mercredi 22 avril 2020



"On est prêt à passer
à l’acte pour le dépistage"

Au-delà de la consultation au centre Covid de Martigues,

le Dr Gérard Eddi veut lancer l’autre lutte


Le Docteur Gérard Eddi, coordinateur de l’unité Covid-19 au gymnase Pagnol,

rappelle "rester sur nos gardes maximales".


Il est né comme un poste avancé dans la guerre sanitaire. Le centre de consultation Covid-19 de Martigues, situé au gymnase Marcel Pagnol, à un jet de pierre de l’hôpital, a ouvert ses portes le 31 mars.
Trois semaines vitales, un renfort stratégique pour "soulager" le CHM, avec l’aide la commune et géré par la médecine de ville, jusqu’à une réorganisation depuis lundi. Des consultations ouvertes toujours 7 jours sur 7 mais à un rythme moins soutenu, de 14 à 18 heures désormais, sur fond d’une certaine "accalmie" dans la tragédie. Mais n’allez surtout pas croire que c’est la fin dans la lutte contre un virus qui va continuer à circuler. Point d’étape avec le Docteur Gérard Eddi, médecin généraliste et président de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Pays de Martigues sur un centre qui veut prendre sa part dans le dépistage massif, l’autre clé de voûte de la lutte…



"On n’a pas tout saisi encore de la manière dont fonctionne ce virus. Il est déconcertant pour la pensée rationnelle ". 

Le centre Covid de Martigues qui réduit la voilure en termes d’amplitude horaire, comme à Istres, est-ce une bataille
gagnée dans la guerre, en tout cas une accalmie dans la lutte contre le Covid-19 ?
On avait construit le centre Covid comme une digue sur la vague épidémique. Au regard de ce que l’on a vu sur le Grand Est et l’Ile de France, on s’attendait à subir cette vague.
A cette heure, on y a échappé même si la prudence est de mise car on n’a pas tout saisi encore de la manière dont fonctionne ce virus. Ce virus est assez déconcertant pour la pensée rationnelle, entre des territoires qui ont subi des assauts assez violents et d’autres, comme nous, qui avons été relativement épargnés. On a l’impression que l’on a passé un pic mais la situation reste tendue. On compte quand même les morts.
Quelle a été l’activité sur le centre Pagnol depuis son lancement ?
Sur les trois semaines, c’est un peu moins de 200 patients. C’est une belle démonstration de l’implication des professionnels de ville. On a joué un rôle de suivi. On s’est en quelque sorte interposé entre la ville et l’hôpital pour permettre une certaine sanctuarisation du service des urgences, dont le rôle est de s’occuper des cas graves, tout en permettant aux médecins de ville de travailler de manière sereine. C’est une contribution plutôt utile et efficace des professionnels de ville dans la lutte contre la pandémie.
Ce centre s’est peut-être avéré comme un maillon essentiel pour réguler le chaos…
On a ordonné l’accès aux soins. C’est peut-être une expérience pour l’avenir. La preuve d’une cohérence entre un système de ville et un monde hospitalier avec des trajectoires et des mises sur des rails spécifiques selon les cas. On a ainsi une ordonnance des moyens et de l’action.
Chacun a son rôle et sa place avec une cohérence et une efficacité. C’est du gagnant-gagnant pour tous les acteurs.
L’accès aux masques a été un combat. La médecine de ville a t-elle désormais les
la volonté et de l’implication des professionnels de ville. On a joué un rôle de suivi. On s’est en quelque sorte interposé entre la ville et l’hôpital pour permettre une certaine sanctuarisation du service des urgences, dont le rôle est de s’occuper des cas graves, tout en permettant aux médecins de ville de travailler de manière sereine. C’est une contribution plutôt utile et efficace des professionnels de ville dans la lutte contre la pandémie.
Ce centre s’est peut-être avéré comme un maillon essentiel pour réguler le chaos…
On a ordonné l’accès aux soins. C’est peut-être une expérience pour l’avenir. La preuve d’une cohérence entre un système de ville et un monde hospitalier avec des trajectoires et des mises sur des
rails spécifiques selon les cas.
On a ainsi une ordonnance des moyens et de l’action. Chacun a son rôle et sa place avec une cohérence et une efficacité. C’est du gagnant-gagnant pour tous les acteurs.
L’accès aux masques a été un combat. La médecine de ville a t-elle désormais les masques en nombre suffisant ?
Ça été très compliqué au départ, très tendu. Si j’ose la métaphore, on était un peu dans un camp de naturiste, à poil !
Les masques sont arrivés. Ce n’est pas encore la panacée, mais c’est mieux qu’avant. Il y a eu un rattrapage. Maintenant, je rappelle que les centres Covid sont nés de l’initiative des libéraux, c’est venu de la base et nos tutelles ont été au départ dépassé.
 "Les laboratoires de ville

risquent de prendre la vague à leur tour".


Le nouveau défi est de réussir le déconfinement.
Quel regard avez-vous sur le cap fatidique du 11 mai et des annonces de l’exécutif ?
Pour le moment, on ne sait pas grand-chose. Il y a des points qui méritent d’être précisés. On a entendu la date du 11 mai, du déconfinement progressif, région par région, du relais des collectivités. Pour le moment, très sagement, on attend. On n’est pas en train d’enfiler les pantoufles pour rentrer à la maison. On continue le combat.
Une des clés de ce déconfinement est le dépistage massif pour repérer et isoler les nouveaux cas. Est-ce qu’un centre comme celui de Pagnol n’a justement pas un rôle à jouer ?
On milite pour ça. Les laboratoires de ville risquent de prendre la vague à leur tour. Dans leur configuration de leurs locaux, c’est juste impossible. On attend les ordres des préfets de santé. Il y a des choses à ordonner. On est dans l’attente. On a une place adaptée. Dans un gymnase, on peut organiser cinq ou six files en peu de temps. On peut procéder à une centaine de tests par jour sans problème. N’avons-nous pas les missions de prévention et de dépistages à la base ?
On est prêt à passer à l’acte, on est capable de le faire".
C’est un appel du pied à l’ARS, notamment, pour un agrément pour le dépistage?
On attend les ordres mais, dès aujourd’hui, on attaque les formations des infirmières pour qu’elles puissent pratiquer les prélèvements. 80 personnes vont être formées.
On va devoir vivre avec le virus, a déclaré le Premier ministre dimanche… Est-ce que l’on peut craindre une deuxième vague post-confinement ?
On apprend de cette pandémie chaque jour. Il faut avoir beaucoup d’humilité.
Ce virus nous rappelle à l’ordre, avec des schémas et un comportement viral différents selon les pays. La clé est de verrouiller
l’immunité collective. En attendant un vaccin, il y a beaucoup d’inconnues.
La crainte est bien là. Il faut observer ce déconfinement avec attention. Ce virus est violent, on va rester sur nos gardes maximales. On est content que moins de gens rentrent en réanimation.
Jusqu’au 11 mai, on aura de nouveaux éléments pour nous orienter mais la position est la prudence. Il y a une montagne à soulever pour régler l’histoire du déconfinement. On n’est, selon moi, pas sorti
de cette situation avant novembre. Il faut être extrêmement prudent.
Pascal STELLA
pstella@laprovence.com

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