mercredi 14 février 2024

Pollution à Fos: suite

 


    Six premiers dossiers de riverains s’opposant à quatre industriels, et dénonçant des seuils anormaux de pollution passaient hier devant la cour d’appel d’Aix

Les riverains, à l’issue de l’audience, estiment que les industriels (à savoir ArcelorMittal Méditerranée, Kem One, EssoRaffinage et Dépôts pétroliers de Fos), les "ont traités comme des déchets."  

PHOTO ARCHIVES SERGE GUEROULT

À l’issue de la séance, les habitants décolèrent difficilement. Hier, la c o u r d ’ appel d’Aix-en-Provence se penchait sur six dossiers de riverains opposés à quatre industriels du golfe de Fos : ArcelorMittal Méditerranée, Kem One, Esso Raffinage et Dépôts pétroliers de Fos (lire notre édition d’hier). Le délibéré sera rendu le 16 mai.

 Et une riveraine était technicien chez ArcelorMittal plaignante, dont le mari résume : "Les industriels nous ont traités comme des déchets."

 Daniel Moutet, président de l’association de défense et de protection du littoral du golfe de Fos (ADPLGF) n’en revient toujours pas : "C’est incroyable, ils mentent comme ils respirent, lance-t-il à l’adresse des avocats des industriels. Je ne veux pas dire que nous, nous avons forcément raison à 100%, mais nous nous plaignons de quelque chose : il y a plus de pollution à Fos qu’ailleurs. Et pour eux, il n’y a rien, pas de pollution ! Alors pourquoi ArcelorMittal a investi plus de 100 millions d’euros en deux ans pour se mettre aux normes ? Ça veut bien dire qu’en 2021 ils ne l’étaient pas !"

Pour Arcelor, un air parfois "bien meilleur" qu’ailleurs

En juillet 2022, le tribunal avait débouté six dossiers attaquant les quatre industriels pour "troubles anormaux du voisinage". Le motif : la pollution autour du golfe de Fos "est la conséquence prévisible et donc normale des choix de société effectués depuis plusieurs décennies, et qu’elle doit donc être considérée comme ne présentant aucun caractère anormal". La décision n’avait évidemment pas donné satisfaction aux habitants, qui ont saisi la cour d’appel. 

" et dans mon travail je peux vous dire que c’était impressionnant au fur et à mesure que les années passaient", a expliqué hier devant la cour une riveraine, Jackie Huriaux, 74 ans, ancienne infirmière libérale, assurant que lorsqu’elle s’est "installée, en 1972, on ne parlait pas de cancers". "La qualité de l’air à Fos n’est pas plus mauvaise" et "parfois bien meilleure" qu’ailleurs, a cependant estimé à la barre l’avocate d’ArcelorMittal, regrettant l’"image apocalyptique faite" par la partie adverse. Les deux parties ont longuement évoqué l’étude Fos-Epseal, publiée en 2017, qui avait jeté un pavé dans la mare parmi les habitants de la région en concluant notamment que les femmes interrogées à Port-Saint-Louis et Fos-sur- Mer avaient trois fois plus de cancers que la moyenne nationale. Jusqu’à cette parution les riverains n’avaient pas "imaginé qu’ils pouvaient attaquer les sociétés qui les faisaient vivre, puisqu’ils travaillent pour la plupart dans ces entreprises", a expliqué leur avocate, Me Julie Andreu, rappelant qu’une des personnes qu’elle défendait avait succombé plusieurs cancers en cours de procédure. Au total, dix-huit dossiers de riverains sont entre les mains de la cour d’appel. La prochaine audience "importante" selon l’avocate des habitants aura lieu le 19 mars.

 Quel que soit le délibéré, le contentieux a des chances de finir en cour de cassation, aucune des deux parties n’étant résolue à lâcher l’affaire. La justice examine par ailleurs toujours les plaintes de 250 riverains, déposées il y a trois ans, au pénal cette fois.

 N. PUIG avec AFP


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