Entre nous
Les Chinois sont les champions du monde de la sieste. Dans le pays le plus peuplé de la planète, le droit au repos est inscrit, depuis 1948, dans l’article 43 de la Constitution :
« Les travailleurs de la République populaire de Chine ont droit au repos ». La pratique de la sieste trouve ses origines dans la Chine ancienne : selon les principes du yin et du yang, elle permet de rétablir l’équilibre et l’harmonie. Une étude menée en 2019 par des chercheurs et des médecins auprès de 3 000 Chinois des deux sexes âgés de 65 ans et davantage confirme que la sieste améliore les capacités cognitives de l’individu, notamment l’attention et la mémoire ; elle diminue le stress, la sensibilité à la douleur, le risque des maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, embolie pulmonaire, infarctus du myocarde…) et renforce le système immunitaire, prévenant ainsi les infections. Dans les pays méditerranéens, où les paysans en ont fait l’institution que l’on connaît, la sieste est la conséquence d’un rythme de vie calqué sur celui du soleil qui, lève-tôt et couche-tard, ménage des nuits de six à sept heures de sommeil dans le meilleur des cas. Entre 14 et 16 heures, au moment où il fait de toute façon trop chaud pour travailler la terre, sa pratique permet de rattraper le manque de sommeil de la nuit précédente, la majorité d’entre nous ayant besoin de sept à neuf heures de sommeil par jour. Emprunté à l’espagnol siesta et issu du latin classique sexta (hora) « la sixième heure », c’est-à-dire la sixième des heures canoniales correspondant à midi, le mot a remplacé le vocable méridienne (XVIIe siècle, de meridiana hora, « l’heure de midi ») et il en est dérivé en français d’Afrique le verbe « siester ». Maître ès sieste incontesté, l’écrivain Yvan Audouard (1914-2004) se vantait de compter parmi ses pairs Aristote, Jacques Chirac, Winston Churchill, Salvador Dali, Thomas Edison, Albert Einstein, Benjamin Franklin, Victor Hugo, Robert F. Kennedy, Léonard de Vinci, Napoléon Bonaparte et Barack Obama. Jamais personne ne s’annonçait à la méridienne à son pigeonnier de Fontvieille : « Attention, prévenait-il, repousser un intrus pendant la sieste relève de la légitime défense ! »
Claude Darras
Propos issu de la chronique « Papiers collés » de Claude Darras, du CIQ des Laurons, disponible à la fois dans la revue numérique « Encres vagabondes ? http://www.encres-vagabondes.com/darras/sommaire.htm? » et sur les ondes de Soleil Fm 96.3.
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