Covid-19 :
La FDA, l'autorité de régulation du médicament aux
Etats-Unis, a publié la liste des composants du vaccin Pfizer-BioNTech. Sciences et Avenir les a passés en revue avec un
spécialiste. Décryptage. :
La FDA, l'autorité de régulation du médicament aux
Etats-Unis, a publié l'intégralité des composants (en anglais) du
vaccin contre le Covid-19 développé par le laboratoire Pfizer-BioNTech. Ce
vaccin utilise une nouvelle technique à ARNm pour venir à bout du SARS-CoV-2,
le virus responsable du Covid-19. Sciences et Avenir a
passé la liste en revue avec Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS et spécialisé
en vaccinologie.
L'ARNm ou le principe actif du vaccin
L'ARNm est le composant central du vaccin. C'est grâce
à cette stratégie que l'organisme va apprendre à se défendre contre le
virus. La
portion d'ARN du virus permet de créer des protéines spikes (les protéines
grâce auxquelles le virus nous infecte) dans l'organisme du patient vacciné. En
l'inoculant au patient, le vaccin fournit à l'organisme une sorte de mode
d'emploi pour fabriquer des petits morceaux de virus inoffensifs, des sortes de
cibles pour s'entraîner. Ainsi, lorsque l'organisme croisera le véritable virus
par la suite, il saura se défendre contre lui.
Le procédé est
le même que pour les vaccins traditionnels, qui, eux, n'utilisent pas de
morceau génétique mais une partie du virus lui-même ou un virus inactivé. L'ARN
a tout juste le temps de transmettre le "plan de construction" avant
de disparaître. "L'ARN est une molécule fragile et très
instable. Elle survit dans l'organisme l'espace de quelques heures, voire de quelques
jours maximums après avoir donné ses instructions", explique
Bruno Pitard. Et aucun risque que l'ARN n'engendre de changements génétiques
dans notre organisme. "Impossible de modifier notre
ADN en se faisant injecter un vaccin à ARN. Les molécules d'ARN restent dans le
cytoplasme, un compartiment de la cellule qui se trouve entre la membrane et le
noyau. C'est là qu'il fabrique ses protéines. L'ARN ne peut pas entrer dans le
noyau, où seul l'ADN se trouve. Il n'y a pas d'interaction entre notre ADN et
l'ARN de virus injecté".
Une enveloppe de lipides
·
ALC-0315 = bis(2-hexyldécanoate) de
((4-hydroxybutyl)azanediyl)bis(hexane-6,1-diyle) ·
ALC-0159 = 2-[(polyéthylèneglycol)-2000]-N,Nditétradécylacétamide ·
1,2- distéaroyl-sn-glycéro-3-phosphocholine ·
Cholestérol |
Impossible d'injecter directement l'ARN sous forme de
vaccin chez un patient, auquel cas il ne survivrait pas dans notre corps et la
vaccination ne serait pas efficace. Il faut pour cela lui créer une sorte
d'enveloppe à base de lipides. Mais pas n'importe quels lipides. Ils sont
choisis en fonction de leur charge électrique, afin que le mélange soit
équilibré. "Un lipide cationique [chargé positivement, ndlr] sert
à s'associer aux molécules d'ARN qui elles sont chargées négativement. Les deux
charges vont s'accrocher ensemble afin d'équilibrer la préparation."
Les autres lipides permettent de s'assurer que la
solution soit stable. "Le polyéthylènegycol permet, lui de créer
des sortes de cheveux tout autour de la particule. Ces cheveux servent à
éloigner deux particules pour éviter qu'elles ne fusionnent entre elles. Dès
que deux particules s'approchent, cela crée un phénomène de répulsion."
Ainsi, la solution reste stable et homogène.
Les sels, pour un mélange isotonique
·
Phosphate dibasique de sodium dihydraté ·
Phosphate monobasique de potassium ·
Chlorure de potassium ·
Chlorure de sodium |
La liste publiée par la FDA mentionne quatre types de
sels différents dans la composition du vaccin de Pfizer et BioNTech.
Ces sels rendent le mélange isotonique. "A l'injection, le vaccin a donc la même tonicité qu'un
environnement biologique. Sans eux, la solution pourrait faire éclater des
cellules une fois injectée." Ajouté à cela, les sels permettent
de maintenir le PH du vaccin. "Il reste entre 6 et 7, sinon,
cela devient douloureux à l'injection."
Le saccharose, un agent de conservation
Enfin, le vaccin à ARN comporte aussi du sucre pour
ses propriétés de conservation.
Publier la liste des composants permet d'éviter des
réactions allergiques à certains patients, c'est pourquoi ces listes sont
disponibles pour les vaccins déjà sur le marché. Au Royaume-Uni, premier pays à
autoriser le vaccin de Pfizer et BioNTech, deux personnes (souffrant
d'allergies au point de garder toujours de l'adrénaline sur elles) ont été sujettes à des réactions allergiques après l'injection.
Si la substance responsable n'a pas encore été identifiée, l'Agence britannique
de régulation du médicament déconseille désormais le vaccin aux personnes avec
des antécédents de crises allergiques aiguës.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire