dimanche 13 septembre 2009

La polémique enfle sur la transparence des industriels

Publié le samedi 12 septembre 2009 à 13H39

La justice s'est auto-saisie, le député Diard interpelle le ministre

Trois accidents depuis cet été: la situation devient préoccupante sur le complexe pétrochimique.
Photo Patrick Nosetto

  • On appelle cela la transparence. En cas d'accident grave, les industriels ont une obligation d'informer les populations. Pour cela, ils s'appuient sur des "relais" que sont les mairies et les médias. Lorsque l'incident est moins "grave", deux solutions s'offrent à eux: faire le moins de bruit possible ou aller plus loin dans la transparence en informant leurs voisins par les mêmes relais que lors de l'accident majeur.
  • Ce cas, c'est, en théorie, celui d'Arkéma, entreprise engagée dans le programme "Terrains d'entente", sous la houlette du ministère de l'Environnement. En théorie, car la presse n'a été informée de l'incident que par le syndicat CGT et les services judiciaires n'ont appris l'information qu'à la lecture de La Provence.
  • Ce fut aussi le cas avec l'incident survenu à Naphta chimie le week-end dernier.
  • "Ce problème d'information est un problème ancien que nous avons souvent relevé, s'irrite Ludovic Pilling, vice-procureur de la République en charge des dossiers d'environnement au parquet d'Aix. Les industriels ne voient pas toujours le problème pénal et n'informent pas toujours les services de police. C'est regrettable, surtout lorsqu'il y a des blessés comme à Lavéra et que l'incident peut être qualifié en accident du travail." Pour autant, le procureur ne croit pas en une réelle volonté de "cacher" les informations. "C'est plutôt une absence de réflexe", conclut le magistrat. Soit. Mais cette lacune est plutôt mal vécue par les services de police. "Si l'on veut noircir le tableau, dans le cas d'un accident du travail, entre les faits et le moment où l'on nous prévient, il peut se passer de nombreuses heures." Soit, selon un policier, "le temps de pouvoir cacher des choses", ce qui n'est pas forcément le cas des incidents précités.
  • Pour la Dréal (ex-Drire), chargée d'enquêter et de rendre des comptes au préfet, "rien n'oblige l'industriel à communiquer tout le temps et auprès de tout le monde en l'absence d'incident grave", relativise Gilbert Sandon, son directeur. "Mais c'est un conseil que nous leur donnons, au titre des bonnes relations qu'ils peuvent entretenir avec les communes ou les médias, témoigne un inspecteur des installations classées. Sauf qu'ils ne le font pas souvent!
  • Une enquête ouverte

  • Ainsi, contrairement à LyondellBasell toujours prompt à communiquer, dans le cas d'Arkéma, ce sont les syndicats qui ont appris à la mairie, l'existence de l'accident et ses quatre blessés.
  • Ce manque de transparence, tout comme "la succession des incidents sur le site pétrochimique", a conduit le député (UMP) Eric Diard à interpeller le ministre de l'Environnement. "Je constate que depuis des mois, les accidents se succèdent, explique-t-il. Ils mettent en péril la sécurité de ceux qui travaillent sur le site et les populations. Je suis inquiet. Peut-être faudrait-il y faire un audit car ce site ne semble plus présenter toutes les garanties de sécurité nécessaires".
  • Selon nos informations, cette demande aurait déjà été déposée par l'inspection des installations classées sur le bureau du préfet. Ce dernier pourrait prendre une décision d'ici la fin du mois. Hier soir, on apprenait que le parquet d'Aix s'était saisi de l'incident. Une enquête en préliminaire pour "accident du travail" a été ouverte.
  • Par Stéphane Rossi

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