mardi 27 août 2024

 


Mais d’où viennent ces balises 

sur les nageoires des poissons ?

Par Rémi Liogier

Publié le 25/08/24 à 18:11


PHOTO DR

Le Gipreb "se réapproprie à l’échelle locale" une méthode déjà expérimentée par Ifremer, partenaire mentor de l’étude "Cabecou". L’institut a utilisé ce type de marquage pour étudier des migrations aquatiques dans le Golfe du Lion.

Berre-l'Étang

En juillet dernier, a été lancée l’étude "Cabecou". Un programme scientifique, porté notamment par le Gipreb, qui vise à observer la migration des loups et des daurades entre la lagune de Berre et la mer Méditerranée. On vous dit tout.

Vous en avez peut-être, tout récemment, sorti un de l’eau. Plusieurs poissons ont été marqués, à la mi-juillet, par les équipes du Gipreb, du Parc marin de la Côte bleue et du Parc national des calanques, dans le cadre d’une étude scientifique commune baptisée "Cabecou". Rien à voir avec le fromage, cette opération, financée par le fonds européen Galica, consiste à baliser par dizaines des loups et des daurades - deux espèces particulièrement ciblées par la pêche professionnelle - de manière à observer leur connectivité. C’est-à-dire la manière dont ils migrent entre différentes zones cibles ; en l’occurrence l’étang de Berrela Côte bleue et les calanques.

"On va faire de la chirurgie"

"L’enjeu de cette étude, précise Nicolas Mayot, docteur en biologie marine, par ailleurs chargé de mission au Gipreb, c’est de comprendre la migration des poissons, d’identifier les couloirs, les périodes de mouvement, les facteurs, mais aussi les principales zones de reproduction, ou de nourrissage, qui sont encore assez peu connus (…) Ce travail nous permettra ensuite de mettre en place des mesures de gestion, c’est-à-dire d’appliquer des protections spécifiques, ou même de favoriser les échanges si cela est nécessaire."

Justement, le loup et la daurade ont comme particularité d’être des espèces nomades - une caractéristique qui intrigue les chercheurs. Autrement dit, ces poissons alternent toute l’année entre le milieu lagunaire, notamment pour se protéger des prédateurs ou se nourrir, et la pleine mer, pour s’y reproduire ou passer l’hiver. Mais alors, comment procède-t-on pour marquer un poisson ? D’abord, il faut le prélever de son milieu naturel… tout en le maintenant en vie !


Le Gipreb "se réapproprie à l’échelle locale" une méthode déjà expérimentée par Ifremer, partenaire mentor de l’étude "Cabecou". L’institut a utilisé ce type de marquage pour étudier des migrations aquatiques dans le Golfe du Lion. PHOTO DR

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Un défi de taille. "On travaille pour cela en partenariat avec des pêcheurs professionnels", rassure Nicolas Mayot. Ceux-ci utilisent des filets ou des palangres. Et ce, le plus délicatement possible pour ne pas blesser les spécimens en les sortant de l’eau. Ensuite, "on va faire de la chirurgie", explique le docteur en biologie marine.

Une balise acoustique est alors "insérée" à l’intérieur du poisson, dans son ventre - notez que des effectifs ont été formés à cet effet. Une petite languette de quelques centimètres, en forme de spaghetti, est aussi accrochée sur le dos ou sur le flanc, en guise de marqueur externe. Elle se situe le plus souvent au niveau de l’aileron, ou d’une nageoire. 

Pour être efficace, ce dispositif ne doit, bien entendu, pas perturber l’animal. En parallèle, près de 50 "hydrophones", sorte de petits micros sous-marins capables d’enregistrer le passage des poissons à proximité, seront installés et éparpillés dans les trois zones clés. Les signaux captés seront ensuite interprétés par des chercheurs.

De manière générale, l’opération "Cabecou" doit permettre aux scientifiques de récolter un maximum de données, qui seront in fine analysées à froid par les chercheurs. L’enquête va durer trois ans, mais des résultats préliminaires pourraient être dévoilés en 2025.

Pêcheurs, à vous de jouer !

Cet été, une quarantaine de poissons vont être marqués ; quelques-uns le sont depuis février dans les calanques, et une campagne complémentaire aura lieu "à l’automne". Au total, 100 spécimens seront balisés, avec une répartition équitable entre loups et daurades. Si vous prélevez un poisson marqué, libre à vous de le garder.

En revanche, le Gipreb vous demande de récupérer à la fois la balise électronique et le marqueur extérieur, puis de rendre le matériel au syndicat mixte. Pour cause, celui-ci peut tout à fait être réutilisé ! De plus, les pêcheurs sont invités à noter, dans la mesure du possible, la date, l’heure, le lieu de pêche, la taille et le poids du spécimen prélevé.


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