Après les torches à répétition,
Naphtachimie
s'explique
Trois incidents techniques ont
poussé l'industriel Naphtachimie à faire usage de la torche, une cheminée de
140 mètres considérée comme un organe de sécurité servant à évacuer les
excédents de gaz produits. L'industriel a justifié ces récents épisodes de
torchage. L'heure est désormais au bilan et aux investissements.
Depuis septembre, le chimiste
a dû faire face à un défaut d'une carte électronique, entraînant un arrêt des
unités et un premier épisode. Au cours du redémarrage, c'est de l'eau, détectée
dans un analyseur, qui a causé le deuxième épisode à la mi-septembre. Enfin,
l'épisode d'octobre, indépendant des deux premiers, relève d'un incident
électrique.
Quoi qu'il en soit, tous les
habitants du pourtour de l'étang de Berre et même jusqu'à Marseille ont vu
cette immense flamme, suscitant de nombreuses inquiétudes. "La torche,
c'est impressionnant et bruyant, mais il n'y a jamais eu de risques liés à la
sécurité", se veut rassurante Alexandra Loewenstein, directrice du
site martégal. "Nous allons poursuivre nos actions dans le cadre de
l'amélioration de la fiabilité des installations."
Pour éviter que de tels
épisodes ne se reproduisent, Naphtachimie s'est engagée à réaliser des
contrôles supplémentaires avant chaque démarrage des unités et va mettre en
place une caméra infrarouge afin de mieux réguler l'injection de vapeur dans la
torche, principale source de bruit. Ces épisodes d'une rare ampleur ont
également attiré l'attention des autorités. Élus de Martigues et de
Port-de-Bouc, Dreal (organisme d'État en charge de la surveillance des sites
industriels) et préfet se sont mobilisés. Un arrêté a ainsi été pris, sommant
l'industriel d'analyser et de traiter les causes de ces épisodes, mais aussi et
surtout d'évaluer avec précision les impacts environnementaux et sanitaires des
polluants émis.
"Nous avons eu des
difficultés pour répondre aux habitants", explique Henri Cambéssédès,
premier adjoint de Martigues. "C'est difficile d'avoir des
informations, c'est pourquoi nous avons sollicité la Dreal, la préfecture et
les associations de surveillance comme le Cyprès. Nous demandons qu'une
commission de suivi soit mise en place. On souhaite aussi que soient créées des
commissions institutionnelles et pédagogiques avec des représentants de la
presse. La communication dans ces situations est primordiale. Il est
indispensable de réunir les partenaires rapidement." Un message
entendu par Naphtachimie. Des réunions en ce sens devraient donc voir le jour.
Et la pollution ?
C'est la question que tout le
monde se pose. Effectivement, les différents épisodes de torche ont entraîné
des émissions de CO2, d'H2O et de COV (composés organiques volatils). Environ
100 tonnes de ces derniers ont été rejetées. Si la taille de la torche (140
mètres) permet de rejeter ces polluants très haut dans l'atmosphère et d'éviter
ainsi toute retombée au sol, les potentielles conséquences inquiètent. "La
zone agricole de Saint-Pierre est la voisine directe de la
plateforme", explique une habitante. "Quelles vont
être les conséquences sur la santé ?"
Une étude cadre, demandée par
la Dreal et réalisée par un cabinet indépendant, va être menée afin de
déterminer les risques pour la santé en se basant sur des critères d'inhalation
et d'ingestion de produits. Des prélèvements seront donc prochainement effectués
au sol puis analysés.
"Cent tonnes de COV
émis, c'est énorme pour Lavéra", concède Jean-Philippe Peloux,
représentant de la Dreal Paca. "Lors de gros événements comme celui-ci,
nous prenons des mesures d'urgence par voie d'arrêté en demandant des analyses.
Vu la hauteur des émissions, les polluants se décomposent, il ne devrait y
avoir que peu de retombées au sol."
Un constat également corroboré par Atmosud Paca, organisme
en charge de la surveillance de la qualité de l'air. "Je confirme que
100 tonnes, c'est beaucoup", analyse Sébastien Mathiot, chargé d'étude
pour Atmosud. "Toutefois, nos observations au cours de ces épisodes
n'ont pas montré une élévation des niveaux de pollution à 3 mètres du sol.
