LU DANS LA PROVENCE DU 2*9/08/2019
Au secours, notre planète
brûle !
De l’Afrique à l’Asie,
de l’Amérique à l’Océanie ou l’Europe,
des dizaines de milliers de feux ravagent la Terre
Notre
maison brûle et nous regardons ailleurs." Cette phrase de l’ancien
Président Jacques Chirac, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg, résonne plus
que jamais près de 17 ans après son appel. Et pour cause, Amazonie,
Afrique subsaharienne,
Sibérie ou encore Canada…
Partout
les feux de forêt ont été dévastateurs pour la planète ces dernières semaines.
Même si les incendies
sont courants en cette période de l’année, c’est leur nombre inquiétant qui
alerte la communauté scientifique.
Près de
50000 incendies ont ainsi été recensés par la Nasa dans le monde entre les 27
et 28 août, dont près de 9000 rien qu’en Amérique du Sud. Et pas moins de 30
000 en Afrique australe !
Des millions d’hectares
partis en fumée, des rejets de carbone dans l’atmosphère, un dérèglement de la
biodiversité, des milliers de personnes chassées de chez elles et un manque
d’actions concrètes de la part des gouvernements. Un constat d’autant plus
triste que le président brésilien Bolsonaro joue avec la communauté internationale.
Dénonçant une position "colonialiste" de la part des membres du G7
qui lui propose une aide de 20 millions de dollars pour lutter contre les
incendies qui ravagent son continent, il se rétracte ensuite face à l’ampleur
du phénomène.
De l’Afrique à
l’Asie, de l’Amérique à l’Océanie ou l’Europe, des dizaines de milliers de feux
ravagent la Terre bien qu’une prise de conscience soit apparue sur les réseaux
sociaux concernant l’Amazonie sous le hashtag #PrayForAmazonia, elle n’est malheureusement
pas la seule zone touchée par ces feux.
L’Afrique
australe est également ravagée par des incendies, encore plus dévastateurs que
ceux du Brésil. Particulièrement en Angola, Zambie et République démocratique
du Congo. Dans une récente étude, la Nasa estime ces feux à "70% des
terres brûlées sur l’ensemble de la planète." Fin juillet, la Sibérie
avait également connu des incendies d’une telle ampleur que le président russe,
Vladimir Poutine avait dû faire intervenir l’armée. Environ 13 millions
d’hectares de ses forêts boréales sont partis en fumée depuis le début de
l’année, selon Greenpeace. Sans oublier les incendies qui ont ravagé les forêts
de Colombie- Britannique à l’ouest du Canada.
"Effet
dominos" ? Mais comment
expliquer que ces feux prennent une telle ampleur ? aussi rapidement ?
Cela est dû à "un effet dominos" du processus de propagation des flammes,
répond Anthony Colin, responsable de l’équipe Feux du Lemta (Laboratoire d’énergétique
et de mécanique théorique et appliquée). "Si j’approche d’un arbre avec
une allumette je ne risque pas d’y mettre le feu, explique le scientifique. Mais
si vous avez une chaîne de combustibles cela peut aller très vite : l’allumette
va enflammer une petite litière qui va ensuite allumer un feu de broussaille et
ainsi de suite jusqu’à atteindre la cime des arbres et dévaster plusieurs
hectares." Dans des zones comme l’Amazonie ou la Sibérie ce phénomène
atteint des vitesses vertigineuses.
Une
accumulation de facteurs "Il ne fait aucun doute que cette augmentation
des incendies est associée à une forte augmentation de la déforestation", affirme
Paulo Artaxo, physicien de l’atmosphère à l’Université de São Paulo dans la
revue Science. Une information confirmée par l’Institut de recherche ? environnementale
de l’Amazonie (Ipam), selon lequel les dix zones les plus touchées par les incendies
sont celles qui ont subi la plus grande déforestation. Une situation qui, pour
beaucoup, est due à la politique favorable de Bolsonaro en la matière.
En cause
également, les températures records de cette saison estivale. Le mois de
juillet a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre, selon l’administration
américaine de l’océan et de l’atmosphère (Noaa). Bien qu’il n’y ait pour le
moment "aucune preuve tangible" de causalité, Anthony Colin, voit un
lien direct entre réchauffement climatique et incendies de forêt, "la
végétation ne retrouve pas son niveau d’hydratation initiale à cause de
l’élévation de la température, détaille le chercheur. Il peut y avoir un effet
d’accumulation des zones en manque d’eau années après années ce qui favorise
les départs de feux". "L’un des éléments majeurs en cause est
l’activité humaine", dénonce-t-il. Un cercle vicieux de pollution La
pollution atmosphérique, source de réchauffement climatique, favorise donc les
départs de feu. Un cercle vicieux puisque les incendies vont eux-mêmes
contribuer à créer davantage de pollutions, la mort des arbres libérant tout le
carbone qui y est stocké depuis des décennies. Selon l’agence spatiale
européenne (Esa), "on estime actuellement que les incendies sont
responsables de 25 à 35% des émissions annuelles totales de gaz à effet de
serre dans l’atmosphère". Au-delà de la situation actuelle, les
conséquences pour l’environnement pourraient être désastreuses. À long terme.
Ou même avant.
Yacine ZEHANI
Un
incendie dans la forêt Amazonienne, le 24 août
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