Le monument "Château
de Ponteau de Martigues"
Est une propriété d'une personne
privée.
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Ce monument date du et
fait partie des 7 constructions répertoriées de Martigues. *
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Bastide provençale, dite aussi Maison du chemin
du Paradis Martigues
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Chapelle de l'Annonciade Martigues
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Château de Ponteau Martigues
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Ecole maternelle de Ferrières Martigues
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Eglise Sainte-Madeleine de l'Ile Martigues
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Fort de Bouc (ou fort Vauban) Martigues
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Gisement de plein air néolithique du Collet
Redon Martigues
Texte : Cascio André
Une histoire, une source,
Un temple, une chapelle,
Un château, de la poésie
Le littoral de Ponteau
connaît l’occupation humaine depuis le mésolithique.
En général, toujours
autour d’une source d’eau douce comme dans la calanque d’Auguette (agoutaù) et
de la Baume Longue près des sources égouttoir.
Les « Avaticii »
Avatiques (Les Avatiques sont un peuple celto-ligure, appartenant à la
fédération des Salyens, qui vivait à l'ouest et au sud de l'étang de Berre sur
un territoire centré sur l'actuelle ville de Martigues.) exploitent très tôt les carrières du
littoral de Ponteau, pratiquent la pêche, la culture et l’élevage. Leur nom
vient de Ava Avam Aven Awen du gaulois qui veut dire eau rapide, rivière,
fleuve ou canal et de Uisc Isc qui veut dire grande étendue d’eau. Leur chef-lieu
se trouve à Saint Blaise et porte le nom de Mastramêla (mastra = pétrin et mêla
= sel) comme le nom antique de l’étang. Ils sont associés aux Saliens. L’île de
Boùc (Bocca) prend son nom avec la prospection des romains qui confondirent les
bouches du Rhône avec ces deux canaux estuaires, ainsi que celui de Caronte
(Caronto = courant). Mais cette île et ses cèdes se nommaient Mêlapline (boue
de sel). L’un des deux canaux s’appelle la lèque pour ses pierres triangulaires
en forme de quatre et l’autre porte le nom de Canevieil (cænus vient du gaulois
can = creux, bas fond, port). Une des roches de l’anse de Canevieil était
sculptée d’une fresque, sur l’arrivée des phocéens à cet endroit, qui a été
découpée puis a disparu (source de la salle des séances de l’académie de
Marseille). Différentes versions content cette histoire, celle que nous
connaissons tous avec la coupe d’eau remise par Gyptis à Protis et l’autre des
phocéens guidés par les romains qui auraient pris une tour de défense déjà en
place du temps pré-phocéens.
Le nom de Ponteau,
Ponteu, Pontéous ou Pontels peut avoir deux explications. La première de par la
signification de ce dernier petit pont que l’on retrouve sur les cartes et
croquis antiques menant sur l’île de Boùc. La deuxième pourrait venir de Phocée
où l’estuaire de la mer de Marmara (mer noire) qui porte le nom de Pont-Euxin.
Le père de Protis est le roi Euxène. La forme de la mer de Marmara (la mer de
la mer) ressemble étrangement à celle de la mer de Martigues de plus on trouve
sur ses rives deux peuples : les Mèdes et les Istréens. Drôle de coïncidence.
L’une ou l’autre lui donne son origine voir les deux.
Au I siècle une
colonie Gallo-romaine verra le jour aux Laurons avec une villa Maritima de
Seneymes de 2500m2 avec des termes alimentés par un aqueduc qui se trouve à
l’entrée de la centrale EDF.
Deux kilomètres plus
loin à Auguette près du château se trouvait un temple de Diane et sa stèle qui
est exposée aujourd’hui au jardin du Lapidaire.
C’est à partir du
XIIII que l’on trouve les première traces. (Dominiun cum territorio de Pontels
totumcumque hoc territorio pro comitte Provincie tenent homines Sancti Genesii)
La première citation
du château et de sa Chapelle romane de Saint Martin est de la même époque où
les marseillais sont solidement installés dans ce secteur. La salle basse du
château daterait de l’époque sans pouvoir vraiment le prouver.
Sa longueur est de 22m et sa largeur est
de 7m voûtée en berceaux brisés avec doubleaux.
