mercredi 27 mai 2020

PÊCHE AU THON


PÊCHE AU THON
Le coup de gueule
des "petits métiers"
Gérard Carrodano, premier prud’homme de pêche
de La Ciotat, en compagnie de la députée européenne
Caroline Roose.                            
PHOTO FR.G.
Avec un quota de 4781 tonnes sur un total de 6026 tonnes allouées à la France pour 2020, les 22 thoniers senneurs industriels français de Méditerranée raflent 80% du quota national. Et si la journée d’hier marquait le démarrage de leur campagne de pêche, c’était aussi le moment choisi par de nombreux pêcheurs artisans partout en France pour exprimer leur colère, à l’image de Gérard Carrodano, premier prud’homme du port de La Ciotat, soutenu par la députée européenne verte Caroline Roose: "Il est hors de question de regarder pêcher les autres sans pouvoir travailler, clame le pêcheur d’espadon ciotaden. Aujourd’hui, les plaisanciers bénéficient d’un quota de 62 tonnes, quand moi je n’ai droit qu’à 5 prises accessoires par an…"
La pêche au thon est en effet réservée aux détenteurs d’Autorisations européennes de pêche (AEP), attribuées avec parcimonie
et prioritairement aux navires industriels.
"UN système mis en place pour protéger une seule catégorie de pêcheurs, déplore Gérard Carrodano, et qu’il faut rééquilibrer. N’oublions pas que ce ne sont pas les petits métiers qui ont mis l’espèce en péril au début des années 2000…" Péril qui avait d’ailleurs conduit les États à réduire drastiquement les quotas.
Ressource
Aujourd’hui, les scientifiques affirment que la ressource de thon rouge est bien présente et que la biomasse est reconstituée, et les représentants de la pêche artisanale défendent un partage équitable de cette richesse.
"Ce sont les petits qui ont le plus souffert de la crise du coronavirus, souligne Caroline Roose, membre du groupe des Verts-Alliance libre européenne au Parlement européen depuis 2019 et qui siège au sein de la Commission pêche.
À l’heure où l’on parle du monde d’après, il faut penser à défendre les artisans pêcheurs." Elle a d’ailleurs déposé hier matin plusieurs
amendements au Parlement européen en faveur d’une répartition
plus équitable des quotas de pêche au thon, qui seront étudiés en plénière avant le mois de septembre.
"Insulte"
À la demande de l’élue, Gérard Carrodano avait symboliquement
pêché, hier matin dans les eaux ciotadennes, un magnifique thon de 47 kg: "J’ai dû en faire la déclaration aux Affaires maritimes, qui vont venir
le baguer, et j’aurai alors le droit de le vendre… C’est une vraie mascarade, explique-t-il. Et 5 prises par an, c’est une insulte, du mépris. D’autant que la polyvalence en Méditerranée, c’est la survie de la petite pêche."
Parallèlement à cette journée nationale d’action, les représentants
des pêcheurs artisans attendent aussi que la justice française se prononce sur "la légalité de la privatisation de la ressource de pêche" et les modalités de répartition du quota de thon rouge en France qui souffre, selon eux, "d’une opacité intolérable".

Frédérique GROS                                               fgros@laprovence.com

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