Pêche à Martigues : le canal
sous surveillance
Les gendarmes de la Brigade nautique de Martigues
Ont fait une opération de contrôle avec 6 verbalisations à la clé.
Objectif : rappeler que la pêche sur Galliffet, c'est interdit
On ne va pas dire que c'est une opération sur les charbons ardents, mais quand même ! C'est bien un sujet sensible.
Ce matin-là, on parle pêche, au briefing, dans les locaux de la
brigade nautique de la gendarmerie de Martigues. La brigade fluviale et
nautique, basée à Port-Saint-Louis, est là en renfort. La cible : le canal
Galliffet. "Un
lieu stratégique qui a cristallisé des incivilités et reste source de
nuisances, la nuit parfois", rappelle le major Brouillet, la
carte du règlement particulier de police des pêches dans le Grand port maritime
(GPMM) sur la table. La nouvelle réglementation de l'État, en vue de combattre
le braconnage et restreint également la pêche loisir entre Martigues et
Port-Saint-Louis et notamment les canaux. Des restrictions qui ont fait tant
jaser jusqu'à des manifestations entre terre et mer ces dernières semaines.
Sauf que, depuis le 13 juillet 2020, c'est
officiellement interdit sur certaines zones ; mais à Martigues, entre le pont
levant et la médiathèque, un lieu très prisé, cela reste un sport local, une
tradition avec des pêcheurs toujours vent debout. "C'est un délit, une pêche en zone
interdite, brandit le gendarme, qui a reçu quelques appels de
riverains, ces derniers temps, s'étonnant de ces lignes à foison. Depuis
quelques jours, il y a un afflux. On n'est pas là pour réprimer coûte que
coûte, prévient le major. Mais montrer que c'est interdit. Le but
n'est pas de prendre en tenaille, mais les récalcitrants nous aurons sur le
dos. Qu'ils ne nous disent pas ne pas être au courant de la réglementation, ça
fait du bruit depuis des mois. Qu'on ne dise pas non plus qu'il n'y a pas
d'autres endroits pour pêcher, ce n'est pas vrai ! On s'est montré indulgent,
nous devons tenir ce lieu et faire respecter la loi. Il faut arrêter la
chanson".
Huit militaires sont sur le pied de guerre ce vendredi. Quatre
binômes, à pied, remontant le courant depuis le supermarché du coin, en rang
plutôt serré au cas où... "On sait que l'on va avoir les
oreilles qui sifflent", annonce un militaire.
Comme prévu, l'opération devient presque un film, avec des bobards
gros comme les daurades... L'histoire de "la première fois" ou
le bon "on ne savait pas" des familles.
En face, au niveau de la bibliothèque, ça chambre illico. À la vue
des forces de l'ordre, " une envolée de moineaux",
pointe le major. Premiers postés, premiers dans le filet, pris en flag. Et les
premiers grognements, à l'image de ce retraité bonnet noir vissé sur la tête,
qui frise l'outrage. "Vous n'avez pas mieux à faire, au
lieu d'emmerder (sic) ?" Tout le symbole d'une
incompréhension avec un argument bien ficelé. "Ça fait 14 ans que je pêche
ici, maugrée le pêcheur qui ne reconnaîtra pas l'infraction. Je
vois aucun panneau, s'il y avait une signalétique je veux bien mais moi je ne
sais pas !"
"On en parle depuis plus d'un an..." rétorque
le gendarme. "Quand on est retraité on ne pense pas à grand-chose
vous savez... Tous les bateaux qui pêchent dans les canaux alors, c'est une
justice à deux vitesses".
Au bord du quai, on réclame l'indulgence. Encore. "C'est
tellement ancré dans les mœurs, ils ne tolèrent pas que ça soit interdit, pour
eux ce n'est pas possible..." fait remarquer un
militaire. Les quatre premières verbalisations tombent avec des procès-verbaux
qui seront adressés au Parquet d'Aix-en-Provence et devraient dépasser le cadre
du rappel à la loi, avec une amende à la clé.
Le jeu du chat et de la souris
Au bout d'un quart d'heure, il n'y a plus un chat le long du quai.
Mais le gendarme n'est pas dupe. "Dès qu'on tournera le dos, ils vont
vite revenir..."
En attendant, direction le quartier de l'Île cette fois, où le jeu
du chat et de la souris se poursuit. Ça ne ferre plus évidemment ; les pêcheurs
sont tous aux abris, planqués ; les canes à peine cachées sur la banquette
arrière des voitures, jusqu'à ce seau blanc rempli de crabes en guise d'appâts,
mal dissimulés sous la voiture !
Dans le crachin, deux passionnés font la causette avec les
gendarmes. Toujours la même incompréhension : "Pourquoi embêter des retraités ?"
; sur fond de "petits secrets" à expliquer pourquoi, ici, le canal
est très prisé et réputé pour de jolies pêches. "Ça mord bien plus ici que là où s’est
autorisé avec des daurades, très sensibles au sens du courant dans le canal et
aux marées", raconte le pêcheur. Une tradition et une passion,
on vous dit. Mais une loi désormais... "On doit faire respecter la
réglementation, elle est ce qu'elle est, on n'est pas là pour juger, on applique.
Ce n'était pas un guet-apens, on y est allé doucement. Deux véhicules de
gendarmerie sont passés le long du canal, les pêcheurs ont eu le temps de
quitter les lieux. Il faut que la force reste à la loi. On sait que certains
vont revenir. On se rencontrera à nouveau un de ses quatre..." Ne
dit-on pas que la pêche est une affaire de patience ? Ou pas... 30 minutes
chrono après le premier coup de pression, deux autres pêcheurs viennent de se
faire prendre sous les fenêtres du San Marco à Jonquières. Un sport local on
vous dit !
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