L’association
ADPLGF a confirmé qu’elle lancerait une nouvelle procédure en 2020 pour
dénoncer les "carences des pouvoirs publics".
/ PHOT
Pollution:
une troisième action
contre
l’Etat en 2020
Pollution : la plainte
Contre l’État confirmée". / PHOT
Pollution
: une troisième action
L’association
fosséenne ADPLGF l’a confirmé une nouvelle procédure en 2020 pour dénoncer les "carences des pouvoirs p.
Après deux procédures au pénal et au civil, ses
avocats porteront une action contre l’Etat et les pouvoirs publics "après
les municipales"
240
plaintes au pénal pour mise en danger de la vie d'autrui, 14 assignations au
civil pour trouble anormal de voisinage et, dans quelques mois, une procédure
contre l'Etat pour "carence fautive dans son rôle de
régulateur et de contrôleur". C'est sur ce trépied que
l'association fosséenne "ADPLGF" va continuer d'agir dans les mois à
venir, en appelant les habitants, associations et élus des villes riveraines de
Fos-sur-Mer à partager ces batailles judiciaires qui s'annoncent. Enjeu éternel
: la lutte contre les pollutions générées par les industries installées dans la
zone allant du golfe de Fos à l'étang de Berre en passant par Martigues-Lavéra.
Jeudi soir, lors d'une réunion
organisée par Daniel Moutet, président de l'association, en compagnie des
avocates, Mes Julie Andreu et Sarah Games, et des juristes, plusieurs
participants, venus du pourtour de l'étang de Berre, ont réclamé cet
élargissement. Christiane de Félice, la présidente de l'association de défense
des victimes de maladies professionnelles de l'ouest de l'Étang de Berre
(Adevimap), basée à Martigues, a évoqué la "sous-évaluation des maladies
professionnelles", comme le manque de formation des médecins à
ce sujet, "10 heures
sur l'ensemble de leur cursus." Plusieurs témoins ont raconté
leur traitement en chimiothérapie et radiothérapie, à l'hôpital de Martigues
comme à l'Institut Paoli-Calmettes, évoquant des conversations édifiantes avec
des médecins. "Tout le monde sait qu'il existe un risque de vivre ici.
Mais l'ampleur du problème n'a pas encore été prise en compte",
insistait un Fosséen, tout juste remis d'une grave pathologie. "La
caisse nationale d'assurance maladie a tous les éléments en main pour agir, a
insisté l'une de ses anciennes syndicalistes. Encore faut-il que le
pouvoir politique le lui demande."
Face à ces témoignages poignants,
et une qualité de débats qui a fait honneur à la réunion, les avocates de
l'association ont lancé un appel à la mobilisation. "Parce que l'union fait la force,
a commenté Julie Andreu, du cabinet TTLA. La pollution ne s'arrête ni aux portes
des usines, ni aux portes de Fos, ni aux portes de Carry ! Même Marseille, qui
est concernée, devrait nous rejoindre."
Pour l'heure, c'est un peu entre
Fosséens que la réunion a eu lieu, alors que la dernière soirée semblable,
organisée par la CGT d'ArcelorMittal, avait attiré le député, ou encore les
maires de Martigues et de Miramas.
Néanmoins, les dépôts de plainte
se poursuivent. "Sans limite de date", a précisé Me
Andreu, tout en apportant des garanties, avec Me Games, sur le financement de
ces actes, souvent pris en charge par l'association dans un premier temps. "Mais,
en assignant des entreprises comme ArcelorMittal, DPF, Esso et Kem One, que
risque-t-on ?", demandait un intervenant. Réponse des
avocates, en substance, rien, si n'est de gagner, et d'obtenir des indemnités.
S'en prendre à l'Etat sera
désormais le troisième challenge à relever. "Les pouvoirs publics n'ont pas légiféré
sur le sujet, n'ont pas contrôlé les installations alors qu'ils ont les outils
pour, insistait Me Andreu. Le préfet n'a pas tiré les conséquences
de ses propres constats !" D'où cette action, qui sera lancée "après
les municipales, afin de ne pas tout mélanger", concluait
Daniel Moutet, relevant enfin : "Ça fait six mois qu'on demande à la
Dréal des relevés sur la zone de Lavéra. On n'a toujours pas eu de réponse."
LE TÉMOIGNAGE
LINDA GRASSI EN RÉMISSION D’UN CANCER DU SEIN
"Il
ne faut pas avoir honte de porter plainte
Elle
était venue, jeudi soir, assister pour la première fois à une réunion de
l’association ADPLGF, à la maison de la mer à Fos. Son intervention a été
chaleureusement applaudie.
Son
combat contre le cancer, sa décision de s’associer aux plaintes, son dynamisme
ont conquis tous les présents. "A 39 ans, j’ai eu un cancer du sein, dont
je suis en rémission aujourd’hui, expliquait-telle après la réunion. J’ai
habité un peu partout autour de l’étang, à Saint-Chamas, à Martigues et
aujourd’hui à Fos. Je suis convaincue que la pollution industrielle a joué un rôle
dans ma maladie. Personne n’en a jamais eu dans ma famille !" Surtout,
Linda a raconté son quotidien à l’hôpital, ses discussions avec des patientes atteintes
du même mal.
"Toutes
ont conscience de vivre dans un environnement pollué. Mais elles ne porteront
pas plainte, par honte ! Comme si elles étaient des pestiférées, comme si tout ça
n’était dû qu’à la fatalité." Linda Grassi a, elle, décidé de rejoindre
les plaignants de l’association. "Souvent, on me demande pourquoi je ne
déménage pas. Pa question !
Et qui
sont ces industriels pour nous polluer ainsi ?
Cette
situation, ça suffit. Aux usines, à l’Etat d’agir".
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