jeudi 29 avril 2021

Le virus continue à circuler de façon Extrêmement active

La légère décroissance évoquée par le gouvernement n'est pas encore visible à l'hôpital de Martigues où Loïc Mondoloni rappelle l'urgence à respecter les gestes barrières, même en étant vacciné.


Loïc Mondoloni

Directeur général de l'hôpital de Martigues :

"Le virus continue à circuler de façon

Extrêmement active"

Avec 61 patients hospitalisés pour Covid et un certain besoin d'oxygène, rien n'est encore gagné... Le directeur général de l'hôpital Loïc Mondoloni fait le point sur la situation sanitaire.

Quelle est la situation sur le front du Covid ? Est-ce que ce troisième confinement fait vraiment baisser l'épidémie ?      

Si, à l'échelle de la région Sud, on commence à avoir les premiers effets avec un taux d'incidence qui s'est stabilisé, voire commence très légèrement à s'infléchir, comme sur la courbe des hospitalisations, il y a des différences importantes selon les départements. Dans les Bouches-du-Rhône, les données continuent à monter. Aujourd'hui, on compte 61 patients hospitalisés pour raison de Covid. Cela reste un plateau haut, parmi les plus hauts même que l'on ait connu depuis les trois vagues. C'est surtout un plateau long dans la durée, avec des évolutions dans la prise en charge entre l'hospitalisation dite traditionnelle et les secteurs de réanimation où on est parfois à 10-11 patients et jusqu'à 20 personnes qui relèvent de soins critiques. Cela signifie que le virus continue à circuler de façon extrêmement active et qu'il ne faut pas baisser la garde en termes de respect des gestes barrières.

Quel est le portrait-robot des patients admis à l'hôpital ces dernières semaines ?

On est sur une moyenne d'âge de 65 ans sur le début de l'année au niveau des hospitalisations avec 55 % d'hommes et même 65 % en réanimation. La moitié des patients a moins de 65 ans.Le rajeunissement se confirme. On a toujours autant de décès et devons faire face à des cas avec des troubles en termes de détresse respiratoire et de nécessité d'oxygénation de patients.

Est-ce qu'en termes d'organisation, les lignes ont bougé, notamment sur les capacités en réanimation ?

Nous avons 12 lits de réanimation au total. On est passé de 6 lits dédiés à des cas Covid à 11 aujourd'hui. Nous avons créé des lits dédiés à des patients en détresse respiratoire, une dizaine hébergée dans d'autres secteurs d'hospitalisation.

Quel est l'impact sur l'activité non Covid, poursuivez-vous les déprogrammations ?

Il y a malgré tout un maintien de l'activité chirurgicale pour tout ce qui ne peut pas être déprogrammé ou reprogrammé. La consigne de déprogrammation a été fixée par l'Agence régionale de santé, on ajuste de façon hebdomadaire, cela représente un taux de déprogrammation de 40 %, sous réserve de prendre en charge les urgences, les cancers et les patients qui pourraient pâtir de perte de chances.

On a une mobilisation et une coordination entre les établissements de santé, qu'ils soient publics ou privés, qui est à souligner. On s'est rapproché des cliniques de Martigues et Marignane en particulier. Lorsque l'on arrive à un certain seuil de saturation, on procède à un transfert de patients. C'est un volume de 3 à 5 patients chaque semaine et une coopération avec le privé dont on peut se réjouir.

Est-ce que vous avez une cartographie des cas et plus de recul sur la question des variants ?

On reste essentiellement, voire quasi exclusivement sur des cas de variant anglais.

Alors qu'une mutation fait des ravages en Inde, doit-on s'inquiéter de ce nouveau variant ? En tout cas, n'est-ce pas le rappel que cette épidémie reste difficile à cerner et imprévisible ?

Il faut rester vigilant à l'évolution de l'épidémie, mais encore une fois, on reste sur le variant anglais aujourd'hui. L'incertitude relative à l'impact de la transmission des variants impose de ne pas relâcher les efforts. Même si on est vacciné et même si demain, l'État décide un assouplissement avec des réouvertures, il faut maintenir une véritable vigilance et continuer respecter les gestes barrières.

On reste dans les Bouches-du-Rhône sur une marée haute, mais le gouvernement parle de rouvrir les vannes de manière progressive. Est-ce tenable selon vous ?

Pour notre département, cela reste tendu. Je ne cache pas que ce serait une inquiétude. Aujourd'hui, la réouverture sur notre territoire ne me paraît pas adaptée vu notre situation.

Quel est l'état des troupes, on imagine que les besoins en remplacement ou en renfort sont un autre enjeu après une lutte depuis plus d'un an ?

Le sentiment général est la fatigue car l'attente est longue avant de voir la courbe fléchir et les résultats concrets des mesures de freinage. La pression physique et psychologique est importante, et il faut saluer une fois encore tout l'investissement de la communauté médicale pour garder le cap dans cette période inédite.

La seule solution de s'en sortir, c'est de monter en puissance sur la vaccination ?

C'est une lumière. On vit une situation paradoxale. Il y a d'un côté un volume important de patients qui restent à prendre en charge avec des conditions techniques et logistiques drastiques pour gérer les deux flux Covid et non-Covid. De l'autre, nous avons notre Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) du Vallon, où nous réfléchissons sur le monde d'après et les protocoles pour envisager la réouverture progressive de la structure avec un retour à la vie collective pour les résidents qui, pour la plupart, ont été vaccinés avec les personnels soignants. On oscille entre une situation critique en "médecine, chirurgie, obstétrique" (MCO) et l'Ehpad qui a passé le cap de la vaccination et pour lequel on tend vers un retour presque normal de ce que l'on connaissait avant. On a la preuve que la vaccination permet de retrouver la vie. Même si, encore une fois, le temps des gestes barrières n'est pas terminé !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Plages des Laurons