mercredi 5 juillet 2023

Un peu d’histoire pour un futur !

 

OU SERONT PLACE LES FUTURS REACTEURS ???

Grand Format :

Centrale nucléaire à Marseille-Fos, un projet vieux... de 50 ans

Par Frédéric GUILLEDOUX

 

Un peu d’histoire pour un futur !

En lançant l'idée de ces mini-réacteurs aux portes de Marseille, le président de la République ne fait que reprendre un projet qui remonte aux années 1970 :

Construire une centrale à Ponteau, où se trouve un équipement EDF près de Martigues.

À l'époque, le refus des élus communistes et de la population avait fait reculer le gouvernement. 

La Provence.com revient en Grand Format texte, images et vidéo sur cet épisode porteur d'enseignements pour le présent.

Construire à l’horizon "2035-2050" un ou plusieurs mini-réacteurs nucléaires sur le territoire du Grand Port de Marseille, qui court de la cité phocéenne à la Camargue en passant par la Côte Bleue et l'étang de Berre...

Aux dernières heures de sa venue à Marseille, Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la Méditerranée, en glissant une surprise du chef dans un discours prononcé à la gare maritime de la Joliette.

En lançant l'idée de ces mini-réacteurs aux portes de Marseille, le président de la République ne fait que reprendre un projet qui remonte aux années 1970 : construire une centrale à Ponteau, où se trouve un équipement EDF près de Martigues. À l'époque, le refus des élus communistes et de la population avait fait reculer le gouvernement. 



https://laprovence.shorthandstories.com/marseille-fos-macron-r-veille-les-fant-mes-du-nucl-aire/index.html


 

Construire à l’horizon « 2035-2050 » un ou plusieurs mini-réacteurs nucléaires sur le territoire du Grand Port de Marseille, qui court de la cité phocéenne à la Camargue en passant par la Côte Bleue et l'étang de Berre... Aux dernières heures de sa venue à Marseille, Emmanuel Macron a jeté un pavé dans la Méditerranée, en glissant une surprise du chef dans un discours prononcé à la gare maritime de la Joliette : « Ce n’est pas une question affreuse du tout, c’est un terrain qui a une vocation en la


matière. On a un sujet de refroidissement des centrales et les centrales à venir auront vocation à être beaucoup plus près de la mer. Dunkerque est un succès aujourd’hui, on y met des batteries électriques parce qu’on a décidé deux EPR à Gravelines ». Et le président de la République, après avoir manié la carotte, de mimer la concertation : « Il est nécessaire de se poser cette question sans tabou car elle est là, il faut regarder si l’ensemble du bassin économique est prêt à accueillir des tranches et des centrales ».

 


Sauf que 12 ans après le séisme et le tsunami qui ont provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, les centrales en bord de mer provoquent toujours des angoisses en France. Qui dans notre région sont beaucoup plus anciennes, puisque Emmanuel Macron ne fait que réveiller un projet vieux de 50 ans : en effet, beaucoup l'ont oublié depuis mais l’État prévoyait dans les années 1970 de construire une centrale nucléaire à la pointe de la Côte Bleue. Il est alors question de développer une nouvelle technique, les réacteurs de type uranium naturel graphite gaz mis en service quelques années plus tôt étant dépassés.

Il semble que le site de Ponteau figurait déjà sur les tablettes, afin d'alimenter le complexe de Fos : un centre de production thermique au fioul venait tout juste d’y être construit par EDF et aurait pu être couplé avec une centrale nucléaire. Lors de l’inauguration du site, en juin 1972, André Bettencourt, ministre chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire, ne dément pas cette option: « Les sites en bordure de mer sont de plus en plus recherchés à cause du potentiel de réfrigération qu’ils offrent. La limitation de l’échauffement des rivières imposera, en effet, des contraintes de plus en plus strictes et onéreuses ».


