Le tribunal de Marseille se
déclare
Incompétent pour juger EDF
ENVIRONNEMENT Le tribunal de Marseille devait se pencher sur les rejets massifs
d’eau douce dans l’Etang de Berre par EDF à l’été 2018 au cours duquel une
catastrophe écologique avait frappé cette lagune
20 Minutes avec AFP
Publié le 04/07/22 à 12h46 — Mis à jour le 04/07/22 à 16h41
Le tribunal correctionnel de Marseille
s’est déclaré territorialement incompétent lundi pour juger les rejets massifs
d’eau douce dans l’Etang de Berre d’EDF.
Selon les parties civiles, ces rejets
avaient été à l’origine d’une une grave crise écologique à l’été 2018.
Mais ces rejets s’effectuant au niveau
de Saint-Chamas, le tribunal de Marseille a estimé que le parquet
d’Aix-en-Provence était la juridiction compétente.
Le
tribunal correctionnel de Marseille s’est déclaré territorialement
incompétent lundi pour juger EDF dont les rejets massifs d’eau douce dans l’Etang de Berre ont contribué, selon les parties civiles,
à une grave crise écologique à l’été 2018. Le tribunal a considéré qu’il
n’avait « pas de compétence territoriale ordinaire » dans cette
affaire, le parquet, à Saint-Chamas, où est située l’usine EDF,
étant celui d’Aix-en-Provence. Le parquet de Marseille dispose
d’un pôle spécialisé en matière d’atteintes à l’environnement mais, a rappelé
la présidente du tribunal Céline Ballerini lundi, « seul le procureur de la République » peut saisir une
juridiction spécialisée, pas les parties civiles.
A l’été
2018, des milliers de poissons avaient péri dans ce qui est une des plus
grandes lagunes méditerranéennes d’Europe et
des herbiers avaient souffert, victimes d’une « anoxie » sans
précédent, une absence d’oxygène fatale causée notamment par une forte chaleur
et l’absence de vent. Un phénomène aggravé, selon le Gipreb (le syndicat de
l’étang de Berre), par un turbinage intensif, dans les mois précédents, de la
centrale hydro-électrique de Saint-Chamas. Outre la « remise en état
durable » de l’écosystème, notamment par une nouvelle limitation de ses
rejets d’eau douce, le Gipreb demandait à EDF près de 14 millions d’euros
au titre des préjudices économique et écologique.
Le comité
régional des pêches maritimes, également partie civile, a demandé 50.000 euros
au titre de son préjudice tiré de l’atteinte à sa mission de protection de
l’environnement. A la barre, lors de l’audience le 2 mai, un ingénieur en
biologie marine, Patrick Astruch, avait estimé que les déversements d’eau douce
d’EDF étaient « clairement un des facteurs » de cette crise
écologique.
Un étang à l’équilibre précaire
Interrogé
après le jugement lundi, Didier Khelfa, maire de Saint-Chamas, a estimé que
malgré la décision du tribunal « un éclairage a été apporté sur
l’équilibre précaire de notre étang ». Cette année, a-t-il annoncé,
« pour la première fois un organisme vivant a été observé tout au fond de
l’étang, alors que d’habitude à ces profondeurs la stratification est telle que
c’est impossible ». Une bonne nouvelle qui s’explique selon lui par le
fait qu’EDF « a cessé de turbiner en février ».
Depuis
2020, une concertation associant tous les acteurs du territoire, et notamment
EDF, évalue les bénéfices d’une réduction des déversements d’eau douce. Fin
juin, du fait notamment de l’invasion de l’Ukraine et des menaces énergétiques
sur la France, EDF a annoncé suspendre l’expérimentation
des quotas sur Berre « afin de préserver autant que possible les capacités
de production de la chaîne hydroélectrique Durance-Verdon à laquelle appartient
l’usine de Saint-Chamas ».
L’entreprise
fournit un tiers de l’électricité de Provence-Alpes-Côte-d'Azur grâce à ses
centrales hydroélectriques.
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