Au XVI, on retrouve
des textes de l’existence du château et de son propriétaire. Le seigneur Jean
Muan bourgeois cossu baron de Grasse, 3ème consul de la ville de Marseille en
1554 et associé avec Lenche de la compagnie du Corail. A sa mort, c’est son
fils Lazarin Muan qui occupe les lieux et gère ses affaires.
En 1578, il est le
maître des cérémonies de la course de l’étendard de Saint Victor à Marseille.
Il fait partie des Arquins (luron, bon
vivant) pères des Félibres (dont Mistral s’est inspiré dans ses livres) qui se
réunissaient 7 fois par an, à 7 personnes et dans 7 lieux.
Avec les poètes comme Lucrèce, Deimier,
le capitaine Pierre Paul, Laurent de Bermond, Jean du Périer, Maurice de Laye
et Louis Bellaud de la Bellaudière (le Ronsard Provencal), ils s’adonnent à la
musique, au théâtre et à la poésie provençale dans ses jardins (dit beaux comme
un paradis).
Traduction d’un poème
provençal de la Bellaudière sur son jardin :
Autant que fleurira la flore sur le terroir,
Et que bigarreront les jardins de couleur.
Je veux que mon sonnet s’émiette de douleur,
Autant reste gravé dans ce charmant séjour,
Source est le jardin vœu du premier père,
Avec son pareil, tous nus vivent de milles amours
Laissent en ce lieu tout s’emailler de fleurs
En déplaise à l’hiver, et Éole le souffleur,
L’extase vous empare comme vous pouvez voir,
Loin, libre, parement pour l’honnête plaisir,
Et si durant tout l’an, la joie trotte toujours
Car le maître des lieux, qui est un miroir d’honneur,
Veut qu’avec les Arquins d’un humour joyeux
Issue vague, vivant avec dieu de la bonne humeur.
Par la suite, entre
1591 et 1595, il prît le parti de la ligue Catholique contre le Roi Henri IV et
participe à cette guerre civile des Martégaux aidés des Marseillais. De ce
fait, il est écarté de la compagnie puis on perd toutes traces.
C’est à partir de là
que le château devient la propriété de l’abbaye de Montmajour par saisie, par
lègue ou par faire valoir de lettre patente du Seigneur de Fos, Rostang ayant
donné le Val de Saint Pierre en 1070 ? Le château est laissé à l’abandon et sa chapelle
est profanée par un paysan qui la transforme en bergerie.
En 1783 André Gieui
entrepreneur marseillais, qui est missionné pour la reconstruction de l’ancien
Arsenal de Marseille, rachète la propriété à l’abbaye de Montmajour pour la
somme 42 500 l. L’année suivante, il rachète les terres voisines (ferme des
bourdigues) à Gallifet. Il construit un môle maritime de 20m calanque Auguette
où l’on peut voir de nos jours côté sud les trous des fourreaux et les marques
des chariots dans la roche. Il exploite d’abord la roche de taille pour
réaménager des rues jusqu’au vieux port (Canebière, place Ernest Reyer, les
escaliers rue Fortia et rue de la paix), du fourrage et du chanvre.
En 1810 il construit
une usine qui produit de la soude, de la potasse, du sulfate, de l’acide
sulfurique et rénove le château. En 1825, il crée les salines de 5000 m2 et
emploie plus de 400 personnes payées 2 à 2,5 fr par jour. Peu après en 1837,
ruiné par une affaire judiciaire, il revend la propriété de 9 hectares au prix
de 50 000 fr à Ferlier Ainé et géré par Caudière. Sa production est de 900 t
par an. En 1865, c’est l’arrêt de la production et en 1866 c’est l’abandon. En
1891, il ne reste plus que 17 habitants.
Pendant la deuxième
guerre mondiale, les allemands réquisitionnent le château comme quartier
général et défigurent la propriété avec de nombreux abris militaires.
Le site est inscrit
partiellement au Monument Historique depuis le 7 02 1937
La bonne nouvelle
c’est que sa chapelle (la plus vieille de la ville) va subir une restauration.
Les travaux commencent avec j’espère une fouille archéologique.
Photos de : Jean Hallez,
Greg Collignon, Silvy Ducreux
Texte : Cascio André
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