Les choses s’accélèrent avec le choc pétrolier de 1973 : le Premier ministre Pierre Messmer décide le développement massif de l’industrie nucléaire en France, une énergie considérée comme bon marché. « Pour le gouvernement, une grande politique énergétique doit être basée sur trois axes : les économies d’énergies, la question des transports et l’indépendance énergétique, détaille l'historien Jean Domenichino. Coût total de ce plan, 13 milliards de francs. Le pari est d’importance : assurer l’approvisionnement national par un programme nucléaire à grande échelle que Pierre Messmer présente en mars 1974 ». En novembre 1974, une liste de 38 sites est établie par le gouvernement, que dirige désormais Jacques Chirac après la mort de Georges Pompidou et l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. Martigues-Ponteau y figure. Dans son édition du 4 décembre, Le Provençal rend compte de la nouvelle : « Sur les 38 sites proposés pour les prochaines implantations, Martigues est le seul retenu pour l’ensemble de la région Paca et cela d’ici 1988 ».


Maire PCF de Martigues à l’époque, Paul Lombard nous avait raconté l’épisode voici une dizaine d'années : « Nous n’avons pas été consultés officiellement, on l’a appris par la bande. Ponteau les intéressait parce que les rochers étaient très solides contre les tremblements de terre. La proximité de la mer permettait également le refroidissement et le rejet des eaux usées ». Dubitatif, l’élu décide alors de se renseigner : « J’ai demandé à rencontrer des ingénieurs EDF membres du Parti communiste. Ils m’ont dit que c’étaient des nouvelles technologies, qu’il fallait être très prudent ». Paul Lombard se rend également le long du Rhône, pour rencontrer des maires dont les communes figuraient sur la liste : « À ma grande surprise, ils m’ont expliqué que tout était déjà bouclé, bien qu’ils ne disposent que de très peu d’informations. EDF avait déjà acheté les terrains pour un bon prix ». 

Le maire de Martigues décide alors de faire voter par son conseil municipal une délibération contre le projet de centrale nucléaire. Les élus de Port-de-Bouc font de même. Plusieurs rassemblements sont organisés avec des habitants hostiles au projet, des syndicalistes se mobilisent également. « Est-ce que c’est ça qui a bloqué le projet ?, s’interrogeait Paul Lombard. Je n’en sais rien. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’en a plus entendu parler. Sans doute l’État avait-il envoyé le bouchon pour voir si on résistait ».

Le nucléaire remisé dans les tiroirs, Martigues-Ponteau connaîtra donc une longue carrière avec ses quatre unités au fioul. « Martigues a beaucoup tourné de 1971 à 1982, expliquait voici quelques années son ancien directeur, Dominique Point. Les dix années suivantes, elle a peu tourné, c'est pourquoi en 1985, on a décidé la fermeture de la quatrième tranche de production. Il a même été envisagé un moment de fermer la troisième tranche. Mais dans les années 1990, les travaux des centrales nucléaires durant plus que prévu, il y a alors eu une reprise du thermique, du fuel et du charbon ».

En 2012, la centrale et ses salariés ont basculé vers le gaz naturel. Sans se douter que l'option nucléaire pourrait redevenir d'actualité aux portes de Marseille, portée par un Président élu sur la promesse de tourner la page de « l'ancien monde »... et d'ores et déjà contestée par les héritiers du refus des années 1970.



ET MAINTENANT …

Macron mise sur le nucléaire

et envisage un réacteur sur le

Grand port maritime de Marseille


Le président de la République a achevé son déplacement de trois jours par une visite au Grand port maritime. Devant les élus locaux, il a lancé l’idée de construire des mini-réacteurs nucléaires pour subvenir au futur besoin en énergie. Suscitant déjà la polémique.

C'est une idée qui n’a pas fini de faire jaser. Emmanuel Macron a achevé ses trois jours à Marseille par une polémique dont il a le secret. Devant tous les élus locaux concernés, le Président a annoncé à la gare maritime de la Joliette la possibilité d’installer un ou plusieurs mini-réacteurs nucléaires sur le port de Marseille à l’horizon "2035-2050".

