jeudi 19 septembre 2019

"Tara" remonte la Piste des plastiques



Loin de toutes les polémiques qui agitent régulièrement le dossier de l’étang de Berre, des scientifiques ont échangé hier en toute tranquillité sur le pont de "Tara".
Le directeur et les chargés de mission du Gipreb, les chercheurs de l’institut écocitoyen de Fos ont pu découvrir la campagne actuelle du voilier, parti à la traque des microplastiques, avec les explications de Valérie Barbe, l’une des scientifiques du bord, dépendant du CEA/Génoscope.
Si l’escale ne faisait pas partie de la mission proprement dite, qui se consacre aux dix plus grands fleuves européens (lire par ailleurs), elle a permis aux scientifiques d’embarquer ensemble à bord de semi-rigides pour participer au même type d’expériences. Son but ? Comme dans les fleuves, traquer les microplastiques, ces "billes" qui ne font parfois que quelques microns et envahissent les océans à longueur d’année, en des quantités phénoménales.
Si leur présence a été mise en évidence, notamment dans le Rhône, avant et après Arles, restait à savoir si elle était effective dans l’étang de Berre. Aucune étude n’ayant été menée sur le sujet, les résultats d’hier étaient attendus avec curiosité par les chercheurs locaux. Pour les mesurer, les scientifiques des "Tara" ont une méthode précise, éprouvée dans la Tamise, la Seine, le Rhône, le Tibre…
"Nous faisons des "traits de filet", explique Valérie Barbe. Pendant une demi-heure, à un point donné, nous effectuons un prélèvement, à l’aide de filets aux mailles très fines, de 25 à 300 microns (soit 0,3 mm)." De retour à bord, l’échantillon est observé, conditionné, puis envoyé aux quinze laboratoires qui travaillent avec la fondation Tara.
Mais dès hier en début d’après-midi, les premières observations confirmaient la présence de plastiques. Le contraire aurait été étonnant…
"J’ai vu ce que nous appelons des "larmes de sirène", commentait Valérie Barbe. Un joli nom pour quelque chose qui n’est pas terrible…
C’est une très petite bille de plastique, de quelques microns, faite de polyéthylène."
Un produit, ironie du sort, qui est produit dans les usines pétrochimiques du coin, avant d’entrer dans le circuit de fabrication du plastique, et de revenir donc à l’état de déchet.
Après une journée riche en échanges, en lien avec l’association "Le bureau des guides", "Tara" a largué les amarres. Cap sur Antibes et Monaco, avant une escale officielle prévue à Marseille du 27 septembre au 2 octobre, devant le Mucem. Les visites à bord, interdites hier, seront alors possibles, et l’équipe déploiera tout son savoir pédagogique pour sensibiliser le grand public à la pollution qui frappe les mers du globe.
"Tara est allée un peu partout dans le monde pour évaluer son impact. Mais on peut se rendre qu’elle est aussi présente, chez nous." Et que le plastique à usage unique, ce n’est vraiment pas fantastique.
Éric GOUBERT



Au cœur du laboratoire de Tara, Valérie Barbe analyse un échantillon, qui confirme la présence de microplastique dans l’étang. / PH S. GUÉROULT




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