Lundi 9 Novembre 2020 Le
fait Du jour
Gaby
Charroux demande
"l’état
de catastrophe
naturelle"
Dans ce
matin chagrin, où Martigues panse ses plaies, le maire Gaby Charroux a fait une
tournée de quelques sinistrés hier. Derrière "le soulagement de ne pas
déplorer de victimes", le maire partageait "l’émotion" d’une
ville touchée en plusieurs endroits; même si pour la coulée de boue au niveau de
Bargemon (là où était parti l’incendie cet été) glissant sur les parkings de
Font-Sarade, on en était quitte juste pour un grand nettoyage. Il n’empêche certaines
images, "ces cratères de sable sur la plage de Sainte-Croix",
"les murs tombés parfois en un seul morceau" ou encore "les
dégâts dans des maisons", marquent. "C’est assez terrible ! prolonge le
maire. Ça arrive après un tas d’emm…,
après les incendies, avec
le confinement, ça fait beaucoup. C’est évidemment préoccupant", lâche Gaby
Charroux qui va demander à l’État dès ce matin que "la commune soit
reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des inondations." Un
petit coup de pouce pour appuyer les dossiers auprès des compagnies d’assurance
de sinistrés partis dans le long combat de reconstruction après avoir
vécu déjà des pertes cet
été pour la plupart. "Même avec la bonne volonté de certains, des amis…
j’ai vu chemin des Bastides une maison qui n’est pas habitable dans l’état. On
est à leurs côtés. On va voir
ente la Ville et les
assureurs pour reloger". Quant à la colère qui remonte chez certains
riverains, notamment des Tamaris, reprochant "de ne pas avoir anticipé
après l’incendie", le maire répondait que "la Ville sera auprès de
ceux qui en ont besoin comme d’habitude. On ne peut pas défier la nature, il y
a des conséquences de l’incendie avec des terres ravagées où l’eau de pluie
n’est plus retenue au-delà d’un phénomène météo. Il n’y a jamais eu autant
d’eau en si peu de temps."
P.S.
Couronne Une nuit
d’enfer. Encore ! Un ciel transformé en stroboscope, des éclairs et des pluies
diluviennes. Le déluge! Plusieurs habitations les pieds dans l’eau, des vies de
riverains martyrisées jusqu’à des scènes parfois surréalistes, comme cet
immense mur de clôture à l’horizontale, coupé net depuis sa base, comme s’il
avait été tranché par une lame foudroyante dans une propriété à La Couronne. En
plusieurs quartiers et communes, des mêmes barres de ciment ou de murs de
pierres en lambeaux.
Après les incendies de l’été,
les fortes pluies qui se sont abattues la nuit précédente sur les
Bouches-du-Rhône, placées en "vigilance orange" aux orages, pluies et
inondations dès samedi, ont fait de nombreux dégâts.
En contrebas de la route des
Bastides qui mène vers Sausset- les-Pins, Frédéric décrit "un fleuve
qui a déboulé et a traversé le jardin". Alors qu’un voisin plus
haut, sur le chemin de Sainte-Croix, n’en finit plus de sortir des brouettes de
boue, collée partout autour de sa villa, ici, on devine une avalanche de
pierres, encerclant le chalet de bois de Frédéric. Le signe de l’éboulement de
son mur de clôture. Un débit monumental d’eau dégueulant partout, débordant d’un
immense caniveau le long d’un large chemin d’accès à la propriété pour taper contre
le mur de clôture qui a fini par céder. "On avait plus de 50
centimètres d’eau dans le chemin. En 10 ans, on n’a jamais vu ça,
même si on a connu une première inondation début septembre". Le
deuxième effet de l’incendie du 4 août et d’une nature complètement dénudée, devenue
presque un tremplin pour cette propriété qui porte encore les stigmates des
flammes de l’été, à flanc de colline, avec un garage qui a été complément détruit,
entre autres pertes.
"Ce qui avait été sauvé cet été est
noyé"
Même peine chez Failla,
500 mètres plus loin sur cette route des Bastides
Décidément maudite, les pieds dans la boue, avec la police
municipale constatant les dégâts. Sur la terrasse, de la terre partout, une
piscine en eau de boudin. La famille, les amis, chacun y va de son coup de
raclette dans le vrombissement d’un Karcher. "L’eau est rentrée de
partout. On s’est levé vers 5 h, on était cerné. J’ai tenté d’ouvrir
la porte d’entrée, je me suis retrouvée presque projetée, j’avais du
bois qui rentrait dans la maison". Et une bonne soixantaine de
centimètres de flotte au rez-de-chaussée jusqu’au pompage d’urgence par les
pompiers.
Dans l’anse des Tamaris,
la grosse mare en plein milieu de la route fait déborder une certaine colère
aussi. Nicolas éponge ce qu’il peut dans son habitation bordant le camping.
Cerné lui aussi. "C’est rentré par-devant et par le mur du camping
sur l’arrière", raconte-t-il. Dans ce petit port, on pointe les
évacuations obstruées par les algues et tous les déchets de végétaux charriés
par l’abondance des eaux de ruissellement depuis les terrains sinistrés. Comme
une double peine. "On n’en peut plus ! se désole Joël, un voisin,
en montrant cette marque au mur, signe de la montée des eaux. Le feu, et
maintenant l’eau ça fait beaucoup ! Mais regardez (vers la plage),
il y a des tonnes d’algues, ça stagne. Certes, c’est la nature,
mais on ne fait rien! Ça fait des années que l’on réclame des travaux à la
mairie pour régler ces problèmes d’évacuation. On nous répond: «Ce
n’est pas nous !" Ça traîne et maintenant voilà nous sommes
des sinistrés. Y a tout qui est mort, tout est perdu". L’électroménager,
la télé… en priant pour que la voiture tienne le choc cette fois, lui qui vient
de la changer, parce que la précédente a fini carbonisée !
Comme un retour en enfer,
un air d’acharnement aussi. «Il ne nous restait déjà pas grand-chose… Ce qui
avait été sauvé cet été est noyé", se désole Frédéric PAPPALARDO,
propriétaire du camping Les Tamaris, déjà ravagé par le feu. Le patron a
retrouvé ses bureaux ou encore les moteurs des frigos de l’épicerie, miraculée
cet été, dans la flotte hier. Nouvelles scènes de dépit, nouveaux cœurs lourds
et une reconstruction qui sera un peu plus longue…
Pascal STELLA
De la boue,
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