Cependant, il faut bien reconnaître que ces pollutions ont été émises. La
planète les a reçues." Reste donc maintenant à déterminer leur impact
sur la santé. L'étude réalisée devrait être rendue publique. L'industriel s'y
est engagé, élus et Dreal y veilleront.
Des syndicats inquiets
Dans un communiqué, la CGT du site s’inquiète de la vétusté des équipements.
Pour elle, ces épisodes de torchage risquent d'être récurrents si "nos
ateliers de production et notre centrale thermique ne retrouvent pas un niveau
de fiabilité élevé, ce qui passe par des investissements massifs."
Présent lors de la réunion, Daniel Bretonès, représentant
CGT a estimé que le nouveau délai entre deux grands arrêts, 7 ans au lieu de 5,
n'était pas optimal pour des équipements âgés de 50 ans. Inquiet, il a assuré
que les syndicats du site seront particulièrement vigilants à ce que les
mesures prises par Naphtachimie "ne soient pas seulement politiques et
sans résultat réel."
De son côté, la direction a expliqué que les incidents de
torche n'étaient en rien liés avec ce délai. Par ailleurs, il a été rappelé que
l'industriel poursuivait une politique d'investissement en vue de réduire de 30
% ses rejets de carbone à l'horizon 2030. Lors d’évènements sur leur site, les
industriels de Lavéra comme ceux de l’étang de Berre, donnent des informations
via le site
internet Allo Industrie sur les évènements en cours : torche, exercice
déclenchant une sirène, incident…
Personne, résidant ou de passage à Martigues, sur la Côte bleue ou
autour de l'Etang de Berre, n'a pu l'ignorer. La torche de Naphtachimie Lavera
a brulé, quasiment jour et nuit pendant plus d'un mois, soit l'épisode de
torchage le plus long depuis 15 ans selon la DREAL!
Repérable à des dizaines de kilomètres, par mer ou sur terre, la plus
haute torche de la plateforme de Lavera a brulé des milliers de tonnes de gaz à
la suite d’une succession d'incidents d'exploitation. Une lumière éblouissante,
un vacarme épouvantable (100 dB mesuré par les riverains de Lavera). Pire
encore, près de 100 tonnes de COV (composants organiques volatils)
potentiellement cancérigènes, ont été dispersés dans l'atmosphère (une
raffinerie en rejette 300 par an!)…. sans compter les milliers de tonnes de CO2
…qui ne sont pas comptés, ni par l'industriel, ni par AtmoSud.
Les collectivités locales, les habitants du pourtour de l'étang de
Berre, la presse, les riverains ont fait part de leur colère et demandé des
comptes à Naphtachimie, qui tout du long de ces incidents, n'a pas brillé par
une communication adaptée. Une exaspération qui a gagné aussi le préfet qui,
suite à une inspection de la DREAL, a pris un arrêté en vue de fiabiliser le
fonctionnement des installations. Une Commission Locale d'Information a été
réunie le 15 octobre avec les riverains et collectivités locales. Aux
explications techniques de Naphtachimie, les participants ont évoqué les
retombées en matière de santé publique, de celle des salariés, de politique de
maintenance, de pollutions des terres (proximité de St Pierre, zone agricole
remarquable), de gênes insupportables aux riverains, de manque de
transparence….
Si le torchage des gaz est un dispositif de sécurité indispensable lors
d'incidents ou d'arrêt-démarrage, les industriels en usent visiblement pour
fonctionner sans arrêter les installations en cas d'incidents. . C'est le choix
de la productivité au détriment de l'environnement et de la santé publique . Un
arrêté ministériel devrait prochainement les en empêcher!
Ce qui fut acceptable et accepté pendant un demi-siècle, ne l'est plus
aujourd'hui. Face à de tels évènements, générateurs d'éco-anxiété, les citoyens
s'inquiètent légitimement.
Si La décarbonation est une nécessité pour la pérennité de l'outil
industriel, elle ne peut se faire au détriment de la protection de
l'environnement et du vivant, des ressources planétaires et au péril de la
santé des habitants et travailleurs. Nous pouvons et nous devons vivre mieux
pour VIVRE AUTREMENT.
Alors que Naphtachimie prévient déjà de nouveaux torchages dans les
prochains jours, cet épisode de torchage inacceptable exige un changement
urgent de modèle industriel.
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