jeudi 29 août 2024

faute de pouvoir les réguler !!!

 

Commercialiser les crabes bleus

faute de pouvoir les réguler

Exposé sur le marché aux poissons du Vieux-Port vendredi dernier, le crabe bleu a colonisé l’étang cet été. À Berre, un vent de panique semble avoir balayé la profession. À quand sa commercialisation ?


Ce crabe bleu est arrivé sur le marché du Vieux-Port, en démonstration. À quand sa commercialisation ? PHOTO C.Q.

Entre avril et juin, j’avais pêché deux crabes bleus dans l’étang. À la demande du Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre (Gipreb) de Berre, nous avons lancé les filets pour une campagne de prévention et constaté il y a 48h, une véritable catastrophe écologique. Jusqu’à 40 kg dans un filet ! », s’exclame Franck Roman, pêcheur professionnel d’anguilles sur l’étang de Berre. « C’est préhistorique, ils ont des pinces à vous couper un doigt avec une carapace très dure, des pics de partout, une véritable arme de guerre. Ils découpent les poissons, les filets... rien ne leur résiste », poursuit-il encore incrédule. Le pêcheur espère que la vitesse supérieure va vite être enclenchée : « C’est tout un écosystème qui est en jeu. »

        Christian Qui est un chef cuisinier marseillais engagé dans le domaine de la cuisine marine durable. Le crabe bleu, il l’a rencontré il y a quelques années en Tunisie déjà bien installé sur les îles Kerkennah : « Là-bas, ils les appellent Daesh car ils détruisent tous les fonds marins. Ils se reproduisent très vite et dévorent tout ce qui passe. On ne lui connaît pas de prédateurs à part l’homme et le poulpe. » Son nom latin est Callinectes sapidus (étymologiquement « bon nageur savoureux »). Bonne nouvelle, il est comestible. Sa prolifération quant à elle, semble inéluctable. « Je les ai observés sous l’eau en Tunisie, ils ont des ailettes sur les pattes qui leur permettent de se déplacer très vite, de faire de grands bonds », confirme Christian Qui.

Créer une nouvelle filière

     Le Gipreb connaît bien le fléau qu’est cette espèce. Son directeur, Raphaël Grisel, témoigne : « Nous bénéficions de l’expérience des autres lagunes méditerranéennes comme Thau en Occitanie, en Corse ou en Tunisie. En octobre, lors des premières prises dans les filets, nous avons pu mettre en place une démarche de régulation scientifique grâce à l’obtention d’un fonds vert (fonds européen) spécialisé dans la protection de la biodiversité. Nous avons pu financer les pêcheurs pour faire une étude afin d’en savoir un peu plus sur cette espèce invasive. Soit localiser ce crabe et connaître les techniques de pêches les plus efficaces. On parle de pêche expérimentale. » Les crabes sont ensuite récupérés, mesurés, identifiés (mâles ou femelles.) Certains d’entre eux seront ensuite marqués par des balises acoustiques comme pour les poissons « pour voir s’il a des échanges avec la Méditerranée et les autres lagunes ». La chaleur de l’eau cet été a fait bondir le nombre de crabes. Si la pêche semble le meilleur moyen de le réguler, il reste à pouvoir le commercialiser. Rajoutant : « La filière n’existe pas. C’est le travail qui nous attend, il faut mettre en place les choses pour pouvoir le consommer et exploiter sa chair qui est savoureuse. »

 


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