jeudi 30 juillet 2020

Kem One: la pollution garde pour l’heure bien des mystères



Kem One: la pollution garde
pour l’heure bien des mystères
Une semaine après la fuite de chlorure ferrique,
la nappe, marron de six hectares disparus.
Les causes et conséquences de l’incident posent questions



RAPPEL DES FAITS
Jeudi dernier, à 1 h 50, une fuite de chlorure ferrique s’était produite sur un bac de stockage de Kem One, à Lavéra. Ce produit toxique s’était déversé en mer, au niveau de l’anse d’Auguette.
La baignade avait été interdite temporairement dans le secteur La mer, devant l’anse d’Auguette, a retrouvé ses couleurs habituelles. En surface, tout du moins, c’est le retour du grand bleu. Certes, l’endroit n’a rien d’une station estivale paradisiaque. Bordée par une torche qui crachait hier encore une
flamme généreuse, entourée par les bacs et autres installations industrielles de la plateforme de Lavéra, la zone a néanmoins retrouvé son aspect quotidien. Plus de trace, à l’extérieur de la zone industrielle, de cette marée orange et marron qui affectait les flots, d’Auguette jusqu’à Ponteau, la semaine dernière. À l’intérieur des installations, on aperçoit encore des restes de cette eau polluée, retenue par des boudins flottants, formant barrage avant un petit
pont (de bois, oui…) délimitant l’accès à la mer.
Depuis ce déversement accidentel, la semaine dernière, l’industriel Kem One a fait face à une bordée de critiques. Des élus locaux, comme le maire Gaby Charroux, ou le député Pierre Dharréville, qui a interpellé la ministre Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, mardi lors des questions
au gouvernement (lire par ailleurs). La nouvelle ministre de la mer, Annick Girardin, s’est-elle aussi fendue d’un tweet rageur, conclu d’un avertissement,
"nos mers ne sont pas des décharges". Même si la situation, gérée par un déploiement des marins- pompiers et sapeurs-pompiers, était "maîtrisée" dès vendredi dernier, les conséquences avaient été immédiates, avec notamment
la fermeture de trois plages environnantes, des Laurons à Bonnieu.
Hier, l’industriel, qui a fait le choix de ne s’expliquer que par voie de communiqués de presse successifs, a fait le point sur les mesures engagées depuis une semaine (lire ci-dessous). Mais entre-temps, trois associations
ont annoncé leur volonté de porter plainte; spécialisées dans la défense de l’environnement, "Robin des bois", "France nature environnement" et "Sea
Shepherd" veulent porter l’affaire devant les tribunaux. L’affaire va aussi s’inscrire dans le temps, puisque des analyses au long cours vont être engagées
pour analyser son impact environnemental. Si Kem One a annoncé confier "à un tiers" cette procédure, des scientifiques de l’institut écocitoyen de Fos connaissent bien l’endroit, qui fait partie, au titre de quelques autres, d’une étude ("Fos Sea") sur les eaux du Golfe de Fos. "On avait plongé dix jours avant à l’anse d’Auguette, témoignait hier Annabelle Austruy, chargée de mission en écotoxicité . I l n’y avait pas grand-chose, hormis quelques poissons, mais à Ponteau, zone également impactée, nous avions constaté la présence de moules et d’oursins." Les scientifiques vont désormais s’attacher à mesurer les effets de ce déversement de chlorure ferrique, produit corrosif utilisé pour le traitement des eaux usées. Les premières observations sont attendues dans les prochains jours.
Éric GOUBERT

KEM-ONE "CHERCHE À COMPRENDRE"
Dans un nouveau communiqué transmis hier après-midi, l’industriel, qui rappelle avoir investi 270 millions d’euros depuis 2014 à Lavéra, ne donne pas d’explication nouvelle sur les causes de cette fuite. "Notre priorité est de comprendre ce qui a généré le rejet accidentel et de mener les actions nécessaires afin d’éviter qu’un événement de ce type ne se reproduise, y indiqué Bertrand Baudet, directeur de l’établissement de Lavéra.
Un rapport détaillé sur les causes de l’accident sera remis aux autorités sous quinzaine." Kem One ajoute: "Une enquête étant en cours, l’entreprise réserve ses réponses aux autorités compétentes".

L’AVERTISSEMENT BARBARA POMPILI
"L’exploitant devra nettoyer et compenser"

Après avoir saisi trois ministres au sujet de cette pollution, le député Pierre Dharréville a profité de la séance des questions au gouvernement, mardi après-midi, pour réitérer ses demandes d’explication.
Regrettant la disparition des CHSCT, comme Gaby Charroux l’avait écrit au lendemain de l’incident, il a demandé à Barbara Pompili, nouvelle ministre de la transition écologique, quelles mesures allaient être prises. Dans sa réponse, la ministre a rappelé les faits, indiquant que le préfet avait pris une série d’arrêtés dès vendredi pour demander à l’industriel de prendre les mesures nécessaires dès vendredi.
Sur un ton ferme, la ministre a assuré que l’exploitant devrait "assurer le nettoyage des zones concernées et compenser les pertes en termes de biodiversité".
E.G.

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Plages des Laurons