· 28/08/2020 À 08H00
Pollution de Kem One Lavéra.
L'impact sur le milieu marin se précise
juillet dernier, une fuite était détectée au niveau d'un bac de stockage de chlorure ferrique appartenant à la société Kem One, une usine chimique située sur la plateforme de Lavéra. Ce produit fini, utilisé en particulier pour le traitement des eaux usées, s'est rapidement retrouvé dans l'anse d'Auguette. Malgré les moyens de pompage mis en œuvre notamment par les marins-pompiers, une nappe toxique de 6 hectares s'est répandue dans la mer. La baignade, les activités nautiques et de plaisance ont été interdites pendant plusieurs jours.
Aujourd'hui, près d'un mois après, l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions a livré les premiers résultats de ses observations et analyses du milieu. Il a constaté, dès les premiers prélèvements, un taux d'acidité important dans l'eau et moins de poissons que d'ordinaire. "On avait fait des observations deux jours avant l'accident, donc ça nous donne un point de comparaison, précise Philippe Chamaret, le directeur de l'Institut Écocitoyen. On n'a pas constaté de mortalité de poissons, donc on suppose que le chlorure ferrique a dû précipiter leur nourriture en suspension au fond, ils sont partis pour trouver de quoi s'alimenter ailleurs. On a remarqué aussi des colorations inhabituelles sur certains crabes et une mortalité inhabituelle d'algues sur le rivage. Tout ça veut dire qu'il y a eu un impact de cette pollution, qui a été maximisé par des conditions météorologiques défavorables avec des températures très élevées."
Une pollution rarissime
L'institut Écocitoyen va continuer à suivre l'évolution de l'impact de cette pollution à plus long terme pour tenter de comprendre ce qu'est devenu ce chlorure ferrique. Des oursins et des sédiments ont été prélevés et doivent être analysés. Ce travail est d'autant plus important qu'il pourra faire évoluer la connaissance scientifique sur ce type de pollution au chlorure ferrique.
Un accident rarissime pour lequel Kem One n'avance toujours pas de causes. "Nous avons rendu un rapport intermédiaire sur l'origine de ce rejet accidentel aux autorités administratives, explique Bertrand Baudet, le directeur de Kem One Lavéra. Nous sommes en train de nettoyer la zone et le bac pour en savoir plus." De leur côté les syndicats ont eux aussi lancé une enquête. La CGT, qui s'étonne que ce bac n'ait pas encore été visité, confie : "Du point de vue réglementaire, tout était ok sur ce bac. Il faut qu'on arrive à comprendre comment il a pu fuir quand même et aussi pourquoi la cuvette de rétention sur lequel il est posé n'a pas rempli son rôle. Peut-être qu'il faudrait aller encore plus loin dans la réglementation."
Kem One a néanmoins avancé sur l'étude de l'impact environnemental de cette pollution qu'il s'est engagé à suivre. Des plongées sont régulièrement organisées par des experts pour constater les dégâts sur le milieu marin. "On observe qu'à certains endroits il y a un dépôt qui s'est formé sur le fond, poursuit le directeur de l'usine. Ce qui est logique puisque le chlorure ferrique est un floculant qui, au contact avec les matières organiques présentes dans l'eau, a créé des flocs qui se sont déposés. Ils ont été prélevés et des analyses sont en cours pour savoir si nous devons intervenir ou pas, s'il est bénéfique ou pas de retirer ces produits, au risque de faire plus de mal que de bien aux fonds marins." On devrait en savoir plus dans le courant du mois de septembre.
Écoutez l'intégralité des interviews du directeur de l'Institut écocitoyen et du directeur de Kem One Lavéra. (Vidéo)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire