Martigues : les chasseurs d'incendies,
Nouveaux alliés des pompiers
L'association Fire Chaser, qui informe des départs de
feu et leur évolution, a établi une convention avec le Sdis 13
Par Thomas Liabot
Les bénévoles de Fire Chaser ont donné
rendez-vous à la chapelle Notre-Dame-des-Marins. Ils connaissent bien le lieu
pour l'utiliser régulièrement comme point de vue lorsqu'ils surveillent
l'évolution d'un feu à Martigues. C'est ici que certains d'entre eux ont pris
place le 7 juillet lorsqu'un incendie s'est déclaré dans les quartiers de l'Escaillon et de
Barboussade, emportant dix hectares de colline, forêt et
broussailles.
Depuis quelques années, aucun feu ou presque ne leur
échappe. "La plupart du temps, ce sont des gens qui nous alertent sur
notre page Facebook, explique le Martégal Charles-André Baudières,
39 ans, un des deux coordinateurs de l'association. On leur
demande toujours une photo pour savoir ce qui se passe. Si l'alerte est avérée,
on s'assure que les secours sont informés puis on envoie des observateurs
suivre l'évolution de l'incendie." Les quinze bénévoles de Fire Chaser
sont répartis en deux pôles, le premier consacré au suivi des Médias sociaux en
gestion d'urgence (MSGU), l'autre aux observateurs de terrain qui permettent de
suivre l'évolution des incendies et de tenir informés les 50 000 abonnés de la
page Facebook. "Lors de l'incendie du 7 juillet, on nous a d'abord
rapporté une odeur de fumée, rembobine Charles-André Baudières. Puis
on a reçu une photo de la fumée dans le ciel, et enfin des flammes".
Très vite, plusieurs bénévoles ont suivi la progression du feu dans cette zone
sensible. "On savait que c'était très résidentiel, que la D5 menant à
Istres passait ici, qu'il pouvait y avoir des répercussions rapides",
poursuit-il. Pendant près de trois heures, Fire Chaser sera sur le pont,
jusqu'à annoncer que le feu était en "noyage" vers 19 h 30.
Pas de pompiers, mais une convention
Si la page Facebook existe depuis 2018,
l'association a été créée officiellement début 2021. Désormais, Fire
Chaser peut se targuer de couvrir une grande partie du département avec ses
bénévoles, d'Arles à La Ciotat, malgré quelques "zones blanches dans
les Alpilles et le Val de Durance."
Présidée par Raphaël Supplisson, diplômé de l'école
des Mines, l'association se félicite aussi de réunir "toutes les
catégories sociales et toutes les générations", selon son
porte-parole, Lucas Arnichand. Mais aucun pompier en activité, les statuts de
Fire Chaser l'interdisant. "On ne veut pas court-circuiter leur travail,
explique cet étudiant martégal de 23 ans qui se destine lui-même au
concours d'officier sapeur-pompier. Il n'est pas question de les mettre
en porte-à-faux, ce qui n'empêche pas qu'on ait des futurs et des anciens
pompiers parmi nos bénévoles."
Tous, en tout cas, partagent la passion de ce métier
si particulier. "Mon grand-père était pompier de Paris, explique
Charles-André Baudières. Depuis vingt ans, je suis bénévole dans des
associations, j'avais envie de devenir acteur et de rendre service. Le
24 août 2020, j'ai signalé l'incendie qui partait d'Istres à Fire
Chaser (plus de 500 hectares ont brûlé ce jour-là, Ndlr), ils ont
vu que je donnais des informations précises, que je savais de quoi je parlais,
alors je suis resté !"
En juin dernier, l'association a signé une convention
avec le service départemental d'incendie et de secours (Sdis 13) dans le but
de renforcer et fluidifier les
liens entre Fire Chaser et les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône.
La récompense du bon travail de l'association : "C'est une
reconnaissance, sourit Lucas Arnichand. Nous sommes des bénévoles
mais pas des amateurs. On essaye d'être pros et rigoureux."
Les membres de Fire Chaser espèrent maintenant que ce
partenariat sera pérenne, car s'ils saluent la compétence jamais démentie des
pompiers du département, les bénévoles de l'association pensent avoir quelque
chose à apporter : "On a essayé de prouver ces dernières années qu'on
était compétents, poursuit Lucas Arnichand. On ne veut pas
remplacer les acteurs déjà existants mais être complémentaires."
Son frère, Robin Arnichand, vice-président
et spécialiste météo de Fire Chaser, abonde : "Plus le maillage sera
bon dans le département, mieux on arrivera à gérer les crises que sont les
incendies, qui impliquent des milliers de personnes." Un défi d'autant
plus grand que le changement climatique ne va pas arranger la situation autour
de l'étang de Berre, déjà qualifié de "pyrorégion" par Fire
Chaser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire