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01/03/2022 À 09H42
Le bromoforme, dérivé du chlore,
Jusqu’à 100 fois plus concentré
Dans le golfe de Fos qu'ailleurs1
Crédit photo Institut écocitoyen
pour la connaissance des pollutions.
Une
étude sur l'impact des sous-produits du chlore a été menée par l’Institut
écocitoyen pour la connaissance des pollutions, dans le cadre de son projet
Fos-Sea, avec le concours du laboratoire de Chimie Environnement de
l’université d’Aix Marseille. Les résultats ont été publiés dans une revue
scientifique de renom.
Le chlore est utilisé par
les industriels du golfe de Fos pour ralentir la prolifération d'algues dans
les conduites. En effet certains industriels utilisent de l’eau de mer pour
refroidir ou réchauffer leurs circuits. C’est le cas des deux centrales
électriques d’Engie à Fos, d’ArcelorMittal ou encore des deux terminaux
méthaniers d’Elengy. « Le chlore est peu concentré au départ,
mais les débits d’eau de mer sont très élevés donc, au final, ça finit par
faire des quantités de chlore importantes qui sont déversées dans la mer",
explique Julien Dron, responsable scientifique de l’Institut.
Une fois rejeté en mer,
le chlore se transforme très vite, en quelques minutes, notamment en
bromoforme, un produit très volatile qui s’évapore dans l’atmosphère. « Le bromoforme est 10 à 10 000 fois plus élevé dans le
golfe que dans le milieu naturel, même à l'écart des rejets »,
constate l’institut. En s'évaporant rapidement dans l'air, il affecte aussi la
couche d'ozone et participe au dérèglement climatique.
Des concentrations en bromoforme très élevées
« En l’état
actuel des connaissances, on ne peut pas dire qu’il y ait un impact direct pour
la santé humaine, souligne Julien Dron, sauf pour
les salariés de ces sites industriels qui, eux, sont en principe équipés pour
se protéger. Mais ces recherches nous montrent que le golfe de Fos est un
endroit où les concentrations en bromoforme sont très élevées par rapport au
reste du monde, jusqu’à 100 fois plus. Jusqu’à maintenant, les émissions de
bromoforme dans l’air n’avaient jamais été étudiées en milieu industriel,
contrairement au CO2 par exemple. Voilà en quoi cette étude va changer la
donne. Les émissions industrielles devront donc être considérées dans de
futures estimations des impacts climatiques liées au bromoforme. »
En effet le bromoforme est également produit naturellement, par les algues.
Le projet FOS-SEA,
réalisé dans le golfe de Fos, avait précédemment démontré qu’au-delà de son
impact sur l’air, les sous-produits du chlore avaient des impacts sur le milieu
marin notamment. Des niveaux élevés avaient été relevés chez les congres, les
oursins (et particulièrement leurs larves par un effet cocktail) ou encore les
moules. « On a constaté que ces larves d’oursins
résistent mieux aux pollutions que les larves de la presqu’île de Giens. Il y a
une adaptation génétique », poursuit Julien Dron.
Restent aux industriels
de la région à se saisir de ces nouvelles données pour intégrer, au même titre
que le CO2, leurs émissions de sous-produits chlorés dans leurs études d’impact
sur l’environnement. De son côté Elengy s’est associé au projet de l’Institut
écocitoyen et a engagé une démarche pour sortir le chlore de ses process sur le
terminal méthanier du Cavaou.
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