Grimaces dans les rangs où étaient présents plusieurs élus locaux dont les territoires sont directement concernés. En quelques minutes, au milieu d’un discours sur l’avenir du Grand port maritime de Marseille, le chef de l’État a expliqué ainsi son idée en s’adressant aux industriels présents, "les besoins supplémentaires que vous avez défini pour décarboner au maximum, avec l’explosion du numérique, c’est l’équivalent de 4 EPR". Rappelant que "la loi ne prévoyait pas aujourd’hui la création d’EPR hors des sites existants", il affirme qu’"il faut regarder en concertation si l’ensemble du bassin économique est prêt à accueillir des tranches et des centrales. C’est une vraie question qu’il faut se poser en concertation."

Devant les mines renfrognées de certaines personnalités politiques devant lui, Emmanuel Macron ajoute que "ce n’est pas une question affreuse du tout, c’est un terrain (le Port) qui a une vocation en la matière. On a un sujet de refroidissement des centrales et les centrales à venir auront vocation à être beaucoup plus près de la mer. Dunkerque est un succès aujourd’hui. Pourquoi on y met des batteries électriques, c’est parce qu’on a décidé deux EPR à Gravelines."

Enfonçant le clou, le locataire de l’Élysée ajoute qu’il est nécessaire "de se poser cette question sans tabou car elle est là. Les besoins que vous avez ne suffisent pas avec les capacités existantes et on ne fera pas de l’énergie carbonée pour satisfaire ses besoins. On va faire plus de renouvelable, mais le renouvelable a des limites d’usage, sauf si vous me dites que vous avez des projets massifs de déploiement de solaire et d’éolien et que tout le monde est d’accord, mais il n’y en aura jamais à hauteur des 4 ou 5 gigas qui sont le besoin estimé." Il achève son argumentation par une de ses formules favorites : "Je mets au pot ce sujet dans la concertation."

Dès le Président reparti très vite à Paris accueillir le secrétaire général de l’Otan, le maire (DVG) de Marseille, à la tête d’une large alliance de gauche, des communistes aux écologistes en passant par des socialistes, a vivement réagi : "C’est impossible. On est en zone submersible, en zone sismique, s’il y a un endroit en France où on ne pourra pas faire un EPR, c’est à Marseille."

Pour le conseiller municipal marseillais (EELV) Sébastien Barles, "on va faire des SMR qui vont demain permettre de dessaler l’eau de mer pour perpétuer un modèle de développement techno productiviste et alimenter en électricité." L’élu écologiste veut "un scénario de sortie du nucléaire" comme le réclame de nombreuses associations. D’autres élus refusent de commenter, disent-ils, "cette idée lancée en l’air sans avoir été travaillée."

Quant au président (Renaissance) de la Région, Renaud Muselier, il prône le mix énergétique. "Maintenant que l’énergie nucléaire est revenue à la mode et qu’il y a eu l’annonce du président de la République nous allons travailler là-dessus, sachant que deux solutions se présentent : soit on se rapproche du Rhône, soit de la mer, parce que cela nécessite beaucoup d’eau pour refroidir les réacteurs."

Du côté des entreprises, Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence reconnaît que pour "continuer à développer ce hub numérique mondial à Marseille, il nous faut de l’énergie. La solution peut être nucléaire et si on a des terrains industriels qui s’y prêtent, il faut y réfléchir et ne pas opposer les territoires."

Bien sûr, la guerre en Ukraine a remis au goût du jour la nécessité d’une souveraineté énergétique décarbonée. Ainsi que l’objectif d’une neutralité carbone en France en 2050. Mais ce mercredi, Emmanuel Macron, qui avait quasiment l’unanimité des présents sur son plan "Grand port en grand" a pris le risque de nouvelles querelles entre élus locaux. De nouveaux chicayas en perspective.

 


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