TROIS
ACTIONS EN JUSTICE “POUR AMELIORER VOS CONDITIONS DE VIE”
Publié par Hugo Duplan | Juil 12, 2021
Si le
cadre est feutré dans les moelleux fauteuils rouges du théâtre de Fos, le sujet
est grave. Un long combat en cours, parti le 8 novembre 2018 officiellement
devant le tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence, quand près de 200
habitants de Fos et du pourtour de l’étang, inquiets des dangers de la
pollution industrielle pour leur santé, ont porté plainte contre X pour mise en
danger délibérée de la vie d’autrui. Un premier acte qui fait des petits dans
un temps
judiciaire qui s’annonce parfois long, pour le pénal surtout, mais qui en vaut
la chandelle, paroles d’avocats : “On a des éléments qui justifient cette action”,
clament-ils. Le nombre fait la force, on ne se serait pas engagé si on n’avait
pas des éléments probants.”
Même
si, ce soir-là, après les précédentes levées plus “cotées”, Daniel Moutet
faisait la moue pour cette nouvelle réunion publique, quelque peu évaporé dans
les vapeurs de l’été. “Je suis peiné de voir si peu de monde”, glissera le
lanceur d’alerte d’ADPLGF, tête de proue de cette fronde contre la pollution
avec Julie Andreu, l’une des avocates des plaignants, spécialisée dans les
questions de santé et d’environnement. Mais il y a quand même du lourd sur la
table. Des gens de Fos, de Martigues à l’image de Benoît qui dit qu’il a “une
vue imprenable sur le site de Lavéra”, empilant les photos depuis des mois pour
nourrir les dossiers et les arguments du cabinet TTLA de Marseille avec Sophie
Bourges et Héloïse Gusti, les autres avocates en renfort.
Plusieurs
années à brosser ce tableau noir, après avoir “étudié les dépassements des
normes des industriels” d’après les documents transmis par la Dréal et
“répondre aux problématiques de santé et d’environnement avec des actions en
justice sur trois temps”, rembobine Julie Andreu. C’est la fin du silence ! On
a entendu vos craintes légitimes pour mettre à mal cette tendance à polluer en
toute impunité. On n’accepte plus. On ne se tait plus, on veut faire bouger
pour améliorer vos conditions de vie”, harangue l’avocate. Une plainte contre X
d’abord “avec 194 plaignants, sept associations et un syndicat. L’affaire est
instruite par le pôle santé publique du parquet de Marseille. Le procureur a
transmis à une juge d’instruction, complète Julie Andreu dans une procédure de
5 à I ans minimum et ce lourd dossier, désormais frappé
du secret de l’instruction. Mais ” une plainte qui fait son chemin sur fond
d’enquêtes sur /es responsabilités” avec en ligne de mire commissions
rogatoires, auditions par les services de gendarmerie qui permettront de
caractériser (ou non si la juge ordonne un non-lieu) les infractions. “Les
éléments sont là. C’est un premier verrou qui a sauté. L’espoir d’un gros
procès, le premier au pénal concernant une pollution due â des activités
industrielles devant le tribunal correctionnel’! espère JuIie Andreu.
Une
plainte pas fermée avec toujours la possibilité de se constituer partie civile.
“Plus vous serez nombreux, plus on sera fort” rappelle I ’avocate, en rappelant
une deuxième action en cours depuis octobre 2019. Là, ce sont 14 habitants de
Fos et Martigues qui ont décidé d’assigner ArcelorMittal, Dépôts pétroliers de
Fos (DPF), Esso Raffinage et Kem One devant le
juge civil pour “troubles anormaux du voisinage”. “Depuis un an, une bataille
d’arguments mais une temporalité plus courte, avec I ’espoir des premières
assignations fin décembre ou début janvier 2022. Avec un élément nouveau”, annonce
Julie Andreu. Une course contre la montre pour déposer de nouveaux dossiers et
“une prescription en janvier 2022, partie sur la référence de l’étude
Fos-Epseal en janvier 2017. On a un délai de 5 ans pour agir. Après janvier, il
sera trop tard au sujet d’une plainte à double détente pour demander “de
respecter la norme mais aussi de réclamer des indemnités pour le préjudice”.
Enfin,
cette réunion a été l’occasion d’ouvrir officiellement la 3e étape avec une
action devant le tribunal administratif contre l’État cette fois, dont les
futurs plaignants, via l’association ADPLGF, entendront dénoncer une “carence
fautive dans son rôle de régulateur et de contrôleur”, en visant ” le préfet
qui n’a pas fait assez pour enjoindre les entreprises à respecter la
réglementation et protéger”. Des “sacrifiés de la pollution” plus que jamais
vent debout “pour pousser les autorités à prendre /es choses en main et
apporter des réponses”, dira le maire de Fos, Jean Hetsch, “pleinement derrière
vous”, dans un cri du cœur contre les lenteurs des autorités face aux
industriels” en rappelant cette phrase de René Raimondi, sur “des industries
qui nous font vivre certes mais qui ne doivent pas nous faire mourir”, entre
autres appels d’fun trafic routier qui doit être revu” implore le maire. “Le
but n’est pas de fermer les urnes, juste privilégier la santé, vous avez le
droit de vie même si on habite à côté d’activités industrielles, ponctue Julie
Andreu Le but est de faire respecter la réglementation ; de prévenir plutôt que
réparer.”
“Ce qui
m’anime ce sont nos enfants, c’est ça qui me fait me battre, conclut Daniel
Moutet qui appuie sur la corde sensible, rappelant que “les trois plaintes
peuvent être cumulatives”, en souvenir de cet enfant de 3 ans qui a disparu
d’un cancer, conclut-il. Nos actions sont pour les générations à venir”. Les
révoltés de la pollution sont plus que jamais dans la bataille “Vous avez le
droit de vie même si on habite à côté d’activités industrielles.” Les
questionnaires pour les plaintes peuvent être téléchargés via le site de
l’Association de défense et de protection du littoral du Golfe de Fos : https://www.stop-pollution.fr/questionnaires-pour-les-plaintes-concernant-les-3-procedures/
Article paru dans le journal LA
PROVENCE du 12 juillet 2021
En référence à notre réunion
publique du mercredi 30 juin 2021.
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