« Ça sent le poisson pourri et le cadavre » :
Dans les Bouches-du-Rhône,
Une décharge à ciel ouvert
Crispe les riverains
REPORTAGE -
Les voisins du centre de traitement des déchets du Vallon du Fou, à Martigues,
sont directement exposés aux détritus et autres effluves pestilentiels qui
s’échappent sans relâche de cette déchetterie ouverte au milieu des collines.
« Avec le
mistral, on voit parfois des sacs plastiques voler et se planter dans nos
arbres. On en ramasse tous les jours chez nous depuis plusieurs mois. En plus,
il y a cette odeur désagréable certains jours. Ça sent le poisson pourri et le cadavre
», lâche en cœur Alain et Marie-Claude. Le couple,
propriétaire d’une jolie maison nichée sur les pentes des Ventrons, un lieu-dit
dépendant de la commune de Martigues, est depuis de longs mois une victime
collatérale de la décharge du Vallon du Fou.
Le centre de
traitement des déchets, ouvert en 2009, recueille les ordures en provenance de
nombreuses communes situées aux alentours. Si la plupart des détritus sont
traités à l’abri des regards, une bonne partie est entraînée par le vent hors
des grillages de la décharge et finit sa course dans les pentes de la vallée.
Sur place, le constat est effarant : des centaines de sacs plastiques,
emballages en carton et autres débris en tout genre trônent à l’air libre sur
une colline, polluant le sol et la végétation déjà bien abîmés par un incendie
criminel qui avait ravagé des centaines d’hectares d’arbres lors de l’été 2020.
La décharge du Vallon du Fou laisse traîner ses déchets
« Il y a de tout : des sacs plastiques, du
courrier confidentiel... », confesse Alain. Lui et sa
compagne résident près du Vallon du Fou depuis 2019. Depuis quelques mois, pas
une semaine ne passe sans qu’il ne soit nécessaire de monter aux arbres pour
récupérer des déchets apportés par le vent. Même constat chez leur voisin
Thierry, natif de la commune et très remonté par la situation :
« S’ils ne mettent pas de filet, les déchets vont
toujours s’envoler. Parfois, ils envoient des gens pour nettoyer, mais ils ne
vont jamais au bon endroit »,
soupire-t-il. « Le pire, ce sont les odeurs. Elles affectent tout le monde
ici, et de plus en plus. C'est le sujet de conversation du moment »,
confesse Marie-Claude.
Le problème des déchets n’est en effet que la partie
visible de l’iceberg. Sur le sentier menant à la colline, une odeur
pestilentielle se dégage sans qu’on ne puisse en déterminer l’origine. En
réalité, ces émanations proviennent des boues d’épuration enfouies sous le sol
par les nombreux engins de la décharge. Ces boues laissent s’échapper des
effluves à l’odeur difficilement supportable et transportée par le vent en
direction des habitations qui composent le voisinage.
« Un voisin a adressé des courriers à la métropole, mais rien n’est fait », témoignent Alain et Marie-Claude, dépités.
Ils s'en
foutent, pourtant, il y a déjà eu des départs de feu dans la déchèterie. Avant,
lorsque la mairie s'occupait des déchets, cela se passait mieux
Alain et Marie-Claude, voisins de la décharge du Vallon du Fou
Contactée, la
mairie de Martigues n’était pas joignable dans l’immédiat. Reste la métropole
d’Aix-Marseille-Provence, qui a officiellement aspiré la ville au 1er
janvier 2023, et qui se retrouve ainsi compétente à ce sujet. Celle-ci promet
par la voix de son vice-président, Roland Mouren, que les détritus qui jonchent
les pentes des Ventrons disparaîtront début février.
« Un ramassage
aura lieu prochainement pour retirer les déchets plastiques. Ces déchets
n’auraient pas dû se retrouver dans les poubelles après le tri. Il y a un
concours de circonstances que nous ne nions pas », assure Roland Mouren, également délégué à la propreté, à la prévention et
à la valorisation des déchets pour la métropole.
Qu’en est-il
de l’odeur insoutenable qui se dégage des environs ? Là encore, la
métropole promet que les effluves devraient cesser prochainement.
« Nous voulons arrêter d’enfouir les boues
d’épuration d’ici le mois de juin, il leur faut un traitement spécifique »,
poursuit Roland Mouren, assurant que cette situation est antérieure à la
réorganisation du territoire opérée par la métropole. « On travaille sur
tous les fronts pour réorganiser la collecte des détritus. Le territoire de
Martigues avait opté pour la solution de l’enfouissement des déchets depuis
longtemps. Nous souhaitons mettre fin à ce choix », plaide-t-il, assurant
que les odeurs «se sont améliorées » et que la situation «va dans le
bon sens ».
Des arguments qui sont loin de convaincre les riverains du centre de traitement des détritus du Vallon du Fou. « Ils s’en foutent, pourtant, il y a déjà eu des départs de feu dans la déchèterie. Avant, lorsque la mairie s’occupait des déchets, cela se passait mieux », se désespèrent Alain et Marie-Claude.
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