PÊCHE AU THON
Le coup de gueule
des "petits métiers"
Gérard
Carrodano, premier prud’homme de pêche
de
La Ciotat, en compagnie de la députée européenne
Caroline
Roose.
PHOTO
FR.G.
Avec un
quota de 4781 tonnes sur un total de 6026 tonnes allouées à la France pour
2020, les 22 thoniers senneurs industriels français de Méditerranée raflent 80%
du quota national. Et si la journée d’hier marquait le démarrage de leur
campagne de pêche, c’était aussi le moment choisi par de nombreux pêcheurs artisans
partout en France pour exprimer leur colère, à l’image de Gérard Carrodano, premier
prud’homme du port de La Ciotat, soutenu par la députée européenne verte
Caroline Roose: "Il est hors de question de regarder pêcher les
autres sans pouvoir travailler, clame le pêcheur d’espadon ciotaden. Aujourd’hui, les plaisanciers bénéficient d’un quota de 62
tonnes, quand moi je n’ai droit qu’à 5 prises accessoires par an…"
La pêche
au thon est en effet réservée aux détenteurs d’Autorisations européennes de
pêche (AEP), attribuées avec parcimonie
et prioritairement aux
navires industriels.
"UN
système mis en place pour protéger une seule catégorie de pêcheurs,
déplore Gérard Carrodano, et qu’il faut rééquilibrer. N’oublions pas
que ce ne sont pas les petits métiers qui ont mis l’espèce en
péril au début des années 2000…" Péril qui avait d’ailleurs
conduit les États à réduire drastiquement les quotas.
Ressource
Aujourd’hui,
les scientifiques affirment que la ressource de thon rouge est bien présente et
que la biomasse est reconstituée, et les représentants de la pêche artisanale
défendent un partage équitable de cette richesse.
"Ce
sont les petits qui ont le plus souffert de la crise du coronavirus, souligne
Caroline Roose, membre du groupe des Verts-Alliance libre européenne
au Parlement européen depuis 2019 et qui siège au sein de la
Commission pêche.
À
l’heure où l’on parle du monde d’après, il faut penser à défendre les artisans pêcheurs."
Elle a d’ailleurs déposé hier matin plusieurs
amendements au Parlement
européen en faveur d’une répartition
plus équitable des quotas
de pêche au thon, qui seront étudiés en plénière avant le mois de septembre.
"Insulte"
À la
demande de l’élue, Gérard Carrodano avait symboliquement
pêché, hier matin dans
les eaux ciotadennes, un magnifique thon de 47 kg: "J’ai dû en
faire la déclaration aux Affaires maritimes, qui vont venir
le
baguer, et j’aurai alors le droit de le vendre… C’est une vraie mascarade,
explique-t-il. Et 5 prises par an, c’est une insulte, du mépris. D’autant
que la polyvalence en Méditerranée, c’est la survie de la petite pêche."
Parallèlement
à cette journée nationale d’action, les représentants
des pêcheurs artisans
attendent aussi que la justice française se prononce sur "la légalité
de la privatisation de la ressource de pêche" et les
modalités de répartition du quota de thon rouge en France qui souffre, selon eux,
"d’une opacité intolérable".
Frédérique
GROS fgros@laprovence.com
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