vendredi 3 juillet 2020

l’hôpital reste sur ses gardes !

"Le virus fait toujours

aussi peur"

Crainte de nouveaux foyers de contamination,3 cas Covid en pneumologie,

l’hôpital reste sur ses gardes


Barthélémy Mayol, le directeur de l'hôpital de Martigues, fait le ...

Le ton est posé, calme, comme toujours avec Barthélémy Mayol. Mais le directeur de l’hôpital de Martigues est plus que jamais sur ses gardes. Si la tempête de l’épidémie est passée, la page du Covid est tout sauf tournée pour les soignants, avec trois patients en pneumologie et des cas suspects Covid aux urgences çà et là.

Après le dépistage de trois cas positifs en mairie de Martigues la semaine dernière (La Provence du 25&26 juin), c’est autant de piqûres de rappel qui prouvent que le territoire reste sur la corde raide.

Le DG implore "la prudence", en lançant un rappel pour le respect des gestes barrières et le recours aux masques dans la promiscuité. "Ce que l’on craint, c’est d’avoir des foyers de contamination", ne cache pas le directeur, au nom d’un hôpital toujours mobilisé. "C’est tout sauf fini, dit-il. Avec un virus qui circule toujours". Et des défis à relever encore pour "retrouver des créneaux de consultations raisonnables" et affronter une saison d’automne incertaine…

Entretien.

Pour faire face au coronavirus, l’hôpital de Martigues a dû arrêter la prise en charge de certains services. Le CHM a-t-il repris un rythme normal?

Depuis la fin du confinement, on a repris progressivement toutes nos activités. Que ce soit l’hospitalisation, les consultations ou les activités de bloc opératoire…

Le fonctionnement est redevenu à la normale à ce niveau, sauf que nous maintenons toujours le système de

douane, un filtrage pour que les gens puissent rentrer à l’hôpital avec un masque, que ce soit dans les services des urgences

ou de l’hôpital en général.

On avisera la semaine prochaine, avec la levée de l’état d’urgence, si on maintient ce dispositif ou pas. Les visites sont ouvertes depuis une quinzaine mais on maintient une limitation d’entrée à l’ Ehpad du Vallon, la prunelle de nos yeux avec des personnes fragiles, jusqu’au 6 juillet.

On a toujours une unité d’hospitalisation disponible pour l’accueil de patients Covid.

Cela signifie-t-il que c’est tout sauf fini ?

La question du cluster, ces foyers de contamination, est ce qui nous préoccupe le plus aujourd’hui. On a eu des foyers en pays d’Arles (157 cas avérés, parmi des travailleurs agricoles testés positifs à Noves e t à Maillane, Ndlr), des foyers émergents qui imposent une vigilance absolue. D’où notre unité disponible au cas où on serait confronté à un cluster.

Avez-vous de nouveaux cas hospitalisés à Martigues ?

On a toujours des patients hospitalisés, trois cas en pneumologie et toujours des cas suspects aux urgences. Il faut continuer à être attentif à cette situation. Le virus est toujours là, partout sur notre territoire.

Martigues a eu une alerte avec 3 cas Covid en mairie justement… 3 chez vous, ce sont autant de piqûres de rappel ?

Pour le coup, en mairie, c’est bien un virus "autochtone" si on peut dire. Ce ne sont pas des gens qui sont allés loin ou qui l’ont ramené. C’est l’exemple qui rappelle que le virus est toujours présent à Martigues. Il faut continuer à faire les gestes barrières, se laver les mains, porter le masque et faire attention.

Ça peut arriver partout, nous avons des origines géographiques de patients très diverses. Je me répète, le virus est

toujours là.

Y a-t-il toujours une crainte de la seconde vague?

Pas pour la période estivale. Ce que l’on craint, nous, c’est un cluster, un foyer de contamination. On craint d’avoir beaucoup de patients positifs sur un lieu de rassemblement, parce qu’ils auraient été dans des conditions de proximité particulière.

S’il doit y avoir une deuxième vague, on le saura plutôt à l’automne.

Vous ne l’écartez donc pas ?

À l’automne, on sait qu’il y aura la grippe. Avec des symptômes similaires, il faudra démêler le vrai du faux et prendre en charge les cas Covid.

On s’y prépare Notre combat, et notre travail, c’est d’avoir des tests suffisants et d’augmenter nos capacités de dépistage, pour trancher rapidement si c’est la grippe ou Covid. On a fait 800 tests PCR depuis le week-end de

Pâques au laboratoire de l’hôpital, après avoir externalisé dans des labos privés ou à l’IHU.

Pouvez-vous dresser un bilan de la crise ?

Le diagnostic reste toujours très compliqué à faire, même avec les tests, on n’a pas toujours la certitude d’avoir affaire à un patient Covid. On a accueilli environ 140 patients qui ont exigé une hospitalisation depuis le début la crise. Plus d’une quarantaine de séjours de réanimation, une quinzaine en soins intensifs de cardiologie et on déplore 23 décès.

 

 

aujourd’hui, est-ce qu’on l’appréhende mieux?

On sait l’appréhender mais ce virus fait toujours aussi peur. On

sait mieux le traiter, on sait mieux le diagnostiquer qu’il y a trois mois, on le connaît mieux.

On connaît ses effets secondaires, même s’il y a beaucoup

à dire sur ce sujet, mais ce virus, il fait toujours aussi peur (Il insiste), avec des gens qui sont inquiets. Paradoxalement, on ressent un certain relâchement. Après le confinement, l’envie de vivre normalement est plus

forte, mais il faut mettre des barrières. Le cluster de la mairie doit nous inciter à la prudence.

Est-ce qu’il y a encore de la crainte chez certains patients de revenir en consultation ?

On les a retrouvés. Maintenant, c’est plus compliqué de leur donner des rendez-vous dans

des délais raisonnables. On a des services hospitaliers en difficulté. Certains patients, sur des

maladies chroniques, ont attendu trop longtemps.

Zone de Texte: "Il faudra beaucoup
de temps pour revenir
à la normale".
La deuxième vague, c’est ça. Comme en psychiatrie, avec une crise douloureuse psychologiquement, des pertes d’emploi… qui créent un afflux de consultation. Ça nous préoccupe. Il faudra du temps pour revenir à la normale.

 

 

Avez-vous déjà estimé le coût de cette crise pour l’hôpital?

On commence à faire les comptes, on a surtout géré la crise. Les premières estimations relèvent un investissement d’environ 500 000 dans l’achat d’équipements et de matériels.

On va faire remonter d’ici cet été ces comptes auprès de l’ARS et du Ministère pour pouvoir être remboursé de ces dépenses- là, comme des heures supplémentaires. On a payé la prime Covid pour le personnel hospitalier (1 500 ), l’État nous a versé 70% pour l’heure. Les pouvoirs publics ont maintenu les dotations. Pour le reste, tout a été mis entre parenthèses, le Covid nous a arrêtés dans notre développement brutalement. Il faut reprendre nos fonctionnements, se préparer à une autre situation éventuelle de crise, prendre en charge les patients que l’on n’a pu gérer avant. On reste mobilisé.

Les soignants, "ces héros" ont-ils commencé à souffler un peu?

Le personnel ne s’est pas réellement reposé encore. Il faut évacuer le stress et la pression, la fatigue, l’été ne sera pas de trop pour des congés, que les soignants évacuent. Ça ne passera pas vite… Tout en ayant à l’esprit que l’on n’a pas tourné la page.

Pascal STELLA

 


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