mardi 11 mai 2021

Les incroyables maquettes en allumettes

 

Martigues : les incroyables maquettes en allumettes de Marcel Atchi

Pendant plus de 50 ans, i

Il a eu la flamme pour réaliser

Des répliques de bateaux et monuments

Par Alexandra Thezan




Sa plus grande réalisation, Notre-Dame de la Garde avec 100 000 allumettes. PHOTO A.T.

 

Non, Marcel Atchi n'a jamais été invité à dîner chez des amis un mercredi soir. Oubliez vite la référence au film Le Dîner de cons et saluez plutôt le travail précis et soigné de l'artiste. Durant près de 60 ans, cet Istréen autodidacte a eu la flamme pour les allumettes, en confectionnant des maquettes toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Voilà bientôt six ans qu'il a arrêté de craquer ses allumettes, "ces gestes répétitifs, c'est quand même compliqué pour le bras, j'avais mal, je n'en pouvais plus " - mais à 89 ans, Marcel Atchi brûle toujours d'amour pour sa passion et raconte volontiers son travail.

Un cutter, une pince à épiler et des allumettes

"À l'époque, en 1958, je fumais, se souvient Marcel Atchi. Je voulais une boîte à cigarettes mais j'avais envie qu'elle soit en lien avec ce qu'il y a dedans. J'ai alors eu l'idée de fabriquer une boîte en allumettes". Sa boîte a pris la forme de l'Arc de Triomphe.

Dès lors, Marcel se prend au jeu et enchaîne les réalisations. "J'ai aussi réalisé dans la foulée une petite Tour Eiffel mais elle n'était pas à l'échelle alors quelques années plus tard, j'en ai refait une plus grande". Avec son cutter bien aiguisé, une pince à épiler et ses allumettes, il s'attaque également aux bateaux, en confectionnant d'abord le Santa Maria de Christophe Colomb. Puis toute la flottille du navigateur et beaucoup d'autres ! "Après mon premier bateau, je n'ai plus jamais arrêté, raconte Marcel Atchi. On ne dirait pas, mais c'était beaucoup de travail". Il dessine d'abord un schéma ; pour un bateau il sculpte la coque dans du polystyrène qu'il recouvre de papier. Sur le papier, il dispose et colle les allumettes. Puis, il retire le polystyrène et retapisse l'intérieur d'une nouvelle épaisseur d'allumettes, afin de donner la solidité à l'ensemble. Au début, il achetait des boîtes d'allumettes et coupait le bout. "J'ai ensuite trouvé une fabrique vers Aix et j'achetais des grosses quantités des tombés. Quand la fabrique a fermé, j'ai demandé aux amis de garder leurs allumettes. Beaucoup de maquettes ont été faites avec des tiges brûlées", se souvient-il.

Lui qui avoue ne pas toujours être patient dans la vie de tous les jours, il s'est finalement découvert une passion pour laquelle il s'enfermait des heures pour empiler, couper avec dextérité, allumette par allumette et ainsi donner forme à ses maquettes. "Il était dans son cabanon en permanence, il vivait là-bas, se souvient son épouse Pierrette. Je venais le chercher pour dîner mais il fallait aller vite car il disait que la colle allait sécher". Son petit atelier, construit derrière sa maison, abrite toujours son matériel. Les pots sont encore remplis d'allumettes et son premier cutter est conservé précieusement. Des souvenirs qu'il garde chez lui, même si enfants et petits-enfants ont récupéré quelques maquettes, tout comme les coupes remportées lors d'expositions et concours réalisés à travers toute la France. "Je ne faisais pas ça pour gagner un prix mais c'est vrai que les gens appréciaient le travail". Ultime consécration, il a reçu le premier prix à l'exposition internationale de Hyères, en 2008.

Une reproduction de Notre-Dame de la Garde

Après les bateaux, il enchaîne sur les ponts. Le pont du Gard, celui de la rivière Kwaï ou encore l'ancien pont de Martigues. Cet ancien pompier professionnel à Lavéra a aussi fait honneur à sa ville, Istres, en réalisant un bateau de jouteurs, la fontaine ou encore la porte d'Arles. Seul petit regret, ne pas avoir fait l'église Notre Dame de Beauvoir. "Du coup j'ai fait la chapelle Saint-Sulpice. Il a d'abord fallu que je fasse les plans". Mais sa plus grande et belle réalisation reste sans aucun doute Notre-Dame de la Garde. Trois ans de travail, 100 000 allumettes et dix-huit allers-retours à Marseille ont été nécessaires pour faire cette réplique parfaite. "J'ai mis moins de temps qu'eux", sourit-il. Construite au 1/100e, cette reproduction mesure 1,50 m de long pour 90 cm de hauteur. Imposante, elle a été travaillée grâce aux photos, croquis réalisés par Marcel Atchi et mesures prises sur place. "Il y a le même nombre de marches", soutient-il.

En 2015, il a finalement raccroché son cutter et sa pince à épiler. "Ça devenait trop difficile", justifie-t-il. Il a fini en réalisant de nombreuses petites sculptures comme des animaux, des poissons, des charrettes... "Quand je regarde ces maquettes, je me demande comment j'ai fait pour faire ça !". La passion tout simplement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Plages des Laurons