mercredi 16 septembre 2009

Naphta redémarre mais
l'accident fait encore du bruit



Publié le mercredi 16 septembre 2009 à 09H42




La CGT va déposer plainte, les élus grondent






Le site pétrochimique de Naphtachimie redémarre cette semaine.
Pour Arkema, ça attendra encore un peu.
Photo Serge Guéroutl





  • Après l'incident du 5 septembre dernier, l'activité industrielle reprend son cours sur le site pétrochimique de Lavéra. Naphtachimie vient d'indiquer que son vapocraqueur était "en cours de redémarrage". Pour autant, l'affaire de l'incident, ou plutôt la série d'incidents entourant le pôle pétrochimique est loin d'être close et prend désormais une tournure politique.

  • Ainsi, après l'administration des installations classées (la Dréal, ex-Drire) qui a demandé au préfet qu'un audit de sécurité soit diligenté sur le site, Eric Diard, le député-maire (UMP) de Sausset, va interpeller à son tour la ministre de l'écologie (La Provence du 12 septembre). Hier, c'est Gaby Charroux, conseiller général et maire de Martigues, qui s'est ému de la succession des incidents sur le site. "Aujourd'hui, l'audit me semble indispensable. Même si des efforts sérieux ont été entrepris dans les industries, on a eu une succession d'incidents qui interpellent. Même le directeur de la Dréal l'a dit en public, la situation du site le préoccupe". Outre les incidents, c'est la communication des industriels qui est remise en cause.

  • Ainsi, si Naphtachimie a bien informé la mairie (mais c'était un samedi soir), Arkéma ne l'a pas fait. Ou tardivement. "Nous avons proposé la mise en place d'un système d'information quasi-automatique sur les incidents, quels qu'ils soient, ajoute l'élu. Nous aimerions également que la direction du site explique, lors des réunions de quartiers, ce qui s'est passé". Jointe hier, la direction d'Arkema "ne comprend pas l'émoi suscité" par son dernier incident. Selon elle, l'industriel n'a pas à communiquer sur tout. Même si, comme l'indiquent ses communiqués de presse, "il s'inscrit dans le cadre d'un programme de réaction à chaud visant à informer le plus rapidement possible la société civile lors de la survenue d'un incident, même mineur."

  • La montée en épingle de ces incidents est-elle alors, un simple délire de journaliste? Pas vraiment à en juger les réactions des politiques, des riverains qui sont demandeurs d'information et des syndicats qui ont révélé l'affaire. Ainsi, les élus demandent "plus de transparence" pour leurs administrés et la CGT de la plateforme pétrochimique, toujours très prompte à communiquer, a indiqué, hier, qu'elle allait déposer plainte vendredi pour "mise en danger des salariés". "Nous mettons tout en oeuvre pour que la sécurité des hommes, des installations et des populations environnantes devienne une priorité", indique le syndicat. Pour la CGT, "cette sécurité est de plus en plus fragilisée compte tenu des politiques de réduction des coûts exigés par les actionnaires".

  • Une politique dénoncée également par Gaby Charroux pour qui "la réduction des coûts ne doit pas se faire au détriment de la sécurité". Une position réfutée sans cesse par les industriels. Mais face à la multiplication des incidents, personne ne pourra faire l'impasse sur une concertation commune sur les procédures d'alerte. Comme le dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir.------------------------------------------------


  • Les industriels doivent-ils communiquer ?

  • Que gagne réellement un industriel à communiquer? Difficile à quantifier car c'est essentiellement en terme d'image que l'intérêt peut se mesurer. L'Erika, AZF, la crise de la vache folle… sont autant d'exemples de communication de crise ratée. En revanche, certains industriels ont compris la nécessité de communiquer toujours plus. Parmi eux, LyondellBasell, un modèle du genre. Du conflit social au simple incident, la direction de l'entreprise a, toujours, joué la carte de l'ouverture envers la population et les médias.

  • Naphtachimie, dont le directeur Marc Bayard n'hésite jamais à rappeler son interlocuteur, a réalisé des progrès considérables et se veut transparent. Géostock, dont le projet d'enfouissement d'un pipeline au large de Lavéra (photo) a été critiqué par le maire de Fos et conseiller général René Raimondi, nous a immédiatement ouvert ses portes afin de faire connaître son projet. Total La Mède, dont nous avons maintes fois dénoncé le manque de transparence dans ces colonnes, a opéré un revirement de tendance avec le changement d'une partie de ses équipes de direction.

  • Pour d'autres, sans parler d'omerta, la ligne directrice n'est, clairement pas, de prendre la parole et de communiquer à tout bout de champ. Tant pis pour la population, toujours plus sensibilisée aux notions de sécurité et d'environnement et dommage pour l'industriel. En témoigne la levée de bouclier suscitée par les révélations de nos articles autour des ratés de communication de ces derniers jours.
    Par Stéphane Rossi

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