espère d’ici 2024, continue Raphaël Grisel. Si on n’agit pas vite, il va se développer et on ne pourra plus rien faire." L’autre solution, que certains ont envisagée en Languedoc comme en Corse, c’est sa commercialisation à des fins culinaires.

 "Ça se consomme et c’est même très bon, assure William Tillet, qui estime cependant une telle possibilité délicate à mettre en Å“uvre. On n’a pas encore essayé la pêche commerciale, mais il est possible que le marché ne soit déjà pas loin d’être saturé. En Afrique du Nord, on le pêche énormément. Et on sait que là-bas, ils laissent à l’eau les femelles grainées [c’est-à-dire qui portent des Å“ufs, NDLR]. Donc on n’est pas près d’éradiquer l’espèce."

Nicolas PUIG

 

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