Kem One: la pollution garde
pour l’heure bien des mystères
Une
semaine après la fuite de chlorure ferrique,
la
nappe, marron de six hectares disparus.
Les
causes et conséquences de l’incident posent questions
RAPPEL DES FAITS
Jeudi dernier, à 1 h 50, une fuite de chlorure
ferrique s’était produite sur un bac de stockage de Kem One, à Lavéra. Ce
produit toxique s’était déversé en mer, au niveau de l’anse d’Auguette.
La baignade avait été interdite temporairement
dans le secteur La mer, devant l’anse d’Auguette, a
retrouvé ses couleurs habituelles. En surface, tout du moins,
c’est le retour du grand bleu. Certes, l’endroit n’a rien d’une
station estivale paradisiaque.
Bordée par une torche qui
crachait hier encore une
flamme généreuse, entourée par les bacs et autres installations industrielles
de la plateforme de Lavéra, la zone a néanmoins retrouvé son aspect quotidien. Plus
de trace, à l’extérieur de la zone industrielle, de cette marée orange et marron
qui affectait les flots, d’Auguette jusqu’à Ponteau, la semaine dernière. À l’intérieur
des installations, on aperçoit encore des restes de cette eau polluée, retenue
par des boudins flottants, formant barrage avant un petit
pont (de bois, oui…) délimitant l’accès à la mer.
Depuis ce déversement accidentel, la semaine
dernière, l’industriel Kem One a fait face à une bordée de critiques. Des élus
locaux, comme le maire Gaby Charroux, ou le député Pierre Dharréville, qui a
interpellé la ministre Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, mardi
lors des questions
au gouvernement (lire par ailleurs). La nouvelle ministre de la
mer, Annick Girardin, s’est-elle aussi fendue d’un tweet rageur, conclu d’un
avertissement,
"nos mers ne sont pas des décharges". Même si la situation, gérée par un déploiement des marins- pompiers et
sapeurs-pompiers, était "maîtrisée" dès vendredi dernier, les conséquences avaient été immédiates, avec
notamment
la fermeture de trois plages environnantes, des Laurons à Bonnieu.
Hier, l’industriel, qui a fait le choix de ne s’expliquer
que par voie de communiqués de presse successifs, a fait le point sur les mesures
engagées depuis une semaine (lire ci-dessous). Mais entre-temps, trois associations
ont annoncé leur volonté de porter plainte; spécialisées dans la
défense de l’environnement, "Robin des bois", "France nature environnement"
et "Sea
Shepherd" veulent porter l’affaire devant les tribunaux. L’affaire
va aussi s’inscrire dans le temps, puisque des analyses au long cours vont être
engagées
pour analyser son impact environnemental. Si Kem One a annoncé
confier "à un tiers" cette procédure, des scientifiques de l’institut
écocitoyen de Fos connaissent bien l’endroit, qui fait partie, au titre de quelques
autres, d’une étude ("Fos Sea") sur les eaux du Golfe de Fos. "On avait plongé dix jours avant à l’anse d’Auguette, témoignait hier Annabelle Austruy, chargée de mission
en écotoxicité . I l n’y avait pas grand-chose, hormis quelques poissons, mais à Ponteau,
zone également impactée, nous avions constaté la présence de moules et d’oursins." Les scientifiques vont désormais s’attacher
à mesurer les effets de ce déversement de chlorure ferrique, produit corrosif
utilisé pour le traitement des eaux usées. Les premières observations sont
attendues dans les prochains jours.
Éric GOUBERT
KEM-ONE
"CHERCHE À COMPRENDRE"
Dans un
nouveau communiqué transmis hier après-midi, l’industriel, qui rappelle avoir
investi 270 millions d’euros depuis 2014 à Lavéra, ne donne pas d’explication
nouvelle sur les causes de cette fuite. "Notre priorité est de comprendre
ce qui a généré le rejet accidentel et de mener les actions nécessaires afin
d’éviter qu’un événement de ce type ne se reproduise, y indiqué Bertrand
Baudet, directeur de l’établissement de Lavéra.
Un
rapport détaillé sur les causes de l’accident sera remis aux autorités sous
quinzaine." Kem One ajoute: "Une enquête étant en cours, l’entreprise
réserve ses réponses aux autorités compétentes".
L’AVERTISSEMENT BARBARA
POMPILI
"L’exploitant devra nettoyer et
compenser"
Après
avoir saisi trois ministres au sujet de cette pollution, le député Pierre
Dharréville a profité de la séance des questions au gouvernement, mardi
après-midi, pour réitérer ses demandes d’explication.
Regrettant
la disparition des CHSCT, comme Gaby Charroux l’avait écrit au lendemain de
l’incident, il a demandé à Barbara Pompili, nouvelle ministre de la transition
écologique, quelles mesures allaient être prises. Dans sa réponse, la ministre
a rappelé les faits, indiquant que le préfet avait pris une série d’arrêtés dès
vendredi pour demander à l’industriel de prendre les mesures nécessaires dès
vendredi.
Sur un
ton ferme, la ministre a assuré que l’exploitant devrait "assurer le
nettoyage des zones concernées et compenser les pertes en termes de
biodiversité".
E.G.
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