Mais d’où viennent ces balises
sur les nageoires
des poissons ?
Par Rémi Liogier
Publié le 25/08/24 à 18:11
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Le Gipreb "se réapproprie à l’échelle locale" une
méthode déjà expérimentée par Ifremer, partenaire mentor de l’étude
"Cabecou". L’institut a utilisé ce type de marquage pour étudier des
migrations aquatiques dans le Golfe du Lion.
Berre-l'Étang
En juillet dernier, a été
lancée l’étude "Cabecou". Un programme scientifique, porté notamment
par le Gipreb, qui vise à observer la migration des loups et des daurades entre
la lagune de Berre et la mer Méditerranée. On vous dit tout.
Vous en avez peut-être, tout
récemment, sorti un de l’eau. Plusieurs poissons ont été marqués, à la
mi-juillet, par les équipes du Gipreb, du Parc marin de la Côte bleue et du
Parc national des calanques, dans le cadre d’une étude scientifique commune baptisée
"Cabecou". Rien à voir avec le fromage, cette opération,
financée par le fonds européen Galica, consiste à baliser par dizaines des
loups et des daurades - deux espèces particulièrement ciblées par la pêche
professionnelle - de manière à observer leur connectivité. C’est-à-dire la
manière dont ils migrent entre différentes zones cibles ; en l’occurrence l’étang de Berre, la Côte bleue et les calanques.
"On va faire de la chirurgie"
"L’enjeu de cette étude,
précise Nicolas Mayot, docteur en biologie marine, par ailleurs chargé
de mission au Gipreb, c’est de comprendre la migration des poissons,
d’identifier les couloirs, les périodes de mouvement, les facteurs, mais aussi
les principales zones de reproduction, ou de nourrissage, qui sont encore assez
peu connus (…) Ce travail nous permettra ensuite de mettre en
place des mesures de gestion, c’est-à-dire d’appliquer des protections
spécifiques, ou même de favoriser les échanges si cela est nécessaire."
Justement, le loup et la
daurade ont comme particularité d’être des espèces nomades - une
caractéristique qui intrigue les chercheurs. Autrement dit, ces poissons
alternent toute l’année entre le milieu lagunaire, notamment pour se protéger
des prédateurs ou se nourrir, et la pleine mer, pour s’y reproduire ou passer
l’hiver. Mais alors, comment procède-t-on pour marquer un poisson ? D’abord, il
faut le prélever de son milieu naturel… tout en le maintenant en vie !
Le Gipreb "se réapproprie
à l’échelle locale" une méthode déjà expérimentée par Ifremer, partenaire
mentor de l’étude "Cabecou". L’institut a utilisé ce type de marquage
pour étudier des migrations aquatiques dans le Golfe du Lion. PHOTO DR
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l'assiette marseillaise
Un défi de taille. "On
travaille pour cela en partenariat avec des pêcheurs professionnels", rassure Nicolas
Mayot. Ceux-ci utilisent des filets ou des palangres. Et ce, le plus
délicatement possible pour ne pas blesser les spécimens en les sortant de
l’eau. Ensuite, "on va faire de la chirurgie", explique le
docteur en biologie marine.
Une balise acoustique est alors
"insérée" à l’intérieur du poisson, dans son ventre - notez
que des effectifs ont été formés à cet effet. Une petite languette de quelques
centimètres, en forme de spaghetti, est aussi accrochée sur le dos ou sur le
flanc, en guise de marqueur externe. Elle se situe le plus souvent au niveau de
l’aileron, ou d’une nageoire.
Pour être efficace, ce
dispositif ne doit, bien entendu, pas perturber l’animal. En parallèle, près de
50 "hydrophones", sorte de petits micros sous-marins capables
d’enregistrer le passage des poissons à proximité, seront installés et
éparpillés dans les trois zones clés. Les signaux captés seront ensuite
interprétés par des chercheurs.
De manière générale,
l’opération "Cabecou" doit permettre aux scientifiques de
récolter un maximum de données, qui seront in fine analysées à froid par les
chercheurs. L’enquête va durer trois ans, mais des résultats préliminaires
pourraient être dévoilés en 2025.
Pêcheurs, à vous de jouer !
Cet été, une quarantaine de
poissons vont être marqués ; quelques-uns le sont depuis février dans les
calanques, et une campagne complémentaire aura lieu "à l’automne".
Au total, 100 spécimens seront balisés, avec une répartition équitable entre
loups et daurades. Si vous prélevez un poisson marqué, libre à
vous de le garder.
En revanche, le Gipreb vous
demande de récupérer à la fois la balise électronique et le marqueur extérieur,
puis de rendre le matériel au syndicat mixte. Pour cause, celui-ci peut tout à
fait être réutilisé ! De plus, les pêcheurs sont invités à noter, dans la
mesure du possible, la date, l’heure, le lieu de pêche, la taille et le poids
du spécimen prélevé.
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