lundi 3 mai 2021

Le canal sous surveillance

 

Pêche à Martigues : le canal sous surveillance

Les gendarmes de la Brigade nautique de Martigues

Ont fait une opération de contrôle avec 6 verbalisations à la clé. Objectif : rappeler que la pêche sur Galliffet, c'est interdit

Cannes toute dehors tout au long de la semaine dernière au bord du canal Galliffet... Après l'indulgence, les premiers retours de bâton, sans saisie du matériel pour le moment.

On ne va pas dire que c'est une opération sur les charbons ardents, mais quand même ! C'est bien un sujet sensible.

Ce matin-là, on parle pêche, au briefing, dans les locaux de la brigade nautique de la gendarmerie de Martigues. La brigade fluviale et nautique, basée à Port-Saint-Louis, est là en renfort. La cible : le canal Galliffet. "Un lieu stratégique qui a cristallisé des incivilités et reste source de nuisances, la nuit parfois", rappelle le major Brouillet, la carte du règlement particulier de police des pêches dans le Grand port maritime (GPMM) sur la table. La nouvelle réglementation de l'État, en vue de combattre le braconnage et restreint également la pêche loisir entre Martigues et Port-Saint-Louis et notamment les canaux. Des restrictions qui ont fait tant jaser jusqu'à des manifestations entre terre et mer ces dernières semaines.

Sauf que, depuis le 13 juillet 2020, c'est officiellement interdit sur certaines zones ; mais à Martigues, entre le pont levant et la médiathèque, un lieu très prisé, cela reste un sport local, une tradition avec des pêcheurs toujours vent debout. "C'est un délit, une pêche en zone interdite, brandit le gendarme, qui a reçu quelques appels de riverains, ces derniers temps, s'étonnant de ces lignes à foison. Depuis quelques jours, il y a un afflux. On n'est pas là pour réprimer coûte que coûte, prévient le major. Mais montrer que c'est interdit. Le but n'est pas de prendre en tenaille, mais les récalcitrants nous aurons sur le dos. Qu'ils ne nous disent pas ne pas être au courant de la réglementation, ça fait du bruit depuis des mois. Qu'on ne dise pas non plus qu'il n'y a pas d'autres endroits pour pêcher, ce n'est pas vrai ! On s'est montré indulgent, nous devons tenir ce lieu et faire respecter la loi. Il faut arrêter la chanson".

Huit militaires sont sur le pied de guerre ce vendredi. Quatre binômes, à pied, remontant le courant depuis le supermarché du coin, en rang plutôt serré au cas où... "On sait que l'on va avoir les oreilles qui sifflent", annonce un militaire.

Comme prévu, l'opération devient presque un film, avec des bobards gros comme les daurades... L'histoire de "la première fois" ou le bon "on ne savait pas" des familles.

En face, au niveau de la bibliothèque, ça chambre illico. À la vue des forces de l'ordre, " une envolée de moineaux", pointe le major. Premiers postés, premiers dans le filet, pris en flag. Et les premiers grognements, à l'image de ce retraité bonnet noir vissé sur la tête, qui frise l'outrage. "Vous n'avez pas mieux à faire, au lieu d'emmerder (sic) ?" Tout le symbole d'une incompréhension avec un argument bien ficelé. "Ça fait 14 ans que je pêche ici, maugrée le pêcheur qui ne reconnaîtra pas l'infraction. Je vois aucun panneau, s'il y avait une signalétique je veux bien mais moi je ne sais pas !"

"On en parle depuis plus d'un an..." rétorque le gendarme. "Quand on est retraité on ne pense pas à grand-chose vous savez... Tous les bateaux qui pêchent dans les canaux alors, c'est une justice à deux vitesses".

Au bord du quai, on réclame l'indulgence. Encore. "C'est tellement ancré dans les mœurs, ils ne tolèrent pas que ça soit interdit, pour eux ce n'est pas possible..." fait remarquer un militaire. Les quatre premières verbalisations tombent avec des procès-verbaux qui seront adressés au Parquet d'Aix-en-Provence et devraient dépasser le cadre du rappel à la loi, avec une amende à la clé.

Le jeu du chat et de la souris

Au bout d'un quart d'heure, il n'y a plus un chat le long du quai. Mais le gendarme n'est pas dupe. "Dès qu'on tournera le dos, ils vont vite revenir..."

En attendant, direction le quartier de l'Île cette fois, où le jeu du chat et de la souris se poursuit. Ça ne ferre plus évidemment ; les pêcheurs sont tous aux abris, planqués ; les canes à peine cachées sur la banquette arrière des voitures, jusqu'à ce seau blanc rempli de crabes en guise d'appâts, mal dissimulés sous la voiture !

Dans le crachin, deux passionnés font la causette avec les gendarmes. Toujours la même incompréhension : "Pourquoi embêter des retraités ?" ; sur fond de "petits secrets" à expliquer pourquoi, ici, le canal est très prisé et réputé pour de jolies pêches. "Ça mord bien plus ici que là où s’est autorisé avec des daurades, très sensibles au sens du courant dans le canal et aux marées", raconte le pêcheur. Une tradition et une passion, on vous dit. Mais une loi désormais... "On doit faire respecter la réglementation, elle est ce qu'elle est, on n'est pas là pour juger, on applique. Ce n'était pas un guet-apens, on y est allé doucement. Deux véhicules de gendarmerie sont passés le long du canal, les pêcheurs ont eu le temps de quitter les lieux. Il faut que la force reste à la loi. On sait que certains vont revenir. On se rencontrera à nouveau un de ses quatre..." Ne dit-on pas que la pêche est une affaire de patience ? Ou pas... 30 minutes chrono après le premier coup de pression, deux autres pêcheurs viennent de se faire prendre sous les fenêtres du San Marco à Jonquières. Un sport local on vous dit !

 

 

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