Martigues :
les incroyables maquettes en allumettes de Marcel Atchi
Pendant plus de 50 ans, i
Il a eu la flamme pour réaliser
Des répliques de bateaux et
monuments
Par Alexandra Thezan
Sa plus grande réalisation, Notre-Dame de la Garde
avec 100 000 allumettes. PHOTO A.T.
Non, Marcel Atchi n'a jamais été invité à dîner chez des amis un mercredi
soir. Oubliez vite la référence au film Le Dîner de cons et
saluez plutôt le travail précis et soigné de l'artiste. Durant près de 60 ans,
cet Istréen autodidacte a eu la flamme pour les allumettes, en confectionnant
des maquettes toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Voilà
bientôt six ans qu'il a arrêté de craquer ses allumettes, "ces gestes
répétitifs, c'est quand même compliqué pour le bras, j'avais mal, je n'en pouvais
plus " - mais à 89 ans, Marcel Atchi brûle toujours d'amour
pour sa passion et raconte volontiers son travail.
Un cutter, une pince à épiler et des allumettes
"À l'époque,
en 1958, je fumais, se souvient Marcel Atchi. Je voulais une
boîte à cigarettes mais j'avais envie qu'elle soit en lien avec ce qu'il y a
dedans. J'ai alors eu l'idée de fabriquer une boîte en allumettes". Sa
boîte a pris la forme de l'Arc de Triomphe.
Dès lors, Marcel se
prend au jeu et enchaîne les réalisations. "J'ai aussi réalisé dans la
foulée une petite Tour Eiffel mais elle n'était pas à l'échelle alors quelques
années plus tard, j'en ai refait une plus grande". Avec son cutter
bien aiguisé, une pince à épiler et ses allumettes, il s'attaque également aux
bateaux, en confectionnant d'abord le Santa Maria de
Christophe Colomb. Puis toute la flottille du navigateur et beaucoup d'autres !
"Après mon premier bateau, je n'ai plus jamais arrêté, raconte
Marcel Atchi. On ne dirait pas, mais c'était beaucoup de travail".
Il dessine d'abord un schéma ; pour un bateau il sculpte la coque dans du
polystyrène qu'il recouvre de papier. Sur le papier, il dispose et colle les
allumettes. Puis, il retire le polystyrène et retapisse l'intérieur d'une
nouvelle épaisseur d'allumettes, afin de donner la solidité à l'ensemble. Au
début, il achetait des boîtes d'allumettes et coupait le bout. "J'ai
ensuite trouvé une fabrique vers Aix et j'achetais des grosses quantités des
tombés. Quand la fabrique a fermé, j'ai demandé aux amis de garder leurs allumettes.
Beaucoup de maquettes ont été faites avec des tiges brûlées", se
souvient-il.
Lui qui avoue ne pas
toujours être patient dans la vie de tous les jours, il s'est finalement
découvert une passion pour laquelle il s'enfermait des heures pour empiler,
couper avec dextérité, allumette par allumette et ainsi donner forme à ses
maquettes. "Il était dans son cabanon en permanence, il vivait
là-bas, se souvient son épouse Pierrette. Je venais le
chercher pour dîner mais il fallait aller vite car il disait que la colle
allait sécher". Son petit atelier, construit derrière sa maison,
abrite toujours son matériel. Les pots sont encore remplis d'allumettes et son
premier cutter est conservé précieusement. Des souvenirs qu'il garde chez lui,
même si enfants et petits-enfants ont récupéré quelques maquettes, tout comme
les coupes remportées lors d'expositions et concours réalisés à travers toute
la France. "Je ne faisais pas ça pour gagner un prix mais c'est vrai
que les gens appréciaient le travail". Ultime consécration, il a reçu
le premier prix à l'exposition internationale de Hyères, en 2008.
Une reproduction de Notre-Dame de la Garde
Après les bateaux, il
enchaîne sur les ponts. Le pont du Gard, celui de la rivière Kwaï ou encore
l'ancien pont de Martigues. Cet ancien pompier professionnel à Lavéra a aussi
fait honneur à sa ville, Istres, en réalisant un bateau de jouteurs, la
fontaine ou encore la porte d'Arles. Seul petit regret, ne pas avoir fait
l'église Notre Dame de Beauvoir. "Du coup j'ai fait la chapelle
Saint-Sulpice. Il a d'abord fallu que je fasse les plans". Mais sa
plus grande et belle réalisation reste sans aucun doute Notre-Dame de la Garde.
Trois ans de travail, 100 000 allumettes et dix-huit allers-retours à
Marseille ont été nécessaires pour faire cette réplique parfaite. "J'ai
mis moins de temps qu'eux", sourit-il. Construite au 1/100e, cette
reproduction mesure 1,50 m de long pour 90 cm de hauteur. Imposante,
elle a été travaillée grâce aux photos, croquis réalisés par Marcel Atchi et
mesures prises sur place. "Il y a le même nombre de marches",
soutient-il.
En 2015, il a finalement raccroché son cutter et sa pince à épiler.
"Ça devenait trop difficile", justifie-t-il. Il a fini en
réalisant de nombreuses petites sculptures comme des animaux, des poissons, des
charrettes... "Quand je regarde ces maquettes, je me demande comment j'ai
fait pour faire ça !". La passion tout simplement.
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